Les exportations et l’emploi, deux préoccupations du FMI

– La mission Amadou Sy maintient le statu quo pour la croissance avec les 4% annoncés à la fin de l’année dernière

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À la conclusion du Surveillance Mandate sous les Article IV Consultations, le Fonds monétaire international n’a pas cru nécessaire de modifier ses projections de croissance économique pour cette année. Ainsi, la mission dirigée par Amadou Sy a maintenu le taux de 4%, avancé dans le cadre du Staff Report au board du FMI de décembre de l’année dernière, tout en attirant les risques de dérapage découlant des délais dans la mise à exécution des projets d’investissements publics d’envergure, notamment sous le Road Decongestion Programme. Ces consultations au plus haut niveau, que ce soit au sein du gouvernement ou dans les milieux d’affaires sur le plan économique auront permis de dégager un consensus sur deux préoccupations majeures dans la conjoncture, à savoir le déclin des exportations et l’emploi, surtout parmi les jeunes. La mission Sy, qui a conclu son mandat, a eu une séance de travail, hier après-midi, avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour passer en revue l’évolution des critères économiques et aborder les « parameters for the next budget cycle ».

Le chef de mission du FMI n’a pas manqué de souligner l’importance de revoir la situation au niveau des exportations avec une nette détérioration du déficit commercial d’année en année et des répercussions au chapitre de la performance de la balance des paiements. Amadou Sy s’est appesanti sur l’urgence des mesures en vue de redresser la barre des exportations, avec un accroissement et en vue de contrer les effets négatifs de la hausse du prix du pétrole sur le marché mondial.

Pour l’année 2017, le déficit de la balance commerciale est estimé à Rs 98 milliards, soit une détérioration de l’ordre de 21% comparativement à l’année dernière. Pour la présente année, la tendance déficitaire devra se poursuivre, avec le déficit crevant la barre psychologique des Rs 100 milliards, soit Rs 104 Mds, représentant 21% du Produit intérieur brut. Cette analyse du FMI rejoint les conclusions de la dernière édition de MCB Focus, publiée vendredi dernier. A cet effet, le Chief Strategy Officer du MCBGroup, Gilbert Gnany note que « In light of trends observed so far, on both the exports and imports side, we have downgraded our outlook for the balance of trade deficit for 2017. For 2018, the trade deficit is set to break through the centurial threshold and attain around Rs 104 billion, representing 21% of GDP, amidst (i) a contained rise in exports given strains on our competitiveness levels and the still soft economic conditions in specific markets such as UK and South Africa; and (ii) a notable hike in imports linked to the undertaking of major infrastructure projects. Of note, the deterioration of the trade deficit could have even been more pronounced had the US dollar, in which most of our imports are denominated, remained, on average, at similar levels as those depicted in 2017. »

Le FMI a aussi évoqué le problème de l’emploi chez les jeunes comme un des dossiers exigeant des mesures de redressement. « This (la performance des exportations) is a question to be considered on the medium and long terms and there are reforms that need to be brought at the level of employment, especially for the youth so as to prepare them for the new jobs of the future », avance Amadou Sy dans un commentaire officiel après sa rencontre au Prime Minister’s Office. Néanmoins, il s’est félicité de la « high quality education offered as well as the strategy to position Mauritius as a hub for the African continent and to increase competitiveness of firms and examine regional value chains ».

L’analyse de MCB Focus est davantage plus nuancée au chapitre de l’emploi. La plus importante banque commerciale du pays s’inquiète du fait que « a key trend observed over time and requiring the necessary limelight relates to the general drop in the country’s activity rate – i.e. the ratio of the labour force to population aged 16 years or more – to abnormally low levels when compared to several of our peer economies ». Le Labour Participation Rate est de l’ordre de 59,2% pour le troisième trimestre de l’année dernière avec « a more worrisome female participation rate » de 45,2% A cette même période, la population économiquement inactive était estimée à 402 000, soit une progression de 6 800 comparativement à la période correspondante en 2016.

Devant ce constat du monde de l’emploi, le Chief Strategy Officer du MCBGroup avance que « overall, such labour market trends are viewed as quite worrisome insofar as they threaten to impede our future economic development on the basis of the country being subject to proportionately lower factor inputs than it could have possibly afforded and, thus, missing out on a potential source of economic growth ». Le MCB Group ajoutera que « alongside pursuing efforts to buttress meaningful employment creation across sectors, a key priority for the Mauritian economy is to materially boost its labour participation rate as an influential tool to fuel its growth aspirations ».

D »ici septembre prochain, période au cours de laquelle le FMI entreprendra le prochain round des Article IV Consultations, la mission Sy a préféré ne pas apporter de changement aux prévisions de croissance économique. Officiellement, le communiqué émis à cet effet note que « IMF analysis of Mauritius’s economic situation has remained mostly unchanged when it comes to growth, adding that the conclusion made in August 2017 that is, the economic growth remains constant is maintained ».

La poussée de l’inflation enregistrée en ce début d’année fera aussi l’objet d’un examen plus pointu de la part du FMI en vue de désagréger « the temporary sources (of inflation) from those which are more stable with regard to the evolution of growth ».

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