LE FAIT DE LA SÉANCE: Une manne de Rs 7,2 milliards sur les produits pétroliers

La première séance du Question Time de la nouvelle Assemblée nationale s’est déroulée dans une ambiance bon enfant avec le Deputy Speaker, Adrien Duval, faisant ses débuts In The Chair en remplacement de Madam The Speaker, Maya Hanoomanjee. La principale information concerne la manne de Rs 7,2 milliards sur la prix des produits pétroliers, notamment pour le Build Mauritius Fund (Rs 1,8 milliard, la Taxe à la valeur ajoutée (Rs 2,6 milliards) et les droits d’accise (Rs 2,8 milliards). Certes, avec un hémicycle où la bonne majorité de parlementaires sont encore à chercher leurs marques, le benjamin de la bande n’a pas eu la partie difficile. Il a signé deux rappels à l’ordre sans gravité aux députés de l’opposition Joe Lesjongard et Alan Ganoo. D’ailleurs, les invectives et quolibets ont été quasi inexistants si l’on fait exception de cet accrochage en demi-teinte entre le chef de file du Parti travailliste, Shakeel Mohamed, et le Chief Whip, Mahen Jhugroo, au sujet du rôle de la famille Mohamed dans le recrutement des travailleurs étrangers venant du Bangladesh.
Les interpellations controversables et susceptibles de soulever la passion des parlementaires ont été rares lors de cette séance. Un esprit de fair-play parlementaire a régné avec les vétérans comme Rajesh Bhagwan, Alan Ganoo et même le leader de l’opposition, Paul Bérenger, d’un côté et ou encore les Mahen Jhugroo, Thierry Henry ou même le vice-Premier ministre et ministre du Logement du Logement et des Terres, d’habitude très volubiles et rapides à la détente pour les réparties, préférant adopter une entrée en matière cool.
Force est de constater que c’est l’une des rares fois où après une campagne électorale relativement âpre et acrimonieuse, les rancoeurs politiques ont été abandonnées à la porte de l’hémicycle pour faire place à la sérénité. Néanmoins, les piques n’ont manqué avec notamment l’Assemblée nationale se permettant un gros éclat de rire aux dépens des coffres-forts contenant les millions de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, sous le coup d’une inculpation provisoire de Money Laundering pour un montant variant entre Rs 200 millions et Rs 500 millions.
En effet, le vice-Premier ministre et ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, devait dérider le mood en répondant à une interpellation du Whip de l’opposition, Rajesh Bhagwan, sur un épineux problème de tout-à-l’égout affectant les habitants de la cité Marcel Cabon à Albion Village. Devant l’insistance du député du MMM sur le coût de ces travaux pour l’élimination des nuisances à la santé de la population de cette région, le leader du Muvman Liberater devait faire comprendre que les travaux pourraient coûter Rs 9 millions en ajoutant sans crier gare que « we can take same from the safes at the Central CID ». Cette remarque devait provoquer l’hilarité des parlementaires indistinctement avec les premiers applaudissements nourris de la série.
Auparavant, la passe d’armes entre Ivan Collendavelloo et Rajesh Bhagwan n’est pas passée inaperçue. Le député du MMM formulait encore son interpellation supplémentaire quand le vice-Premier ministre et ministre des Services publics a tenté d’amorcer sa réponse. Le Whip de l’opposition devait la couper court avec un sonore « I have not yet finished my supplementary » et Ivan Collendavelloo a dû regagner son siège.
Ponctions ?conséquentes
Sur le fond du Question Time d’hier, deux dossiers ressortent en raison de leurs répercussions, soit la structure des prix des produits pétroliers avec des ponctions conséquentes dans les poches des automobilistes pour le financement du Build Mauritius Fund et de la Taxe à la valeur ajoutée (TVA), et les problèmes rencontrés par les Rodriguais avec le retrait et la vente du Mauritius Pride depuis avril de l’année dernière. Ce dernier casse-tête ne pourra trouver de solution qu’en avril prochain avec la mise en service envisagée d’un bateau de seconde main.
Répondant à l’interpellation au nom du député du MMM Reza Uteem, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ashit Gungah, a confirmé l’appétit grandissant du Build Mauritius Fund et de la TVA dans la structure des produits pétroliers. Cette année, les conducteurs verseront une somme globale de Rs 4,4 milliards à ces deux items avec les prix pratiqués à la pompe pour l’essence et le diesel.
Le ministre a révélé que pour cette année, la contribution des consommateurs de produits pétroliers sera de Rs 1,8 milliard contre Rs 400 millions, soit plus de quatre fois plus alors que l’autre item majeur, la TVA, devrait rapporter au ministère des Finances Rs 2,6 milliards, soit Rs 400 millions de plus qu’en 2014. De son côté, l’imposition des Excise Duties sur les produits pétroliers devra rapporter à la Mauritius Revenue Authority Rs 2,8 milliards. La contribution à la Road Development Authority (RDA) est estimée à Rs 807 millions, celle pour les subsides sur les prix du riz, de la farine et du gaz ménager étant de Rs 676 millions contre Rs 599 millions l’année dernière, celle pour Rodrigues Transportation and Storage Rs 72 millions contre Rs 20 millions en 2014 et le MID Levy Rs 136 millions contre Rs 120 millions l’année dernière.
En conclusion à sa réponse liminaire, le ministre Gungah a ajouté que « I propose to consult my colleague the Minister of Finance and Economic Development with the possibility of reviewing the price structure ».
Investissements massifs dans l’eau
Uteem : À peine dix jours avant la dernière révision de la structure des prix pétroliers, le ministre avait dans une interview fait état d’une baisse substantielle des prix des produits pétroliers. (Il cite des extraits de l’interview.) Comment explique-t-il ce revirement de situation ?
Gungah : En janvier dernier, la structure des prix pétroliers a été révisée en vue revoir à la hausse la contribution par litre de produits pétroliers de Re 1 à Rs 4 pour le compte du Build Mauritius Fund et de cinq sous à 16 sous pour Rodrigues. Nous savons pertinemment bien que le pays fait face à un grave problème sur le plan de la fourniture d’eau potable. La réhabilitation du réseau d’adduction d’eau nécessite des investissements massifs. C’est ce qui justifie la démarche par rapport au Build Mauritius Fund.
Bérenger : Zot bliye la mone metro leze !
Uteem : Le fait demeure que le Build Mauritius Fund de Rs 1,2 milliard reste en dehors de tout contrôle de l’Assemblée nationale.
Gungah : The country is highly indebted…
Bérenger : Tout sa tam-tam zot inn fer…
Jhugroo : Li dan kof laba…
« Ala enn lot ?Vigilant…»
Gungah : Le Build Mauritius Fund est la meilleure solution…
Bérenger : Le ministre a fait état des subsides sur le gaz ménager, la farine et le riz ration. Peut-on savoir la somme qui a été effectivement dépensée sur ces items ? Le ministre a parlé des sommes collectées ?
Gungah : Je ne dispose pas de ces informations actuellement.
Uteem : Des montants substantiels sont versés au MID Fund ? Pourquoi ces contributions alors que le gouvernement a éliminé le MID Fund ?
Gungah : Le MID Fund ne tombe pas sous ma responsabilité.
Le député de l’Organisation du Peuple de Rodrigues Buisson Léopold a fait son baptême du feu parlementaire avec une interpellation sur le dossier du remplacement du Mauritius Pride pour la desserte maritime Maurice/Rodrigues. Le ministre de tutelle, Premduth Koonjoo, a révélé que les autorités ont dépensé quelque Rs 170 millions dans des travaux pour garantir la seaworthiness et le respect des normes imposées par l’International Maritime Organisation (IMO). Finalement, le gouvernement a pris la décision de vendre le Mauritius Pride pour la somme de Rs 30 millions. Le prix d’achat de ce caboteur était de Rs 200 millions il y a 25 ans de cela.
« Avec le retrait du Mauritius Pride sur cette ligne maritime, le Mauritius Trochetia a interrompu la desserte de La Réunion et de Tamatave pour se consacrer à Rodrigues et Agalega pour éviter toute rupture de stock », a déclaré le ministre.
Des démarches ont été entreprises en vue de faire l’acquisition d’un autre bateau avec une capacité de 350 à 500 conteneurs. Un courtier spécialisé a été nommé en vue de faire l’acquisition d’un bateau d’occasion.
Bérenger : Ala enn lot Vigilant…
Le ministre Koonjoo répond qu’aucune des offres reçues ne correspond aux spécifications ou n’est en mesure de satisfaire les conditions d’accostage à Port-Mathurin, qui est un port difficile. Il a ajouté qu’il faudra attendre jusqu’à avril prochain pour le remplacement.
Léopold : Le Mauritius Trochetia étant l’unique bateau à assurer la desserte et avec le fait qu’il y a un besoin de dry docking, peut-on savoir les mesures envisagées pour remédier à cette immobilisation, peut-on envisager une baisse du coût du ticket d’avion ?
Koonjoo : Pour le coût des billets d’avion, je ne suis pas en mesure de répondre à la place du ministre. Si nous disposons des fonds du ministère des Finances, nous allons affréter un bateau lors du dry docking du Mauritius Trochetia.
Bérenger : Clairement, de gros dangers nous guettent au niveau de la desserte maritime. Le ministre a-t-il déjà entrepris un travail préliminaire en vue d’identifier le caboteur à être affrété compte tenu des spécificités de mouillage difficiles de Port-Mathurin ?
Koonjoo : We are working on that. Je donne la garantie au leader de l’opposition que tout sera fait pour éviter des problèmes avant l’arrivée du remplaçant du Mauritius Pride.

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