FESTIVITÉS: Quand l’esprit de Noël se fait attendre…

Demain, les chrétiens célèbrent la naissance de Jésus de Nazareth. Mais Noël, fête religieuse à l’origine, aura pris, au fil des années, un penchant commercial certain. À en devenir presqu’une louange à la société matérialiste. On pourrait reprocher aux publicitaires d’avoir aidé à reléguer générosité et partage au second plan. La période de crise économique changerait-elle la donne ? L’impulsion des jours de fête laissera-t-elle la place à la prudence et la retenue ? Pas forcément.
Bagatelle, hier après-midi. Au Shopping Mall of Mauritius, qui se veut être un « Nou Baz », les allées ne sont pas bondées. Ce n’est pas la foule des grands jours. On se serait attendu à bien plus de monde à l’avant veille de Noël dans ce complexe flambant neuf. Pourtant, la décoration se prête au jeu… mais de façon discrète. Pas de faste et encore moins de guirlandes. Tout au plus quelques Pères Noël déambulant vers les « spots de déco », à entendre par là les points stratégiques, où sont disposés des arbres de Noël. Car en 2011, on s’oriente plutôt vers des fêtes de modération, voire même d’austérité !
Quelques kilomètres plus loin, l’embouteillage monstre au niveau d’Ébène laisse présager un Rose-Hill effervescent. Mais après 20 minutes de bouchon, on en revient au même constat : comparativement aux années précédentes, ce n’est pas la bousculade. L’on circule librement. Mais attention toutefois, car vers le début de soirée, une plus grosse affluence était attendue, à Rose-Hill comme à Bagatelle.
Achats modérés
Retour au Shopping Mall of Mauritius. Malgré des promotions « alléchantes », le consommateur joue au timide. Retenue, prudence, une certaine inertie même. Les achats guidés par l’impulsivité sont rares. « Il n’y aura pas de folie pour Noël. Ce sera comme n’importe quelle fin de mois. Nous ferons attention… Si j’ai envie de me faire plaisir, je le fais à n’importe quel moment de l’année. La prudence est de mise, surtout en cette période festive », explique Mme Appadoo. Cette chef de famille est venue faire ses emplettes chez le géant Pick N Pay hier après-midi.
Force est de constater qu’aux alentours de 16 h 30 hier, les allées de l’hypermarché étaient clairsemées de consommateurs, certains poussant des caddies très peu garnis. Pourtant, le Chief Buyer Reage Motaleb et son directeur, Japie Hecther, affichaient une certaine sérénité avec des chiffres, il est vrai, qui jouent en leur faveur : 5 000 passages de caisse en moyenne depuis le 20 décembre. Nous déduisons donc que la soirée d’hier devrait avoir rehaussé la tendance de l’après-midi. Tout porte à croire aussi que le consommateur mauricien aura adopté la culture de la dernière minute. Patricia, employée de vente du magasin Mado, confirme cette impression : « La majorité des magasins à Bagatelle ferment à 21 heures. Alors que nous aurions aimé fermer à 23 heures. Mais quelle est l’utilité si nous sommes les seuls à être ouverts ! » Minal Nunkoo, une des responsables de l’enseigne Lady Fly, concède aussi le démarrage un peu lent des affaires en cette période, et ce malgré les promotions visant à pousser les consommateurs à ouvrir leur portefeuille ! Derrière le comptoir du Showroom Sony World, Kurvin Gobardhan fait le constat suivant : « Malgré la demande pour les écrans LED, le début de décembre s’est montré assez lent. Il y a eu une certaine amélioration depuis le 18 décembre au niveau de l’affluence, mais au niveau des ventes, pas tellement. » Les appareils photos, par exemple, ont du mal à renouer avec la popularité des années précédentes.
Bouées de sauvetage
La technologie livre cependant comme chaque année des « must have ». Et la télévision LED en fait partie. « Après quelques années, les Mauriciens se lassent de leur poste actuel et investissent dans des téléviseurs dernier cri », avance avec enthousiasme Prithviraj Hurloll, Shop Manager de Home2Office. Ashvin Ramasawmy, du LG Brand Shop, abonde dans son sens : « Les gens ne conservent plus la même télévision pendant plus de cinq ans. » Et d’ajouter : « Chez nous, les gens achètent très peu en crédit. » Ce qui conduit à dire que certains vivent au-delà du climat d’austérité qui accompagne une conjoncture économique extrêmement difficile. Non seulement les prestigieuses enseignes Hugo Boss et Lacoste affichent une bonne mine, mais elle peuvent aussi se vanter d’attirer une clientèle régulière. « Chez nous, pas de problème. Nous avons un bon retour. On propose une nouvelle collection qui marche fort. Il y avait une demande pour cette marque à Maurice. Nous avons des clients très réguliers », affirme sereinement Aurélie Maujean, responsable du magasin Hugo Boss.
Direction le Caudan, dans la capitale. Les regards sont tournés vers les ventes en matière de dernières technologies. Au Dias Pier, principalement dans les magasins d’eshop et d’ishop, les ventes ont été boostées cette semaine. Certains, craignant ne pas avoir leur produit à temps, les ont même réservés. Si au e-shop, le Viewpad 7 gagne la palme d’or, on laisse entendre chez i-shop que l’i-pad a été le produit le plus prisé. Pour ces deux commerces, ces cinq derniers jours ont vu la concrétisation de leurs aspirations.
Cette année aura connu l’essor de nouveaux centres commerciaux, ce qui aura été généralement bien accueilli par les Mauriciens. Un attrait compétitif qui plaît donc ! « Comparé à l’année dernière, nous nous rendons compte que les prix sont meilleurs. Avec l’ouverture de ces centres commerciaux, il doit donc y avoir plus de compétition. D’ailleurs, nous venons de 16th mille, à Curepipe, jusqu’à Bagatelle car on trouve de tout ici. Et à tous les prix », observe le couple Munbodh.
Avec la crise et une affluence maigrichonne jusqu’à hier, ce sont désormais aux responsables de magasins de se mettre à croire au Père Noël. Comme ces commerçants qui lancent : « Le 24 swar pou gagne plis clients ! »

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