Estuaire de Terre-Rouge : Pourquoi il ne faut pas y aller

Pourquoi vous avez bien fait de ne pas visiter l’estuaire de Terre-Rouge, vendredi dernier ? Non pas parce que c’était un vendredi 13, les croyances superstitieuses n’y sont pour rien. D’ailleurs, nous, nous y étions Mais, soyez patients et vous comprendrez pourquoi il vaut mieux attendre encore un peu avant de vous salir les pieds sur le sable gris, boueux et glissants à marée basse pour être au plus près des oiseaux migrateurs. Pour apprécier les lieux, nous nous sommes rendus tôt. Allez, disons, plus ou moins tôt.

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La veille, au téléphone, un des préposés du bureau du parc nous avait conseillé d’être présents avant 10  heures. “Vinn boner pou kapav trouv zwazo”, nous a-t-il dit. “Si ou ena zimel amene”, a précisé le monsieur. Nous sommes allés sans jumelles ni jumeaux, mais avec notre appareil photo et une caméra professionnelle avec un objectif de 1200 mm pour prendre les meilleurs clichés de nos petites cibles.

A notre arrivée à la réception, on nous prévient de tout de go :”Pa gagn drwa fer foto.” D’accord, mais qu’on nous explique pourquoi, car nous nous trouvons dans un parc préservé, mais public ! “Dimounn tir foto apre al vande”, nous dit-on. Ce qui n’est pas dans notre intention. On explique au monsieur que le but de notre visite est un reportage et que nous ne vendrons pas nos photos. Le journal, lui le sera Mais ça, c’est une autre histoire.

Comme il semble ravi d’apprendre que nous ne sommes pas des vacanciers et nous donne carte blanche. Et nous propose même de nous faire accompagner par un guide “la prosenn fwa”. Ce matin-là, ils étaient tous pris avec “bann korbo!” Des oiseaux envahisseurs et bien locaux, ceux-là.

Après ce petit “réglage” avec le bureau du parc, nous voilà arpentant le site. A notre gauche, une partie du port et des grilles de sécurité ou de séparation. Rien d’intéressant. La partie la plus sympathique est à notre droite, la vue est plutôt pas mal et deux jardiniers à quelques mètres de la mer s’affairaient à entretenir le site, plutôt propre d’ailleurs.

Même le Bird Hide était fermé

Cette mer où viennent se poser des oiseaux migrateurs aux noms particuliers – jugez-en vous même: Chevalier guignette, Grand Cravelot, Courlis Corlieu, Barge rousse, Chevalier gambette, Bargette du Térek – est bordée de maisons et de mangroves qu’on peut voir pousser gentiment lorsque l’eau s’est retirée. Ah oui, il y a aussi les crabes, tout plein qui disparaissent dans des trous, petits ou grands, mais toujours profonds, au moindre bruit.

“Anfan”, c’est comme ça qu’il s’est présenté à nous, est un pêcheur qui en a ramassé et gardé dans un sceau. Il en a “swasant-e-enn an par la”, pas très certain sur le chiffre. De ces crabes et vers trouvés sur le site, il fera de “bon labwet pou madam tonbe”.

Anfan, drôle d’oiseau ce pêcheur

D’autres pêcheurs sont dans l’eau. Ils jettent leur filet dans l’espoir d’attraper d’autres appâts. L’estuaire serait une bonne source, nous racontent d’autres pêcheurs qui discutaient à l’autre bout du site. En face d’eux, deux îlots de sable. Nos pêcheurs sont dépités. “Afors inn fouy disab, get enn kou”, disent-ils. Les poissons ne sont plus abondants comme autrefois. La faute à la pollution, aux déversements de “tou kalite salte depi lizinn”.

L’estuaire serait aussi connue pour ses anguilles et autres petits poissons ou maquereaux. Mais “kan ou trouv angi pe mor dan sa delo-la ou fini kone delo-la sal”, déplorent nos pêcheurs de longue date. Et les oiseaux ? “Zwazo ? Zoli, zoli zwazo ti pe vini avan. Aster zot res pli boukou lor disab laba-la (ndlr : les îlots)”, racontent-ils. Pour voir ces “zoli zoli zwazo tou kouler”, nous y retournerons en novembre prochain. Ce sera l’été. L’estuaire sera pris d’assaut par des oiseaux migrateurs fuyant le froid du Nord. Il faut dire que si vous y allez, comme nous en septembre, vous n’apercevrez que quelques corbigeaux. Nous les avons même comptés. Il y en avait quatre et des petits

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