Examens de fin de cycle scolaire : faut t-il une réforme?

Nombre de pays développés s’étant alignés sur les examens internationaux IGCSE offrant un large éventail de matières au choix aux élèves du SC, et Cambridge lui-même invitant les pays prenant toujours part au ‘O-Level’ à leur emboîter le pas, la question se pose si l’on doit revoir notre système d’examens en Grade 11 (Form V).

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De son côté, l’Université de Maurice remet en question la pertinence de certains examens et se demande si ceux-ci déterminent vraiment les compétences de l’élève. L’UoM souhaite revoir le concept d’examens à livre fermé. Une réforme de notre système d’examens s’impose-t-elle donc ? Pour Dev Virahsawmy, pédagogue et linguiste, « les réformes au niveau des examens peuvent attendre ». Plus prioritaire selon lui: le fait que « selon mes recherches, seulement 30% de la population savent lire et écrire. Il faut d’abord étudier le système dans sa globalité ».

S’il faut élargir le choix de matières en SC, il souligne l’importance des études en biologie marine pour Maurice. De son côté, Ramparsad Mungar, manager du New Educational College, « l’IGCSE offrirait davantage d’opportunités aux collégiens y compris les élèves moins capables ». Il regrette que « nous ne disposions pas d’un système calqué sur le besoin de l’enfant mais imposé de l’extérieur ».

Le Pro VC de l’UoM, Mohammad Santally, se demande si avec « la prolifération des technologies et d’Internet, il est toujours logique de compter sur la capacité des individus à mémoriser dans un environnement d’examen fermé de quelques heures? Est-ce un moyen fiable de mesurer si les étudiants ont les compétences nécessaires pour appliquer leurs connaissances dans le monde réel et dans des situations authentiques ? ».

MOHAMMAD SANTALLY (PRO VC) – UoM : « Définir des critères d’évaluation clairs »

En tant que PRO de l’université de Maurice, quelle est votre explication des examens ?

L’évaluation de l’apprentissage des élèves fait partie intégrante du processus. L’évaluation peut être formative ou sommative. L’évaluation formative est généralement effectuée tout au long du cours pour permettre à l’enseignant de suivre les progrès lors de l’apprentissage et utiliser des informations précieuses afin de modifier la manière dont l’enseignement est dispensé, favoriser une meilleure compréhension et identifier les domaines où il / elle doit fournir plus d’efforts. En revanche, l’évaluation sommative est un moyen de mesurer et d’évaluer l’apprentissage des élèves à la fin par une sorte d’activité plus formelle et structurée, comme des examens écrits ou un projet. Dans tous les cas, l’objectif principal des évaluations sommatives et formatives est de s’assurer que les résultats d’apprentissage attendus sont atteints. Il est donc important de définir des critères d’évaluation clairs pour chaque résultat d’apprentissage prévu.

Qu’en est-il des examens à livre fermé ? Sont-ils toujours fiables ?

Dans de nombreux systèmes élitistes et compétitifs, les examens à livre fermé supervisés ont longtemps été considérés comme le choix privilégié pour l’évaluation et l’évaluation des étudiants. Il était perçu comme le meilleur moyen de s’assurer que les processus d’évaluation étaient fiables, authentiques et de préserver l’intégrité de la concurrence. Au fil des ans, le modèle a été largement mis en œuvre et accepté à tous les niveaux des systèmes éducatifs à travers le monde. Cependant, les chercheurs et les praticiens ont commencé depuis un certain temps à s’interroger sur la validité et la pertinence de ces examens, qui reposent généralement principalement sur les capacités de mémorisation des apprenants et dont les applications sont limitées. Avec la prolifération des technologies et d’Internet, est-il toujours logique de compter sur la capacité des individus à mémoriser et à rappeler des informations dans un environnement d’examen fermé de quelques heures? Suffit-il d’évaluer en si peu de temps les résultats d’apprentissage attendus et les apprentissages réalisés sur une année ? Est-ce un moyen fiable de mesurer si les étudiants ont les compétences nécessaires pour appliquer leurs connaissances dans le monde réel et dans des situations authentiques ?

Avons-nous évolué ou sommes-nous toujours à la traîne s’agissant des examens ?

Si de nombreux pays développés et établissements d’enseignement supérieur du Nord ont commencé à s’éloigner progressivement des systèmes traditionnels d’évaluation, nous notons que les pays en développement sont toujours à la traîne et que de nombreux systèmes ont été consolidés. D’un côté, les gens parleraient d’éducation du 21e siècle, tandis que, au nom de l’assurance qualité, les décideurs et les chefs d’établissement préféreraient jouer de manière sûre en maintenant des examens à livre fermé supervisés. Lorsque nous nous référons à l’éducation du 21e siècle, il est souvent question d’apprentissage dans un contexte dicté par la technologie et au sein d’une abondance inégalée de toutes sortes d’informations à portée de main. Lorsque vous avez pu connaître la capitale d’un pays ou la date à laquelle un président des États-Unis est mort en quelques secondes sur Internet, nous devons nous interroger sur la pertinence de demander à un enfant ou à un étudiant de se souvenir de l’information parce qu’elle pourrait figurer lors d’un examen ? N’est-il pas plus sage, à l’ère actuelle, d’évaluer leur capacité à utiliser le bon outil pour trouver de telles informations lorsque la question leur est posée? Cela me rappelle une technique souvent utilisée par certains enseignants du “General Paper”. Ils dicteraient à leurs élèves différents thèmes de dissertations qui avaient de hautes probabilités de paraître pour les examens. Les étlèves seraient censés mémoriser ces dissertations pour avoir une meilleure chance de se présenter aux examens.

Que pouvons-nous dire de l’éducation au 21e siècle ?

L’éducation au 21e siècle ne consiste pas seulement à développer une certaine expertise de la matière, mais aussi à acquérir d’autres compétences appelées compétences générales telles que la capacité à mieux communiquer, à appliquer les connaissances acquises et à s’engager dans la pratique. Dans le passé, le professeur était considéré comme celui qui savait tout. Le contenu était au centre du processus d’enseignement et d’apprentissage. Ce n’est plus le cas à l’ère de l’information et de la connaissance. Il est donc évident que les méthodes d’enseignement et les instruments d’évaluation que nous concevons sont pertinents pour ce contexte spécifique. Si la manière dont nous enseignons change, alors la manière d’évaluer doit évoluer en conséquence. Jetons un coup d’œil à quelques solutions de rechange aux examens standardisés à livre fermé supervisés.

Quels sont ces exemples ?

Le travail de projet a le mérite d’engager les étudiants dans un apprentissage fondé sur l’enquête, combinant à la fois l’acquisition d’informations, l’application des connaissances et la réflexion sur leur propre apprentissage par une présentation du travail effectué. Le travail de projet peut être effectué individuellement ou en équipe et se déroule sur une longue période. À la fin du projet, un artefact est normalement produit et est évalué en fonction de critères prédéfinis. En deuxième lieu, les examens à livre ouvert peuvent être considérés comme l’alternative la plus directe aux examens à livre fermé, car ces examens sont souvent effectués selon les mêmes paramètres que les examens à livre fermé. Cependant, leur contenu est très différent, car la majorité des questions, sinon toutes, ne reposent pas sur la mémorisation, mais plutôt sur les capacités de résolution de problèmes de l’élève.

Qu’en est-il de la vérification du travail de l’étudiant ?

Le passage à d’autres modes d’évaluation et à l’évaluation des élèves devrait toutefois être fait de manière à ne pas compromettre l’intégrité et le sérieux des processus. Les vérifications nécessaires doivent être mises en place. Par exemple, il est nécessaire de vérifier que la paternité d’un rapport est bien celle de l’étudiant. Cela peut être fait en organisant des réunions régulières pour vérifier les progrès. L’utilisation d’un logiciel anti-plagiat aide également à établir qu’un rapport est le travail d’un élève et non copié à partir d’autres sources. La tenue de présentations viva-voce (examens oraux) à la fin de tout projet ou après soumission de portefeuilles peut aider à établir l’authenticité et à prévenir les abus. Celles-ci devraient cependant être faites, en ayant à l’esprit, et en acceptant le fait que les examens sous quelque forme que ce soit ne sont jamais infaillibles.

Votre mot de la fin…

En guise de conclusion, le choix du bon modèle ou type d’instruments d’évaluation ou d’évaluation dépend de ce que vous souhaitez évaluer, ainsi que du domaine faisant l’objet de l’évaluation. Aucune méthode ou instrument d’évaluation ne devrait être exclue dès le début. Il est également considéré comme une bonne pratique d’avoir divers instruments et méthodes d’évaluation dans un programme d’études. L’idée est de ne pas compter uniquement sur une méthode spécifique à chaque fois et dans chaque situation.

RAMPARSAD MUNGAR (Manager du New Educational College): «L’IGCSE plus démocratique comme examen»

En Angleterre, le certificat “O-Level” n’existe plus. Les établissements secondaires publics et privés n’optent plus pour le “O-Level” mais pour le General Certificate Secondary Education (GCSE). Pensez-vous que Maurice devrait adopter le GCSE aussi ?

Je crois qu’on devrait y réfléchir car l’International General Certificate Secondary Education (IGCSE) offrirait davantage d’opportunités aux collégiens. Il y a une petite différence entre l’IGCSE et le GCSE. Dans l’IGCSE, on a catégorisé les matières en cinq groupes : “Langues”, “Humanities”, “Sciences”, “Maths” et “Creative and Vocational Studies” qu’on n’a plus à Maurice. Pour avoir l’IGCSE, il faut réussir en sept matières dont deux en langues et un dans chaque autre groupe 2/3/4/5 et la septième matière dans n’importe quel groupe. Pour obtenir un certificat, un élève doit avoir réussi en sept matières. Le format d’examens donne plus de chances aux enfants moins capables. Vous avez deux types de curriculum : le Core Curriculum et l’Extended Curriculum. Pour le Core, vous avez des grades C, D, E, F, G et pour l’extended, A*, A, B, C, D, E. L’élève choisit entre le “Core” et l’“Extended Curriculum”. Le “grading” pour le “Core Commence” par C, soit l’équivalent de 5/6 en GCE. Pourquoi deux types de curriculum ? Pour donner la chance aux élèves intellectuellement faibles. Ils peuvent choisir le “Core Curriculum” où il y a un papier de Multiple Choice Questions, un papier de théorie mais pas de démonstration en laboratoire. De plus, l’IGCSE maintient le “Coursework” (le travail pratique) dans plusieurs matières, ce qui offre plus d’opportunités aux enfants de réussir aux examens.

Par exemple, si on demande à l’enfant de préparer un projet sur un menu mauricien dans un restaurant, il peut se rendre sur le lieu et entretenir la conversation en kreol pour ensuite l’écrire en anglais. Il peut recevoir l’aide de quelqu’un pour l’écrire en anglais mais la connaissance qu’il aura acquise sera bien assimilée puisqu’il a fait son entretien en kreol. Il a l’occasion d’utiliser sa langue maternelle pour passer un examen. Il y a une variété de techniques d’évaluation orale, pratique et technique. L’IGCSE est un examen reconnu qui permet d’aller vers le HSC et l’université. Le SC offre moins de “Coursework”. L’option “Practicals” pour les matières scientifiques existe pour l’“Extended Curriculum”. Pour le “Core Curriculum”, les étudiants optent ainsi pour le papier “Alternative to Practicals”. L’IGCSE serait donc plus démocratique comme examen car permettant à ce groupe d’enfants qui échouent et qui n’obtiennent pas suffisamment de “credits” de réussir. Cela leur donne l’occasion de faire montre des autres compétences qu’ils ont. Je ne dis pas qu’il faut éliminer le SC mais donner l’option de l’IGCSE dans un premier temps jusqu’à ce que le SC disparaisse.

Trouvez-vous que notre système éducatif est en déphasage avec celui d’autres pays développés ?

Le système est resté le même depuis très longtemps. On n’a rien changé. Il faut savoir comment changer. Pour moi, le système est archaïque. Nous ne disposons pas d’un système calqué sur le besoin de l’enfant mais imposé de l’extérieur. Le système d’examen à l’époque de mon père est le même que j’ai connu à mon époque. Aujourd’hui, il y a quelques nouvelles matières mais le certificat est le même. Ce qui est intéressant dans l’IGCSE, c’est le groupe “Vocational”, qui n’existe pas dans notre système.

Les examens du GCSE proposent un très grand choix de matières, soit une trentaine, dont la “Citizenship Education”, le théâtre, “Film Studies”, “Geology”, “Classical Civilization” et “Media Studies”, qui ont trait aux réalités et aux besoins de la société mauricienne. Trouvez-vous qu’il y a un manque à ce niveau à Maurice ?

Cambridge vient d’introduire une matière, à savoir le “Digital Media and Design” au niveau du HSC. Ce sont des sujets qui sont en demande. Cela répond aux besoins de notre jeunesse. Le problème des Mauriciens, c’est les langues. On fait les examens en anglais mais on ne parle pas anglais. L’élève n’est pas exposé à la langue. Le prof enseigne même en kreol parfois. Il n’y a pas un environnement propice à l’apprentissage de l’anglais. L’IGCSE peut pallier un peu ce manque. Il y a l’examen oral, l’examen pratique. C’est un examen qui donne la chance aux enfants de réussir.

Quels sont les obstacles qui sont susceptibles de retarder la décision de Maurice d’aller vers l’IGCSE ? Les Mauriciens sont-ils prêts à adopter ce système ?

À Maurice, on est réfractaire aux changements. Il y a l’establishment” qui repousse ce changement à l’exemple des leçons particulières. On n’est pas dans un esprit de “We change for better”. On ne questionne pas le système. C’est le statu quo. Combien d’enfants apprennent-ils le kreol au primaire ? Très peu et pourtant il le faudrait. À Singapour, les élèves sont obligés de choisir une langue ancestrale jusqu’en Form V. Si on introduit le “Coursework”, ceux qui éprouvent des difficultés en langues seront moins lésés que sous le système actuel. Je ne suis pas pour que la langue anglaise souffre mais l’enfant qui a des difficultés en langues aura la chance d’avoir recours à sa langue maternelle pour réussir.

DEV VIRAHSAWMY (pédagogue et linguiste) : « Discuter simplement des examens ne nous mènerait pas loin »

En Angleterre, le certificat “O-Level” n’existe plus. Les établissements secondaires publics et privés n’optent plus pour le “O-Level” mais pour le “General Certificate Secondary Education” (GCSE). Pensez-vous que Maurice devrait adopter le GCSE ?

Pour moi, discuter simplement des examens ne nous mènerait pas loin… Il faut d’abord que l’on étudie le système dans sa globalité et décide ensuite de quel type d’examens il nous faut. A Maurice, le “O-Level” concerne une minorité d’élèves qui ne sont pas au collège mais choisissent une, deux, trois ou quatre matières selon leurs moyens et composent en privé. La majorité des jeunes qui sont au collège prennent part aux examens du SC et la majorité choisissent huit matières. Pour moi, donc, il n’y a pas de grande différence entre le Cambridge School Certificate et le GCSE. Il y a, par contre, une différence entre le SC et le “O-Level” où l’on peut choisir une seule matière. A Maurice, en effet, il n’est plus nécessaire d’avoir passé les examens at one and the same sitting.

Êtes-vous satisfait des examens du SC ?

Je pense que le système est bon car il permet aux élèves une grande variété de matières et ils peuvent combiner les sciences humaines et les sciences. Le SC prépare les élèves aux examens du HSC, qui sont à mes yeux de très bons examens. Posons-nous la même question pour le HSC où un élève doit prendre le “General Paper” (GP), 3 matières principales et une subsidiaire. Ce qui est complètement différent de 3 “A Levels”. Car en HSC, l’élève a 3 “A Levels”, le GP et une matière subsidiaire, soit 5 matières. Le GP n’est pas juste une épreuve de connaissance générale mais comporte une dimension philosophique et si on l’enseigne bien, on peut apprendre aux élèves à réfléchir de manière logique. Le SC et le HSC ont pour fonction de préparer l’élève aux études universitaires. Donc, je ne pense pas qu’un changement à ce niveau soit nécessaire. On peut l’améliorer mais il n’y a pas urgence. Le débat sur le “O-Level” n’a pas de pertinence pour moi. La question est : est-ce qu’il y a une grande différence entre le GCSE et le Cambridge SC ? Je ne le crois pas. Maintenant, est-ce que le niveau des matières en GCSE est aussi élevé que le niveau de SC ?

Vous ne pensez donc pas que notre système de SC et HSC est en déphasage avec celui d’autres pays ?

Je ne le crois pas du tout.

Les examens du GCSE proposent un très grand choix de matières, soit une trentaine dont la “Citizenship Education”, le théâtre, “Film Studies”, “Geology”, “Classical Civilization” et “Media Studies”, qui ont trait aux réalités et aux besoins de la société mauricienne. Ne trouvez-vous pas qu’il y a un manque à ce niveau à Maurice ?

Non, si l’on tient compte du choix de matières des élèves du SC : anglais, littérature anglaise, français, littérature française, hindi et littérature, mandarin etc. Sans compter les maths qui sont obligatoires, il y a en outre : “Add Maths”, physique, chimie, biologie, “Computer Science”, “Economics”, “Accounts”, “Home Economics”… Il se peut qu’il n’y ait pas le théâtre comme matière à part entière mais les élèves étudient Shakespeare, Ibsen et Molière ! C’est immense. Rien n’est parfait mais je trouve que c’est un bon système.

Plutôt que les examens donc, où doit se faire le changement ?

Prenons quelques chiffres. 25 000 élèves prennent part à ce qu’on appelait le CPE. Sept ans après, 5 000 réussissent leur HSC. Au lieu de discuter de quel type d’examens il faut pour le HSC, il faudrait plutôt savoir pourquoi on débute avec 25 000 et on finit avec 5 000. 1/5 seulement réussit. Les réformes au niveau des examens peuvent attendre. Ce qui est indispensable, c’est que nous comprenions une fois pour toutes que seuls 30% de la population savent lire et écrire, selon mes recherches. Parmi les 70%, certains peuvent écrire quelques mots, signer leur nom. Une bonne partie utilise le pouce. Pourquoi tel est le cas alors que l’éducation primaire à Maurice est gratuite depuis 1954, et qu’au moins 80% de la population auraient dû savoir lire et écrire ? Les chiffres publiés par le gouvernement concernant les Mauriciens sachant lire et écrire (85%-90%) sont faux. Si c’était vrai, les bulletins de vote ne comporteraient pas encore de symboles. La question que l’on devrait se poser est celle-ci : où se trouve la priorité ? Dans la réforme des examens ? La question du SC et du HSC touche moins de 50% de ces 25 000 élèves précités pour le SC et encore bien mois pour le HSC.

Si le problème ne réside pas d’abord dans la formule des examens, que préconisez-vous comme réforme à la place ?

La première question est de savoir quelle est la fonction principale de l’éducation. La fonction première, c’est l’acquisition du “literacy and numeracy” (lire, écrire et compter). À partir de là, on apprend d’autres matières. L’autre problème, c’est la langue dans laquelle on apprend à lire, écrire et compter. À Maurice, un enfant de 5 ans, comme il fait son entrée à l’école, apprend à lire et écrire dans trois langues étrangères (anglais, français, mandarin/ ourdou/tamil/télougou/hindi) ! Le pire, c’est qu’on ignore la langue maternelle de l’enfant ! Or, dans tous les pays développés, les enfants apprennent à lire et à écrire d’abord dans leur langue maternelle et ensuite ils apprennent une deuxième langue. Tant que l’on n’aura pas réglé ce problème, le niveau d’éducation restera bas et c’est une perte de temps de discuter de quel type d’examens il nous faut car nous discutons d’un système qui touche une élite alors que la majorité ne traverse pas…

Si on avait passé cette étape que vous préconisez, c’est-à-dire, lire et écrire dans la langue maternelle d’abord, comment aurions-nous pu faire pour le SC et le HSC ?

Au Japon, les travailleurs manuels détiennent un diplôme équivalent au HSC. Donc, il faut s’assurer qu’il y a une base solide pour que la majorité parvienne à un niveau assez haut et participe à des activités économiques. Ceux qui veulent aller à l’université pour faire la médecine ou devenir avocat suivront une filière en SC et ceux qui veulent être artisans, techniciens, une autre. En HSC, on introduirait des matières comme “Carpentry”, “Cabinet Making”, plomberie, mécanique etc. Donc, il ne s’agit pas d’examens mais d’orientations. Maurice n’est plus un pays agraire. Le gouvernement PTr a pu obtenir pour le pays 2 300 000 km2 de mer contre 2 200 km2 avant. Nous sommes maintenant une République maritime. Est-ce que l’éducation a suivi cette évolution ? Combien de Mauriciens savent-ils nager ? Vous parliez de théâtre… Il faut leur apprendre à nager. Cela fait aussi partie de l’éducation. Des pêcheurs meurent noyés… C’est une contradiction… It means we are not prepared to fit in our environment! Il faut encourager les enfants à étudier la biologie marine. Il faut aussi tenir compte des dernières nouvelles du réchauffement climatique. Un grand glacier datant du début de la terre a commencé à fondre… Le niveau de la mer monte… Ne faut-il pas lancer une matière comme le “Marine Engineering” ? Mais tout cela, en quelle langue ? C’est un autre débat !

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