FINANCEMENT — AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT — L’AFD: un engagement dans la durée

  • André Pouillès-Duplaix, DG de l’AFD: « Renforcer notre rôle de partenaire avec les autorités publiques et privées à Maurice »
  • Un accord portant par le financement de l’extension de la piste d’atterrissage de Plaine-Corail au coût de 100 millions d’euros signé à Rodrigues ce matin

L’Agence Française de Développement (AFD) a engagé quelque 900 millions d’euros à Maurice depuis son retour dans l’île en 2007. C’est ce qu’a indiqué au Mauricien le directeur de l’AFD, André Pouillès-Duplaix, qui a exprimé la volonté de l’agence de « renforcer son rôle de partenaire aussi bien avec les autorités publiques que privées à Maurice ». L’AFD a une participation à hauteur de 85 millions d’euros dans le financement de l’extension de la piste d’atterrissage de Plaine-Corail à Rodrigues, qui verra s’ajouter une subvention de 15 millions d’euros de l’Union européenne ayant fait l’objet d’une annonce officielle à Port-Mathurin en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, du chef commissaire, Serge Clair, de l’ambassadeur de France, Emmanuel Cohet, et de celui de l’Union européenne, Vincent Degert, en sus d’autres personnalités rodriguaises.

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La piste d’atterrissage de Plaine-Corail sera d’une longueur de 2,4 km et prendra en considération l’existence des cavernes. Cette option a été choisie après l’abandon de celle qui aurait nécessité des constructions sur le lagon. Les travaux comprendront la construction d’une nouvelle tour de contrôle, de “taxiways” et d’entrepôts pour le carburant.

L’AFD a déjà également financé l’installation d’une unité pilote de dessalement d’eau de mer avec une entreprise française. De son côté, la France est engagée dans des projets concernant l’agriculture et la formation professionnelle, entre autres. « Nous souhaitons soutenir les administrations rodriguaises dans la maîtrise du développement de l’île en tenant en compte de l’extension de la piste d’atterrissage avec l’augmentation du nombre de touristes dans l’île », précise André Pouillès-Duplaix.

L’AFD a une longue association avec Maurice. « Nous étions à Maurice depuis 1975. On a fermé en 1995 parce que le développement de Maurice était tel que nous n’avions pas renouvelé nos outils et nous n’étions plus très pertinents. On est revenu en 2007 à la demande des autorités mauriciennes parce que nous avons adapté nos outils pour mieux répondre aux besoins des autorités locales », explique-t-il.

L’AFD a défini deux axes de priorité, à savoir la transition écologique et les infrastructures. « Sur la transition économique, notre portefeuille actuel fait trois choses. En premier lieu, l’octroi de lignes de crédits SUNREF (Sustainable use of naturel resources and energy efficiency) auprès de trois banques mauriciennes. Un montant de 85 millions d’euros et une subvention européenne de 7 millions d’euros sont prévus à cet effet. Cela permet de financer des projets d’atténuation comme l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique ou d’adaptation comme l’économie de l’eau, l’agriculture intelligente, la restauration des zones côtières, etc. L’avantage de ces lignes de crédit, c’est qu’elles sont assorties d’une subvention de 5% de l’investissement lorsqu’il s’agit des projets d’atténuation et de 15% de l’investissement lorsqu’il s’agit des projets d’adaptation », note André Pouillès-Duplaix.
L’octroi de ces lignes de crédit tient également en compte l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. « On subventionne des investissements de 10% lorsque ce sont des investissements qui favorisent l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes », observe le directeur de l’AFD, qui ajoute qu’au-delà de ces 85 millions d’euros, l’agence a déjà accordé des financements d’un montant de 100 millions d’euros sur ces questions à Maurice.

Par ailleurs, l’AFD travaille en partenariat avec le Central Electricity Board pour moderniser deux sous-stations, La Chaumière et Henrietta, de manière à injecter de l’énergie photovoltaïque intermittente pour améliorer la mixité énergétique. Ce projet bénéficie d’un financement de 5,5 millions d’euros. L’AFD offre également une subvention aux autorités mauriciennes dans le cadre de la facilité d’adaptation pour financer des études de vulnérabilité ainsi que l’élaboration d’un “land drainage master plan” pour voir dans quelle mesure le programme de lutte contre les inondations sera utile à Maurice.
Dans ce contexte, des scénarios et des modélisations mathématiques sont effectués pour savoir si Maurice peut devenir à 100% énergie renouvelable ou pas avec du photovoltaïque, de l’éolien, de la biomasse, et le lien entre Maurice et La Réunion. « On peut imaginer qu’il y ait des câbles sous-marins de haute tension entre Maurice et La Réunion pour équilibrer les réseaux. Toutes ces réflexions sont menées sur le long terme car on ne peut pas transformer la mixité énergétique d’un pays d’un simple claquement de doigts », souligne André Pouillès-Duplaix.

« Je suis persuadé que Maurice peut atteindre le niveau de 100% énergie renouvelable à l’horizon 2080, 2100. Il y a un long chemin à parcourir et différentes étapes à franchir. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a fait ce travail pour La Réunion et est arrivée à démontrer que La Réunion peut être à 100% énergie renouvelable », insiste-t-il. « Il y aura l’énergie solaire, qui marche bien à Maurice. Toutefois, le problème avec l’énergie solaire, c’est qu’elle est intermittente et est produite quand le soleil est là. Il y aura aussi de l’énergie à partir de la biomasse. On a déjà la bagasse, qui participe à hauteur de 14% dans la mixité énergétique aujourd’hui. Mais on peut faire plus, voire beaucoup plus. On étudie avec le ministère de l’Énergie et des Services publics la question de savoir ce que peut représenter la bagasse dans le mix énergétique », ajoute-t-il.
Par ailleurs, l’AFD se dit prête à aider le ministère de l’Environnement à préparer la révision de sa contribution, qui devra être soumise lors de la COP26, qui se tiendra à Glasgow l’année prochaine. Au niveau des infrastructures, l’AFD a déjà participé au financement de l’extension du quai de Port-Louis et à la modernisation de la Cargo Handling Corporation. L’agence est aussi intéressée à collaborer à la construction du brise-lames en amont du port.

De plus, dans le cadre d’un projet de lutte contre les inondations, l’AFD a étudié six sites prioritaires à la demande du gouvernement et pour lesquels des financements de l’ordre de 25 millions seront nécessaires. Ce projet comprend le maintien des canaux de drainage dans une vision intégrée. D’autre part, le ministère du Transport terrestre et celui des Finances ont sollicité l’aide de l’AFD pour le financement d’un schéma directeur de transport terrestre. L’aide de l’AFP a enfin été sollicitée par la CWA pour voir comment réduire les fuites d’eau.

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