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Fête des pères : Maman bobo, papa boulot ?

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Fête des pères : Maman bobo, papa boulot ?
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C’est quand la fête des pères ? Posez donc la question autour de vous. Cette fête censée honorer nos papas est un peu l’enfant pauvre de ces célébrations des parents. Les représentations liées aux rôles des géniteurs ont la dent dure : celle de la mère en tant que principal contributeur à la vie domestique et du père bread winner. Or, dans notre modèle de société actuel, certains pères ont les mêmes responsabilités que les mères, étant au four et au moulin dans tous les aspects du domaine domestique. Le discours a évolué. Il n’est plus question d’aider sa femme mais de faire son “devoir”. Encore heureux !
Scope donne la parole à ces papas qui portent fièrement et dignement le tablier…

Ben Javed, directeur d’Event Creators : “Des clichés dépassés”

Ben Javed

“La femme en cuisine et l’homme qui travaille sont des clichés dépassés. Au sein d’un couple, les deux partenaires travaillent et ont des responsabilités du même ordre. C’est davantage un partage des tâches que compartimenter ce que l’un ou l’autre se doit de faire pour faire tourner la maison. Chacun en fonction de sa disponibilité effectue des tâches, sans pour autant y être assigné. Quand j’en ai l’occasion, je fais la cuisine et m’occupe de nos deux enfants de 8 et 5 ans. Ma femme fait les courses quand elle est libre.
Dans la famille où j’ai grandi, je n’ai jamais été confronté à ce genre de représentations arbitraires. Mes parents travaillant dans le secteur de la santé, ils avaient un shift system. Quand maman avait un shift de nuit, c’est papa qui s’occupait de tout à la maison, et vice-versa.
Les amis et collègues que je côtoie partagent les mêmes valeurs que les miennes. Je conseillerais au reste d’évoluer parce que l’on ne sait pas de quoi demain sera fait. »

Nilen Vencadasmy, avocat : “Cloisonné dans une mentalité”

NILEN VENCADASAMY

“Nous sommes toujours dans une mentalité de société patriarcale et elle a du mal à évoluer. Pour ma part, je n’ai jamais considéré le rôle du père et de la mère comme étant des rôles distincts. Il existe une certaine complémentarité car il n’y a rien que la maman fasse que le papa n’est pas en mesure de faire. Dans la famille, les deux parents travaillent et les responsabilités doivent être partagées. Par exemple, faire la cuisine n’est pas une obligation pour moi. Chez ma mère, je ne savais pas cuire un œuf. J’ai développé ensuite une réelle passion pour la cuisine, à laquelle je m’adonne par amour aussi pour ma femme et ma fille. J’effectue aussi les autres tâches ménagères, même si je fais plus la vaisselle et mon épouse la lessive.
En ce qui concerne ceux qui n’ont toujours pas compris la raison d’être de cela, je dirais qu’ils passent à côté de beaucoup de choses car ils sont cloisonnés dans une mentalité. Il y a tellement de choses que l’on peut partager à deux. Nous fêtons la fête des pères le même jour où elle est célébrée en Europe. Je sais que je serai très chouchouté par les deux femmes de ma vie.

Richard Turner, employé de banque : “Peur de ternir leur soi-disant réputation d’homme”

Richcard Turner

“Ma femme ne travaille pas et elle est beaucoup plus présente à la maison pour s’occuper de notre fille. En journée, mes obligations professionnelles prennent le dessus. Une fois rentré à la maison, je suis présent pour elles et je contribue aux tâches ménagères, entre autres.
Beaucoup d’hommes prennent des responsabilités au sein de leur famille, mais préfèrent que ces détails soient cloisonnés dans la sphère familiale car ils ont peur de ternir leur soi-disant réputation d’homme. Cela ne devrait pas être ainsi, car chacun doit apporter sa contribution pour faire avancer le foyer. En tant qu’époux et père de famille, j’ai des responsabilités et il est normal pour moi d’être présent à tous les niveaux.”

Ellio Lamoureux, chauffeur : “On distingue toujours louvraz zom et louvraz fam”

Elio Lamoureux

“Mon épouse vient d’accoucher de notre deuxième fils. Il faut s’occuper de l’aîné âgé d’à peine trois ans, changer les couches du petit, donner le biberon ou encore s’atteler aux autres tâches ménagères… Si nous ne nous épaulions pas mon épouse et moi, ce serait difficile de s’en sortir.
Autour de moi, j’observe que beaucoup plus d’hommes sont conscients de certaines réalités et l’acceptent. Mais toujours est-il que d’autres sont prompts à rigoler et se moquer des hommes qui, comme on dit, portent aussi le tablier. On distingue toujours louvraz zom de louvraz fam.
Quand je contribue dans mon foyer, je ne dis jamais que j’aide ma femme, car je ne fais que mon devoir en tant que père de famille. Je ne pourrais jamais rentrer du travail, me vautrer sur le sofa et regarder la télé, alors que ma femme, qui vient aussi de rentrer de sa journée professionnelle, prépare le repas. Ce serait me mettre à l’écart de ma famille délibérément.”

“Zom ki met zip”
Certes, l’équilibre domestique est respecté au sein de nombreuses familles. Cependant, dans notre recherche d’intervenants pour ce papier, plusieurs hommes, même s’ils avouent à demi-mot contribuer pleinement aux besognes quotidiennes, ont du mal à l’assumer au grand jour. De peur du qu’en dira-t-on et des étiquettes qui pourraient être associées à leur personne comme étant des “zom ki met zip”.