ÉTUDES SUPÉRIEURES EN MÉDECINE : La liste du Medical Council ne finit pas de faire des vagues

Les remous n’en finissent pas depuis la publication de liste des institutions d’enseignement supérieur en médecine arrêtée par le Medical Council (MC) et qui semble avoir déjà obtenu les faveurs du ministre de la Santé, Anil Gayan. Après l’Ukraine et la Russie, dont sont pourtant issus bon nombre de praticiens exerçant dans le service hospitalier public, et la Tertiary Education Commission, qui a exprimé sa désapprobation, c’est au tour de ceux étudiant dans diverses universités françaises et leurs parents de monter au créneau pour exprimer la plus vive désapprobation du choix du MC de ne retenir que 15 des 35 facultés de médecine françaises.
Ceux qui contestent la liste restrictive voire arbitraire appliquée à la France ont un argument imparable pour contester la démarche du Medical Council, qu’ils soupçonnent d’ailleurs de ne pas tout à fait maîtriser le cursus tel qu’il se déroule dans ce pays. Un système qui est un des plus rigoureux, sinon le plus contraignant, puisque tout commence par un concours d’admission, le PACES (première année commune aux études de santé).
Il faut savoir que le taux de réussite à ce concours tourne, selon les facultés, entre 9% et 17%, et que la moyenne nationale est de 13%. Les chiffres démontrent bien que le concours d’admission est très difficile et il l’est d’autant plus pour les étrangers qu’ils ne seront finalement que 8% à être admis.
Cela veut dire, soulignent les plus concernés, que les étudiants mauriciens sont, en fait, confrontés, à un double concours, celui qui les met en compétition avec les Français et celui qui les confronte à leurs homologues étrangers. Restreindre les Mauriciens à 15 facultés seulement, c’est les pousser à se battre entre eux et réduire leurs chances de réussite, soutiennent aussi ceux qui sont familiers avec le système français.
Ils font valoir qu’il n’y a pas, en France, de bons ou de mauvaises facultés, mais de petites, moyennes et grandes universités, selon leur capacité d’accueil. Tous les diplômes délivrés par ces universités sont, il n’est pas superflu de le rappeler, des diplômes d’État et reconnus donc par l’Ordre des Médecins français.
C’est ainsi, si on suit la logique des concepteurs de la liste étriquée du MC, qu’un diplômé de la faculté de Caen, par exemple qui réussit ses examens pourra travailler en toute légalité en France mais pas à Maurice.
 Où est la           logique ?
Où est également la logique, se demandent-ils, d’inclure certaines facultés françaises et d’exclure d’autres lorsqu’on sait qu’après la sixième année, tous les étudiants en médecine de toutes les facultés de France participent aux mêmes examens, à savoir l’ECN (Épreuves classantes nationales). Ce qui relève d’une décision évidemment incohérente, selon les plus proches du dossier des études en France.
Autres faits mis en avant par les étudiants et leurs parents, c’est la réalité de l’internat tel qu’il est pratiqué en France. Ils s’expliquent : “C’est à l’issue de l’ECN que les étudiants peuvent décider, selon leur classement, soit de se spécialiser en médecine générale pour être médecin généraliste, soit de choisir une spécialité pour être médecin spécialiste. Les étudiants sont obligés de faire leur internat là où il y a des postes, selon la spécialité choisie et selon leur classement. Ainsi, un étudiant qui s’est inscrit en première année, en bonne et due forme, dans une faculté qui se trouve sur la liste du Medical Council, n’a aucune garantie qu’il pourra compléter sa formation dans la même faculté.”
Et ils poursuivent leurs interrogations. “Que se passera-t-il s’il est obligé de finir sa formation dans une université qui n’est pas sur la liste du Medical Council ? Son diplôme d’État de docteur en médecine sera délivré par la faculté où il aura fait son internat. Après dix ans d’études, est-il condamné au chômage s’il n’arrive pas à trouver un poste en France et qu’il se trouve dans l’obligation de rentrer au pays ? Est-ce que le Medical Council y a pensé ?” s’indigne le groupe de parents ayant des enfants en études dans des universités de France.
Ils observent d’ailleurs que la liste des 15 universités retenue semble manifestement privilégier les grandes villes françaises alors que les insulaires que sont les Mauriciens apprécient plus les villes moyennes et petites, où le coût du logement et de la vie est nettement moins cher, ce qui, d’ailleurs, permet à nombre de parents mauriciens de se sacrifier pour offrir une formation de qualité à leurs enfants.
Ils veulent aussi savoir si cette liste a été arrêtée de concert avec Campus France, qui gère tout ce qui touche aux études supérieures en France et qui a dû orienter des étudiants mauriciens dans des facultés qui ne se trouvent pas sur la liste du Medical Council qui veut, en plus, l’appliquer dès 2017. Que doivent-ils faire ? Changer de faculté alors que certains frais ont déjà été payés et que le logement, dans bien des cas, a également été arrêté et les cautions déboursées ? Autant de questions auxquelles parents comme étudiants voudraient obtenir des réponses adéquates.
  “Rankings are a relative measure !”
  Quant à l’argument selon lequel le MC aurait fait cet exercice en privilégiant l’option de la qualité plutôt que celle de la quantité et qu’il s’est basé sur le classement des universités établi par Quacquarelli Symons pour arrêter sa liste, là aussi il y a débat. Il y a eu de nombreuses critiques formulées à l’encontre de la méthodologie et des critères utilisés pour arriver au classement QS. Certains n’hésitent pas à avancer que le classement favorise clairement les institutions d’enseignement supérieur coûteuses et anglo-saxonnes.
Même QS s’étonne que son classement soit érigé en une sorte de bible inattaquable. Il n’y a qu’à lire ce que son directeur lui-même a eu à dire à ce sujet. Nunzio Quacquarelli, qui a fondé le World University Rankings depuis 2004, a récemment exprimé son “amazement at the reaction from governments and the universities themselves because QS rankings were originally set up to serve students and their families”.
Et ce n’est pas tout, le fondateur du classement ajoute que “what we’ve been surprised by is the extent to which governments and university leaders use the rankings to set strategic targets. We at QS think this is wrong. Rankings are a relative measure. If other universities do better and move up, you have to go faster”.
Ultime question qui n’est pas dépourvue d’un brin de sarcame envoyée en direction du Medical Council : est-ce que l’université de Maurice, le SSR Medical College ou l’Anna Medical College, qui se trouvent sur la liste du MC, figurent au classement de QS ? Si non, pourquoi exclure des facultés de taille moyenne mais néanmoins de renom en France ? se demandent parents et étudiants.
Voilà de quoi donner à réfléchir à ceux qui, dans le secret de leur bureau, ont décidé une liste qui ne correspond pas à la logique du terrain et des faits !

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