EXPOSITION : De l’art, des îles et des réseaux

L’association pARTage célébrera ses dix ans d’activités en proposant des échanges et une exposition qui réuniront des artistes de 19 pays avec leurs confrères mauriciens, lesquels se sont montrés intéressés par la démarche. Si la participation étrangère est bouclée, les Mauriciens peuvent encore postuler pour cette résidence internationale, qui se tiendra essentiellement à Flic-en-Flac du 6 au 21 juin, puis donnera lieu à une exposition à partir du 4 juillet. Toujours dans le cadre de son appartenance au réseau Triangle, pARTage propose cette fois de travailler sur le thème hybride de l’archipel et de l’art sous l’ancienne ARTchipelago…
L’association pARTage reprend le principe des ateliers internationaux à l’occasion de son 10e anniversaire, faisant en cela écho au premier, qui avait permis de voir des artistes de différents pays réaliser leurs travaux au centre de jeunesse de Flic-en-Flac ou même sur la plage, parfois sous les yeux éberlués de nageurs ou promeneurs de passage. Il faut dire que ces plasticiens n’offraient pas exactement le spectacle que nous donnent habituellement les nombreux peintres et les sculpteurs que nous sommes habitués à voir travailler à Maurice.
Les organisateurs ont, cette fois, choisi le thème de l’archipel et de l’art, tant pour la valeur symbolique de ce contexte géographique que pour sa réalité tout insulaire qui caractérise les artistes vivant dans la région. Un lien est également établi pour cette exposition avec le décret des Nations Unies, qui veut que 2014 soit l’année des petits états insulaires. Le thème est porteur, tout autant semble-t-il que la destination, puisque 121 artistes étrangers se sont portés candidats à la suite de l’appel international lancé en février.
Les participants viendront finalement d’Afrique du Sud, d’Angleterre, du Bangladesh, des Comores, d’Écosse, des États-Unis, de Finlande, de France, de Hollande, d’Islande, d’Iran, de Madagascar, du Mexique, de Norvège, du Pakistan, du Portugal, de La Réunion, des Seychelles et de Slovénie. Le commissaire de cette exposition est l’Américaine Tiffany Thompson, assistée par la Mauricienne Vandita Ladkoo, quatre étudiants en arts plastiques de Maurice étant invités à participer à l’atelier de travail. La participation des artistes mauriciens impliquant moins de contraintes, ils peuvent toujours se porter candidats jusqu’au 15 mai (CV, note d’intention et photos de travaux antérieurs à envoyer à : partage2004@gmail.com).
Esthétique visuelle insulaire…
Le concept « d’artchipel » entend utiliser les arts plastiques pour explorer les questions sociales, économiques, environnementales et politiques, en lien avec les problèmes d’isolement et de globalisation qui se posent, dans un environnement artistique global en perpétuelle évolution. Bien sûr, l’insularité est tellement présente dans les productions littéraires qu’on peut se demander si elle ne constitue pas un genre, du moins un style à part entière, souvent indépendant d’ailleurs de la condition réelle de l’écrivain.
Appliquée aux arts plastiques et visuels, cette notion semble moins habituelle, peut-être en raison de la diversité des courants qui traversent les expressions plastiques du monde insulaire. Il y a pourtant une réalité physique et spatiale attachée à ce thème, une condition humaine aussi, de même qu’un symbolisme particulièrement puissant et ancien qui ne manquent pas de générer bien des images et métaphores. Le choix de ce thème vient aussi d’une volonté des organisateurs de développer une réflexion autour des artistes dans la région.
En se creusant la tête sur le thème de l’île, qui concerne tous les pays de cette partie de l’océan Indien, les artistes feront peut-être mieux entendre la voix de leurs plasticiens. Krishna Luchoomun regrette qu’il soit toujours aussi difficile de financer des collaborations avec des artistes de la région : « Nous recevons toujours plusieurs candidatures de La Réunion lors de nos appels à participation, mais il est toujours difficile de faire venir des artistes des Seychelles, des Comores ou de Madagascar. Cela s’ajoute à la tendance générale qui fait qu’il devient de plus en plus difficile de trouver des financements pour nos activités. »
Pour le présent projet, pARTage a bénéficié de diverses aides du Triangle trust (qui finance de moins en moins, selon notre interlocuteur), de l’IFM, qui accueillera l’exposition, d’Iframac ainsi, peut-être, que du Hennessy Park Hotel et de La Sentinelle. Le fait de devoir financer son billet d’avion a aussi certainement constitué un critère de sélection inhérent aux revenus de l’artiste et au niveau de vie dans son pays d’origine.
En tout état de cause, les artistes qui se retrouveront à Flic-en-Flac, travailleront en vis-à-vis, les uns à côté des autres, en rebondissant les uns sur les autres, peut-être même en interagissant par le dialogue et les échanges qui animeront cette immersion continue de 15 jours. Les journées seront réservées à la création, mais les soirées, elles, permettront de formaliser le dialogue à travers des présentations de la démarche esthétique de chaque participant. Pour le public, outre l’exposition qui se tiendra en juillet à l’IFM, sont également prévues une journée porte-ouverte pour le public scolaire le 18 juin ainsi qu’une conférence au Hennessy Park Hotel.

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -