ESCROQUERIE:« Retourne kontra la ek chèque sinon to pou mor! »

L’affaire d’escroquerie portant sur une somme d’au moins Rs 100 millions, soit 3,8 millions de dollars, impliquant le courtier et agent politique du Nord, Hemant Bhangaleea, révélée en primeur par Le Mauricien dans l’édition de samedi, a pris une nouvelle tournure. En effet, la victime présumée de cette arnaque immobilière, Nitesh Ramdhary, âgé de 29 ans, travaillant à son propre compte et habitant Trois-Boutiques, Triolet, soupçonne Hemant Bhangaleea d’être derrière une double tentative de meurtre contre sa personne, dont la dernière remonte à mercredi soir à Balaclava. Devant ces nouveaux développements, des instructions ont été émises au Passport and Immigration Office du SSR International Airport pour qu’au retour de Hemant Bhangaleea de l’étranger, il soit appréhendé et remis aux limiers du Central CID dans le cadre de cette enquête qui risque de prendre des proportions d’envergure avec l’implication de banques étrangères, notamment à Singapour, pour le volet de Money Trail.
Depuis la décision de Nitesh Ramdharry, Triolet, qui a retenu les services de Me Yash Bhadain, de s’en remettre au Central CID en vue de recouvrer les fonds remis à Hemant Bhangaleea pour l’acquisition d’une propriété foncière à Goa, en Inde, l’objectif du clan de l’agent politique et courtier, qui se promène en Europe avec une valise contenant au moins Rs 300 millions en devises étrangères, est de récupérer les documents compromettants, dont le faux contrat du terrain en Inde et le chèque de 3,8 millions de dollars dont l’Encashment au comptoir d’une banque à Singapour a été refusé récemment. C’est ce qui expliquerait les nouvelles menaces et la tentative de meurtre contre Nitesh Ramdharry dans la soirée de mercredi.
Selon la déposition consignée au poste de police de Sodnac peu après minuit dans la nuit de mercredi à jeudi, Nitesh Ramdharry a révélé les détails de cette agression tout en communiquant à la police l’identité de l’un de ses agresseurs, une dénommée Rekha, habitant Pointe-aux-Piments. Vers les 21 heures, mercredi, la victime affirme avoir garé sa voiture immatriculée R 1494 dans les parages du morcellement Balaclava à Terre-Rouge.
Nitesh Ramdharry soutient avoir un rendez-vous avec des acheteurs potentiels en vue de visite un terrain à vendre. À peine avait-il garé sa voiture, qu’une autre voiture s’est présentée sur les lieux. Deux hommes, des hommes de main agissant sur instructions, et deux femmes en sont descendus et l’un d’eux devait l’immobiliser alors que l’autre l’aspergeait d’un liquide inflammable.
Le groupe d’agresseurs a tenu des propos extrêmement menaçants à son égard. « Retourne kontra la terre là et sa chèque-là sinon to pou mort », auraient-ils fait comprendre à la victime. Les limiers du Central CID de Terre-Rouge tentent actuellement d’établir de manière formelle si Nitesh Ramdharry a été forcé d’engager une conversation téléphonique avec le dénommé Bhangaleea, qui se trouve présentement à l’étranger. La principale difficulté est de retracer le numéro du téléphone cellulaire utilisé par les agresseurs à cet effet pour la confirmation de cet élément crucial dans l’enquête menée sous la supervision du Central CID.
Nitesh Ramdhary, qui soupçonne Hemant Bhangaleea d’être le commanditaire de cette nouvelle tentative de meurtre contre lui, ajoute avoir lutté pour se libérer de l’emprise de ses agresseurs avant de prendre la fuite. La voiture de la victime était suivie par celle de ses agresseurs ce qui explique pourquoi, il n’a pas fait de déclaration dans des postes de police au Nord, préférant se confier aux policiers affectés au poste de Sodnac. Il déclare que le suspect Bhangaleea lui en veut suite à une affaire d’escroquerie d’un montant de Rs 40 millions dans une transaction foncière à l’étranger.
Ce n’est pas la première fois que Nitesh Ramdhary fait l’objet de menaces contre sa personne. Dans une déposition consignée au poste de police de Triolet le 22 octobre, il avait porté plainte contre quatre personnes pour menaces physiques proférées la veille. L’une des proches de Hemant Bhangaleea, dont le nom avait été cité dans la déposition, avait été appréhendée et avait comparu devant le tribunal de Pamplemousses et remise en liberté sous caution.
Toute cette affaire de menaces de mort se déroule sur fond de transaction foncière en Inde, nécessitant le transfert d’une importante somme d’argent. Nitesh Ramdhary déclare avoir remis cet argent à Hemant Bhangaleea pour l’acquisition d’un terrain à Goa en Inde. Mais au fil des mois, ses différentes demandes pour visiter la propriété en Inde sont restées vaines. Finalement, en vue de calmer l’impatience de la victime, l’homme à la valise de Rs 300 millions devait lui remettre un titre de propriété. Après examen par les autorités compétentes, il fut confirmé que le document en question était un faux. Nitesh Ramdhary n’avait d’autre choix que de réclamer son argent. Un chèque d’un montant de 3,8 millions de dollars fut émis par Bhangaleea alors qu’il se trouvait à Londres en même temps que la victime. Vu que le chèque ne pouvait qu’être négocié à Singapour, Nitesh Ramdhary devait transiter à Dubayy pour s’y rendre. Mais la banque de Singapour ne devait pas honorer ce chèque parce qu’il y avait erreur sur la signature même si les fonds nécessaires ont été versés sur le compte concerné. Excédé par les manigances de Hemant Bhangaleea, Nitesh Ramdhary s’est rendu au Central CID pour une déposition et verser dans le dossier à charge des copies des documents compromettants, dont le faux titre de propriété du terrain et le chèque de 3,8 millions de dollars.
Avec le retour prochain au pays de Hemant Bhangaleea, un ancien employé de Mauritius Telecom devenu un influent « homme d’affaires » brassant des millions en devises étrangères, devra faire face à des enquêteurs du Central CID mais également de l’Independent Commission Against Corruption, qui avait échoué dans des précédentes tentatives de déterminer les « sources of funds » de ce courtier bien connecté et de la Financial Intelligence Unit (FIU) au sujet de ses transactions financières.

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