FESTIVAL OFF-COURTS À TROUVILLE : Giulietta,l’amour impossible au cinéma

La rencontre France/Québec autour du court s’est déroulée du 6 au 14 septembre à Trouville, France. Depuis sa fondation en 2000, Off-Courts accueille professionnels du cinéma et jeunes créateurs dans divers domaines artistiques : cinéma, vidéo, musique, photo. L’événement réunit chaque année des artistes de nombreux pays pour des Laboratoires de création numérique. Le réalisateur mauricien Jon Rabaud, contacté par l’Institut français de Maurice suite à un appel à candidatures, a été sélectionné par la direction du festival pour pour écrire, monter un court-métrage et le présenter au festival. Il a, en 48 heures, écrit et monté Giulietta, un petit film sur fond de chantage et d’amour impossible que nous avons visionné pour vous.
Le jeune Jon Rabaud, réalisateur mauricien, issu du « Main Film » à Montréal, Canada où il a suivi des cours de cinéma et réalisé avec ses propres moyens un premier film à suspense Cold blooded, (une enquête menée par des policiers sur le corps d’une femme morte), poursuit dans la même veine. Son court Giulietta, réalisé dans l’urgence, est l’histoire d’un amour toxique, impossible. En toile de fond la Sonate au Clair de Lune de Beethoven (qui sera répétée au cours du film) met ingénieusement en parallèle l’amour d’un photographe pour une tueuse, travaillant officiellement dans l’immobilier et le danger omniprésent de leurs métiers.
Jon Rabaud continue à apprendre les ficelles du métier cette-fois sur une plate forme internationale, Off-Courts Trouville. Rabaud disposait, d’une équipe technique, d’acteurs et autre laboratoire pour tourner son film en peu de temps. Il raconte qu’il a trouvé l’idée du court dans un bus de Paris à Trouville. Attiré par le polar, un genre peu exploité dans les courts à Maurice, Jon a aussi connu comme mode d’inscription pour ses films le mouvement « Kino » pour faire des films vite. Le seul élément dont il disposait était la musique de Beethoven (Sonate pour piano no. 14). Il faut d’abord évoquer ce prologue synthétisant l’histoire à venir sur le modèle d’une ouverture musicale. Se succèdent des plans en ralenti ou altérés en postproduction. Jon Rabaud s’intéresse à la composition de l’image, aux éclairages, aux mouvements qu’à la figuration. Il coupe son récit en deux : la première partie est un lent décollement avec des photographies prises d’un candidat à une élection en compagnie de sa maîtresse. Deuxième chapitre : la tueuse et le photographe (Nadege Nechadi, Erwan Szejnok) sont en tête à tête dans un restaurant et évoque un projet de mariage à l’île Maurice. Le réalisateur travaille de plus en plus lentement pour faire monter la tension et développe une esthétique proche du théâtre. Giulietta prend place au rayon des films sur les amours contrariées par l’ironie du sort. Il existe des ficelles invisibles dans cette histoire de crime passionnel. La tueuse a affaire à une autre angoisse puisque selon son contrat elle doit tuer l’homme qu’elle aime. Après une partie virtuose l’angoisse affleure la satire. On comprend discrètement le mal profond lié à deux amants dont les métiers séparent. Le théâtre de la destruction finale se charge d’une évocation rare. Jon Rabaud a travaillé avec des acteurs semi-professionnels et a pu les entraîner dans un imaginaire fort qui renvoie au romantisme et au polar.
Après Cannes, Clermont, Jon Rabaud présentera son court La Rencontre au Festival international du film d’Afrique et des îles (FIFAI) au Port à la Réunion.

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