Environnement : Bel-Ombre, du sucre au tourisme

  • Quatre hôtels s’engagent dans un projet conjoint de conservation du lagon et de lutte contre l’érosion

Les hôtels d’Heritage Resorts, du groupe Rogers, et leurs voisins d’Outrigger Resorts et Tamassa Resorts se sont embarqués dans un projet conjoint de conservation du lagon depuis peu. Si le Lagoon Management Plan a été élaboré depuis 2013, cela a pris un peu de temps pour amener tout le monde derrière ce projet, qui a nécessité un investissement de Rs 50 M. On peut aujourd’hui admirer des coraux en pleine régénération ainsi que des tortues de mer, qui viennent jusque sur la plage. Tout un travail de sensibilisation et d’intégration des habitants se fait en parallèle, en lien avec les objectifs du développement durable.

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Le premier hôtel à Bel-Ombre, Heritage Awali, a ouvert ses portes en 2004. Quatorze ans après, le village sucrier continue sa transition vers un village touristique. Si une partie des habitants a pu être intégrée au développement, l’accompagnement et la sensibilisation, à la fois dans le domaine de l’éducation et de la formation, se poursuivent afin d’intéresser plus de personnes.
Le groupe Rogers, à travers sa fondation, a également décidé de placer la préservation de l’environnement au centre de ses activités, en lien avec les objectifs du développement durable. Le groupe s’est engagé dans l’économie circulaire, partant de la gestion responsable de l’entreprise à la gestion des déchets en passant par la protection de l’environnement, la croissance inclusive et l’optimisation des ressources.

Ce concept inclut l’accompagnement social des habitants de Bel-Ombre à travers l’éducation et la formation. Un forum des métiers portant sur les perspectives d’emploi et l’entreprenariat sera organisé bientôt. Des cours en « villas attendants » ont aussi été organisés. D’autre part, l’unité de recyclage de verre Plankton, lancée par la Bel Ombre Foundation en 2011 et devenue aujourd’hui une coopérative, permet à un petit groupe d’habitants du village de se lancer dans l’entreprenariat.

Bel-Ombre est aussi connue pour sa vaste étendue de verdure abritant une faune et une flore très riches. La région abrite la mangrove de Saint-Martin avec, vivant autour de ses racines, différentes variétés de crabes. La région comprend également des marécages, essentiels au maintien de l’écosystème et qui protègent en même temps le lagon en retenant les sédiments et les pesticides. « Nous avons aussi la chance de voir les tortues quasiment tous les jours sur les herbiers. D’où la nécessité pour nous d’avoir un développement touristique durable et des pratiques respectueuses de la nature. La région est également prise en charge dans un développement inclusif. Le touriste qui vient ici comprend la manière de vivre mauricienne », dit Philippe Espitalier-Noël, CEO de Rogers.

La sensibilisation à la protection de l’environnement est l’un des axes importants de la politique de la Corporate Social and Environmental Responsibility (CSER). Dans ce contexte, le “Bis Lamer”, en partenariat avec la Reef Conservation, sillonne différentes régions de l’île. À ce jour, le projet a touché 32 081 personnes. Pour les usagers de la mer, en particulier les pêcheurs et les plaisanciers, 3 000 pochettes étanches, avec les « do’s and don’ts » environnementaux imprimés dessus, ont été distribuées. « Chaque action est liée à un Objectif du développement durable », précise Audrey d’Hotman de Villiers, CSR Manager de Rogers. De par son action, Rogers Co Ltd a été citée dans l’UN – Global Goals Yearbook 2017 et 2018. Le magazine a été imprimé à 10 000 copies, téléchargé 40 000 fois et distribué dans 61 pays.

La fondation s’est également engagée dans le réseau national de protection des tortues de mer avec les autorités, des Ong et d’autres fondations. Par ailleurs, pour mieux sensibiliser les jeunes à la découverte de la région et de ses richesses, la dernière aventure de Tikoulou se passe dans le village de Bel-Ombre.

Au niveau de la faune et de la flore, une étude a été menée conjointement par la Reef Conservation, la firme Diospyros et la Mauritian Wildlife Foundation sur les écosystèmes et les cours d’eau de Bel-Ombre. Dans ce sillage, il y a eu une reforestation de la réserve Federica et de la forêt endémique de Chamarel, avec 2 500 plantes endémiques sur une superficie de 100 arpents. Ces forêts abritent des zones de conservation de pigeons des mares, de cateaux verts et de crécerelles. Le groupe s’est également lancé dans la « seabird translocation ». Une première mondiale selon Jaga Chellapen, Chief Project and Development Officer.

En 2013, le groupe a également élaboré un Lagoon Management Plan, qui comprend une étude scientifique du lagon et la mise en place d’un programme de conservation, menée par l’Ong Reef Conservation. Quatre types différents d’habitats de coraux, sur une étendue de 55 hectares, ainsi que 20 hectares de quatre variétés différentes ont été répertoriés. Soixante-dix espèces de poissons ont aussi été observées. Mais la plus grande menace de tout cela, c’est l’activité humaine, notamment avec les activités nautiques sur place.

Pour faire face à cela, les quatre hôtels de la région – à savoir l’Heritage Le Telfair, l’Heritage Awali, Outrigger Resorts et Tamassa Resorts – ont été appelés à travailler en partenariat. Dans le concret, cela se traduit par une charte de bonne conduite, une réduction de la vitesse dans le lagon à cinq nœuds, un parcours pour la plongée de même que la restriction des activités motorisées à marée haute uniquement. L’abolition des activités de ski, voire leur transfert dans une autre zone, est aussi à l’étude. La sensibilisation des autres usagers de la mer est également comprise. Par ailleurs, des brise-lames ont été installés afin de réduire l’érosion.

Ce travail de conservation a permis la régénération du lagon dans cette partie de l’île. On peut ainsi admirer, en plongée ou dans un bateau à fond de verre, différents types de coraux, notamment des coraux branchus, massifs, cerveaux, de même que des coraux mous. Le Jardin de corail abrite également des étoiles de mer dites « couronne d’épines », comptant parmi les plus grandes au monde, ainsi que des clams et plus de 70 variétés de poissons. Une sortie dans le lagon permet également d’admirer des tortues de mer nichées dans le sable. Des batatrans et des veloutiers, prisés des tortues de mer, ont ainsi été plantés sur la plage.

La Reef Conservation fait un suivi trimestriel de l’état du lagon sur une base trimestrielle. « Nous plongeons pour faire un constat de l’écosystème. Par la suite, il y a un “monitoring report” qui est envoyé à l’Environnement », dit François Rogers, président de la Reef Conservation. Quant aux clients des hôtels du groupe dans la région, à savoir Heritage Awali et Heritage Le Telfair, ils reçoivent dans leurs chambres, une copie du « Lagoon Directory ». Les différentes espèces marines présentes dans la région y sont répertoriées, tout comme l’écosystème et les bonnes pratiques environnementales. Ces deux hôtels ont d’ailleurs le label “Green Key”.

À un autre niveau, la production de légumes bio à l’Heritage Le Château permet de fournir à la fois le restaurant et les hôtels en légumes bio. Il est prévu d’étendre la culture sur 12 hectares et de créer une zone d’élevage près des montagnes. « Nous voulons promouvoir le concept de la ferme à la table. » Les déchets verts des hôtels sont également récupérés pour la production de compost.


Un cachet historique peu connu

Philippe Espitalier-Noël, CEO du groupe Rogers, rappelle que la sucrerie de Bel-Ombre existe depuis 1765. Ce n’est qu’à partir de 1971 toutefois que le groupe Rogers en est devenu l’actionnaire majoritaire. Le visage économique de la région allait toutefois changer en 1999 avec la fermeture de l’usine pour laisser la place au développement touristique. « À l’époque, il y avait 7 000 hectares de terres alors occupées par les activités agricoles. Nous en avons converti 2 000 à des activités touristiques. Le premier hôtel, l’Heritage Awali, a vu le jour en 2004. »

Dans la foulée, le Château de Bel-Ombre, demeure historique datant du 19e siècle, est restauré, accueillant un restaurant. « C’est l’une des seules demeures de ce type restaurées et ouvertes au public. » Pour valoriser son cachet historique, une panoplie de livres, remontant jusqu’à la Compagnie des Indes, y a été exposée.

Bel-Ombre, révèle encore Philippe Espitalier-Noël, a également été le théâtre des premiers échanges, de la bataille navale opposant les Français aux Anglais. « Les premières rivalités ont commencé de ce côté avant de bouger vers Vieux-Grand-Port. » Dans la région de Beau-Champ, le bâtiment abritant le Welcome Centre était la résidence d’été du gouverneur de l’île.

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