FINANCE — CIM GROUP: l’anticipation d’un nouveau dynamisme

Le Cim Group, l’un des plus importants opérateurs dans le secteur des services financiers, est prêt à faire son entrée sur le marché officiel de la Bourse le 30 octobre. Évalué à Rs 3,02 milliards et avec un capital initial de Rs 680,5 millions et des fonds propres de Rs 1,8 milliard, le groupe sera introduit au prix de Rs 4.45 l’action. Cette démarche, estime son directeur financier Jean Pierre Lim Kong, qui a piloté le dossier d’introduction boursière, va apporter un nouveau dynamisme au sein de l’entreprise. « Cim prend une nouvelle dimension avec ce listing. Le groupe a déjà un excellent track record en termes de performance et avec cette introduction en bourse, il se donne les moyens de ses ambitions », souligne-t-il.
La décision de faire coter le Cim Group sur le marché boursier intervient dans le sillage de la restructuration du groupe Rogers qui a vu la séparation des deux principaux actionnaires de Rogers Consolidated Shareholding Ltd, en l’occurrence ENL Investment Limited (contrôlée par la famille Espitalier-Noël) et Elgin Ltd (appartenant à la famille Taylor), l’actionnaire majoritaire de Rogers. Dans le cadre de ce plan de restructuration, ces deux actionnaires ont procédé à une répartition de portefeuille d’actifs sélectifs détenus à la fois par Rogers et Cim Financial Services Ltd (CFS), sa filiale, avec pour résultat le premier nommé reprenant les activités de Cim Insurance, Cim Stockbroking et de Cim Asset Management rétrocédées ensuite au groupe Swan.
De son côté, CIM a fait l’acquisition d’un portefeuille de biens immobiliers et de certains investissements dans des entreprises telles Lafarge Cement (Mauritius) Limited et Mediterranean Shipping Company (Mauritius) Ltd. Au final, la valeur nette des actifs transférés se monte à Rs 365,5 millions que CFS a versées à Rogers, mais sous forme d’actions dans la société. Les actionnaires de Rogers détiendront en conséquence un total de 680,5 millions d’actions ordinaires (incluant les 315 millions d’actions comme capital initial) dans CFS.
Autre fait majeur du plan de restructuration de Rogers, c’est que ENL Investment Ltd devient le plus gros actionnaire de Rogers avec une part de 59 % alors que CFS sera contrôlée à hauteur de 53 % par Elgin. La séparation entre les familles Espitalier-Noël et Taylor a déjà été enclenchée, les Taylor quittant le conseil d’administration de Rogers pour se concentrer sur celui du Cim Group avec Tim Taylor à la présidence.
Distribution d’actions
Les 680,5 millions d’actions de Cim ont été distribuées aux actionnaires de Rogers sous forme de dividend in specie. Pour chaque action détenue dans Rogers, ces actionnaires recevront 27 actions de Cim, la valeur du dividende étant estimée à Rs 120 par action de Rogers. Les 2 300 actionnaires de Rogers détiendront de ce fait des actions de Cim, le prix d’une action étant fixé à Rs 4.45 sur la base de l’évaluation des actifs de Cim effectuée par le cabinet d’experts-comptables Ernst & Young.
Jean Pierre Lim Kong se dit satisfait de l’approche adoptée en matière d’évaluation des actifs de Cim. « C’est un bon reflet de la valeur du groupe. Nous avons tout lieu de croire que le marché réagira favorablement à cette valorisation du groupe compte tenu de la valeur intrinsèque du titre et du potentiel de développement de Cim », déclare le directeur financier.
Créé en tant que groupe autonome en 2005, Cim comprend, après l’exercice de transfert de certains actifs de Rogers, une dizaine de principales filiales réparties en trois divisions : 1) Finance & Trading : Cim Finance, Cim Forex, Galaxy et JM Goupille ; 2) International : Cim Corporate Services, Cim Fund Services, Cim Tax Services, Cim Trust et Cim Specialised Insurance Services ; 3) Property & Investment : Cim Property Holdings et d’autres compagnies associées.
« Nous avons un track record en termes de performances des différentes unités. Le groupe n’a cessé de dégager des bénéfices comme le démontre les bilans de ces trois dernières années publiés dans le document d’introduction boursière du groupe. » Selon ce document, si l’exercice de restructuration avait pris effet au 1er octobre 2008, Cim aurait affiché pour l’exercice financier se terminant au 30 septembre 2011 des revenus de Rs 3 milliards contre Rs 2,8 milliards en 2009-2010 et des profits après impôt de Rs 358,8 millions en 2010-2011 par rapport à Rs 429,8 millions en 2009-2010. Pour les six premiers mois de 2011-2012, le chiffre d’affaires et les bénéfices se seraient élevés à Rs 1,5 milliard et Rs 181,1 millions respectivement.
Jean Pierre Lim Kong explique la réduction des profits en 2010-2011 par une baisse des bénéfices dans certaines opérations purement commerciales, l’impact de la crise sur les activités du secteur du Global business et des pertes sur le change. Mais, le directeur financier est confiant que le groupe a la capacité de repasser au dessus de la barre des Rs 400 millions de profits dans les années à venir.
Développer l’immobilier
« Dans le sillage de notre introduction en Bourse, le groupe aspire à grandir en s’appuyant sur les activités existantes, notamment dans les secteurs du crédit à la consommation et du global business. Nous comptons aussi développer de nouvelles activités, dont l’immobilier », souligne Jean Pierre Lim Kong. Cim mettra à profit l’expérience et l’expertise acquises dans le domaine du global business par l’International Management Mauritius Ltd et Multiconsult Ltd que d’aucuns considèrent comme des leaders du secteur. Pour mitiger les effets de la crise internationale, le groupe va davantage diversifier ses marchés et sa clientèle du global business en développant ses opérations à Singapour, Londres, Sydney, Cape Town et aux îles Caïman (pour attirer notamment des investisseurs américains plus précisément dans cette juridiction spécifique).
La direction de Cim pense que le groupe a les ressources financières et humaines (1 100 collaborateurs) pour développer davantage ses opérations dans les secteurs offshore et du crédit à la consommation. Cim s’est structurée dans son coeur de métier par le truchement de ses divisions de Fund Services, Corporate Services, Trust Services et Tax Services, d’une part, et le déploiement d’un éventail de produits et services au niveau de Cim Finance & Trading. Cim Finance a été la première institution non-bancaire en Afrique subsaharienne à émettre la carte de crédit MasterCard et le fait depuis l’année dernière pour la carte Visa.
« Nous avons des défis à relever dans ce segment d’activités mais nous sommes confiants pour l’avenir. La baisse attendue
(de 24,8 % à 19 %) des taux d’intérêt sur les ventes à tempérament, sera sans doute bien accueillie par les consommateurs et nos clients. Certes, nos marges seront réduites mais nous pensons optimiser nos opérations à travers un gain d’efficience et un accroissement du volume », commente Jean Pierre Lim Kong. Il annonce aussi une éventuelle implantation dans la région, plus précisément aux Seychelles, aussitôt que le cadre réglementaire du Hire Purchase aura été mis en place. Pour ce qui est du crédit-bail, il laisse entendre que Cim veut avancer prudemment car le marché est mature et compétitif. « Nous sommes pour le crédit responsable. »
Gouvernance
Cim compte exploiter efficacement son pôle « Immobilier », le groupe possédant des terres et des bâtiments situés dans des primes locations, plus particulièrement au centre de Port-Louis. On prête l’intention au groupe de se lancer dans le rédéveloppement du site occupé actuellement par les magasins Galaxy et Goupille à La Chaussée. En sus du parc industriel à Riche-Terre, l’entreprise possède des terrains dans diverses localités, dont Case-Noyale, Chamarel et Bel-Ombre. « The development potential of these properties represents significant upside to the value of the portfolio and the development of properties will be carried out in phases », confirme le groupe dans son document d’introduction boursière.
« Nous regardons l’avenir avec sérénité. Évidemment, il y a une dimension de planification et de gestion du développement du groupe qui s’imposera dans le sillage de notre entrée en Bourse. J’estime que, dans deux ou trois ans, nous pourrons voir les fruits de cette stratégie de développement. Le groupe est bien positionné pour saisir les opportunités. La Bourse augmente nos capacités d’accès au capital et un coup d’oeil à notre ratio dettes-fonds propres indique que nous pouvons emprunter davantage pour financer l’expansion de nos activités », fait ressortir Jean Pierre Lim Kong.
Cependant, poursuit le directeur financier, Cim entend bien grandir en respectant les règles du jeu. « La transparence et la gouvernance ne nous font pas peur. D’ailleurs, le président de notre conseil d’administration est la cheville ouvrière du comité national sur la bonne gouvernance. Nous allons capitaliser sur notre customer base d’environ 150 000 clients pour ajouter de la valeur à notre entreprise aux bénéfices de tous les stakeholders », conclut Jean Pierre Lim Kong.

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