FIN DE CAMPAGNE : And the winner is . . .

DIPLAL MAROAM

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Après les trois grands rassemblements politiques de dimanche dernier à Vacoas, Quatre-Bornes et Port-Louis, la campagne électorale tire à sa fin et dans quelques jours s’installera le 12e gouvernement post-indépendance et le 7e de la République. Selon les tendances, de deux choses l’une : soit ce nouveau gouvernement formalisera l’entrée par la grande porte de celui que ses adversaires prénomment péjorativement « l’imposte », soit il marquera la 3e accession au pouvoir de l’ancien PM après 1995 et 2005. Mais quel que soit le vainqueur, ce qui est certain, c’est qu’après une campagne si intense mais surtout virulente et impitoyable, des règlements de comptes sont à prévoir avec en toile de fond tous les « gates » qui ont fait le buzz sur les réseaux sociaux – Navingate 1 et 2, Serenitygate, Maradivagate, Sherrygate, Marsgate, etc. Et ce, sans compter le calvaire qu’a subi le leader des rouges – comprenant une nuit passée en cellule à Moka – durant ces 5 dernières années.
Par ailleurs, au cas où ce dernier retournerait aux affaires donc, hormis les bénéfices que pourrait récolter la population découlant des promesses électorales – pension universelle, gaz ménager, prix d’électricité, taxe municipale, etc –, du point de vue institutionnel, l’on serait alors parti pour un nouveau round d’éternel recommencement. Navin Ramgoolam a d’ailleurs déjà annoncé son intention de revoir le projet « Safe City » qui a coûté des milliards alors que le problème de law and order a connu une dégradation alarmante ces dernières années. En outre, les questions que l’on se pose : si la réduction des salaires et privilèges des députés et ministres est somme toute salutaire, qu’adviendrait-il, par contre, de grandes infrastructures réalisées sous ce gouvernement comme le complexe sportif de Côte-d’Or, les académies, etc ? Aussi, une petite économie comme la nôtre, est-elle prête à soutenir encore 4 jours additionnels de congés publics quoique optionnels ? Il est malheureux qu’alors que dans toutes les démocraties dignes de ce nom, les deux principaux prétendants au poste suprême débattent en public et devant les caméras de télévision de leurs projets, leurs propositions et vision, chez nous l’électeur lambda est privé de cette grande joute oratoire et exercice de transparence et d’évaluation avant d’accomplir son devoir de citoyen.
D’autre part, s’il est vrai que de deux côtés de la barrière politique, des mesures phares en vue d’améliorer le pouvoir d’achat de ceux au bas de l’échelle ne passent pas inaperçues, qu’en est-il cependant du combat contre les problèmes de fond à l’instar de la dégradation sociale. En effet, le laisser-aller et l’indiscipline sont partout. C’est d’ailleurs l’une des causes principales du nombre croissant d’accidents et de morts sur nos routes. Dans le milieu scolaire également, devant le laxisme, pour ne pas dire la négligence voire même la démission pure et simple des autorités concernées – responsables éducatifs, parents mais surtout les forces de l’ordre –, la situation n’a fait qu’empirer ces dernières années. Langage ordurier des élèves, garçons comme filles, comportement immoral et gestes obscènes dans les lieux publics et les autobus, consommation d’alcool et de drogues synthétiques, pagaille dans les gares et vagabondage dans les shopping centres après les heures de classe – qui s’en soucie vraiment ? À l’égard de la violence de toutes sortes – meurtres, attentats, vols à l’arraché ou avec violence – qui font l’actualité sur une base quasi-quotidienne, la population a manifestement développé l’anticorps de l’indifférence. Un récent rapport de l’ONU indique un taux de 85% de récidive chez les détenus à Maurice. Un chiffre qui fait froid dans le dos.
Finalement depuis l’indépendance à ce jour, rien que deux familles ont dominé la politique locale au plus haut échelon du gouvernement. Et beaucoup s’accordent à reconnaître que durant ce laps de temps, de nombreuses institutions vitales du pays ont connu une inquiétante stagnation. N’est-il pas temps de rompre cette épouvantable séquence de la dynastie familiale afin d’apporter du sang nouveau, de nouvelles idées pour redonner à notre pays un nouveau souffle et faire enfin bouger les lignes ? Dans son manifeste électoral, le MMM, après des décennies de tergiversation, a finalement décidé de changer son fusil d’épaule et propose maintenant de limiter à deux le nombre de mandats premier-ministériels. Il est temps d’accorder la considération voulue à cette audacieuse proposition.

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