État gris pâle

La grippe avait mis le grappin sur elle. Mal de gorge, rhume et migraine se sont invités. Elle espère que ce virus n’aura pas d’autres conséquences. « Et puis, si le Corona venait en vacances à Maurice, cela se saurait, non ? Ce n’est qu’une petite gripette, » se rassure-t-elle en  regardant se résorber le comprimé effervescent dans le verre d’eau. Elle songe à sa dernière escapade.

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Elle s’était éclipsée sans rien laisser transparaître de ses desseins. Un roman de Guillaume Musso ou de Marc Levy  justifierait sa sortie auprès de ses parents. Le sujet du petit copain est toujours éludé sinon évité. On n’imagine mal qu’elle puisse avoir une vie sexuelle. Cela ne fait pas pour autant d’elle une fille facile ; bien au contraire.

Elle n’aurait cependant pas dû traîner sous la pluie. Aussi romantique que soit une balade à deux sous un grand parapluie. Elle est une jolie jeune femme aux traits raffinés. Elle est soulagée de ne pas avoir à porter le masque chirurgical comme en France. C’est assez gênant pour se mettre en valeur. Tout cela à cause d’une traîtresse averse qui l’avait surprise avec son copain.

Sa main dans la sienne les yeux dans les yeux. Ils sont assis sur un bout de banc froid. N’existent qu’eux deux et personne autour si ce n’est des âmes passantes. Un langoureux baiser attise le feu du désir. Fébrile, elle se blottit sans ses bras, comme pour se protéger du vent virulent. Et soudain une pluie chargée d’influenza leur tombe dessus. Elle ouvre son parapluie comme un abri de fortune.

Elle  consulte sa montre ; c’est du dernier bus. Elle promet de l’appeler pour fixer un autre rendez-vous. Elle compte  prendre son temps avant de laisser entrevoir sa flamme. Elle ne dit pas « je t’aime » au premier frisson. Elle est à la recherche de celui qui saura la combler affectivement, matériellement et physiquement. Quelqu’un qui la comprenne. Est-ce trop demander à un seul homme ?

A ces pensées, une migraine la gagne. Elle est dans son canapé. Les infos parlent pandémie sinon de crise sanitaire et de porteurs asymptomatiques du Covid-19. La France est en état grippal. La consigne est d’arrêter de se serrer la main et d’éviter les bisous ou de se rouler une galoche. Surtout si l’on est de constitution sensible. Des gens qui semblent en bonne santé peuvent être des transmetteurs du virus.

Il convient d’éternuer « dans son coude » si on n’a pas de mouchoir à portée de main. Ce n’est pas qu’une question de politesse.  L’Italie est carrément en quarantaine. Ce sujet est sérieux sinon  inquiétant. La Réunion compte aussi des cas de Coronavirus. Il importante de réagir promptement afin de protéger la nation.

Et je ne vous parle même pas de l’économie du pays. Il paraît que nous vivons à crédit. Nous avons des milliards de roupies de dettes. C’est sans doute le prix d’une île Maurice moderne. Ce n’est certainement  pas la crise des quarantaines et du confinement qui donneront du « sérum » à notre économie exsangue. Les temps sont durs. Les tensions durent… Le monde tourne mal.

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