FESTIVAL INTERNASIONAL KREOL : Il y a maldonne…

La huitième édition du Festival Internasional Kreol a été une nouvelle fois l’occasion de discours politiques vantant les actions du gouvernement en faveur de la communauté créole. Ce festival confirme une chose : les autorités le considèrent comme la fête d’une communauté. En ce qu’il s’agit de célébrer la créolité et montrer les différentes facettes de la culture créole, on peut toujours rêver…
Dans son discours, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a souligné combien la langue créole réunit tous les Mauriciens et fait la richesse de notre société multiculturelle. Il n’a pu s’empêcher de répéter, pour la énième fois, à quel point il s’est longtemps opposé à l’utilisation du kreol morisien comme médium d’enseignement avant de saisir l’importance de l’apprentissage dans sa langue maternelle. Il faudrait peut-être lui demander, entre autres, pourquoi l’orthographe de cette langue est souvent massacrée dans les communiqués officiels…
Le thème choisi pour ce festival était le suivant : Nou pei, nou kiltir, nou kreolite. À quel point la spécificité de Maurice a-t-elle été mise en avant ? Comment, outre la langue, la culture créole mauricienne a-t-elle été valorisée ? Avec les différents speaking unions et centres culturels des différentes communautés présentes à Maurice, n’assistons-nous pas à une balkanisation de notre société ? Chacun cherche à revendiquer ses droits et préserver ce qu’il estime être des acquis.
On peut également s’interroger sur la désignation de Zouk Machine comme l’invité principal du grand concert à Pailles. Un groupe ressuscité avec la reprise d’un de ses titres à succès par trois chanteuses. Y a-t-il eu maldonne ? Le monde créolophone comprend plusieurs vedettes qui auraient pu être de vrais ambassadeurs d’une créolité affirmée. Pa bizin al tro lwin : dan losean Indien, ena ase artis valab pou sa…  
Aux Seychelles, le Festival Internasional Kreol est devenu un événement majeur, attirant chaque année de nombreux touristes. En accueillant d’autres pays créolophones, il promeut la culture et l’identité de la créolité dans sa diversité, à travers des conférences, des concerts et des activités culinaires, entre autres.
Ce n’est pas l’armada de journalistes “invités” pour l’occasion qui va permettre à Maurice de rivaliser avec nos amis seychellois. Nous sommes encore loin de créer cet engouement autour d’un peuple réuni pour célébrer la richesse et les promesses d’une créolité affranchie du ghetto des idées reçues…

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