FINANCES: Deux dossiers chauds à la Banque de Maurice

Le Monetary Policy Committee new look de la Banque de Maurice, qui s’est réuni lundi, se retrouve au centre d’une grave controverse portant atteinte à sa crédibilité. La décision surprise de réduire le Repo Rate de 50 %, soit à 4,9 %, avait fait l’objet d’une fuite d’informations lundi après-midi, soit bien avant l’heure prévue de l’annonce officielle par la Banque centrale. Dans cette perspective, la BoM a initié une enquête pénale par le Central CID en vue de remonter à la piste de l’auteur de cette fuite. Par ailleurs, un autre dossier majeur à la BoM concerne les procédures pour l’adjudication du rachat du Retail Business de la Hongkong and Shanghai Banking Corporation.
Depuis hier, une Special Squad du Central CID avec des spécialistes de l’IT Unit de la police a été constituée pour faire la lumière sur les circonstances de l’annonce de la baisse du Repo Rate décidée par le Monetary Policy Committee sur un website privé bien avant l’heure prévue, soit 18 heures. Du côté de la Banque de Maurice (BoM), l’on fait clairement comprendre que la fuite ne peut provenir de l’establishment de la Banque centrale, pointant un doigt accusateur contre de nouveaux membres de cette instance nommés par le vice-Premier ministre et ministre des Finances Xavier-Luc Duval.
« Le Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice a cinq ans d’expérience et jusqu’à lundi 19, nous n’avons pas fait l’expérience de fuites d’informations à ce niveau. Je peux garantir que cette fuite ne vient pas de l’intérieur car nous traitons de bien d’autres données économiques et financières encore plus délicates », a déclaré au Mauricien Manou Bheenick, gouverneur de la BoM.
Le gouverneur de la Banque centrale a également confirmé la déposition faite au Central CID par la secrétaire du Monetary Policy Committee, dont les fonctions officielles à la banque sont celles de Head of Economic Analysis Division. Pour la circonstance, elle était accompagnée par le conseil légal de cette institution, qui assure sa collaboration aux limiers du Central CID.
« À la Banque de Maurice, nous prenons ce cas de fuites d’informations du Monetary Policy Committee très au sérieux. Cette catégorie d’informations est rendue publique selon un calendrier d’heures et de dates bien précis et établi à l’avance. Maurice adhère également au SDDSC quant à la diffusion de ces informations de nature économique. Ces données sont attendues par la communauté des affaires, les décideurs économiques et ont également des répercussions sur le marché de change aussi bien que boursier. Nous prenons cette affaire très au sérieux », soutient Manou Bheenick. Il a fait aussi citer le cas d’un haut cadre de Singapour, qui a été emprisonné, pour avoir révélé publiquement des informations quelques minutes avant l’heure prévue.
Au terme de la déposition de la BoM, le Central CID devra initialement retracer les principaux responsables du website, qui avait fait état de la baisse du Repo Rate, le taux directeur bancaire, bien avant l’annonce officielle de 18 heures lundi. Il n’est pas à écarter que tous les membres du Monetary Policy Committee présents aux délibérations de lundi à la Bank of Mauritius Tower soient entendus par les enquêteurs de la police au sujet de leur emploi du temps et de leurs contacts personnels ou de téléphones après la réunion.
Il va sans dire que cette affaire de fuites au niveau du Monetary Policy Committee suscite un profond malaise au sein de la BoM, qui vient de souscrire au Special Data Dissemination Standard. La réunion de lundi était la première pour les nouveaux membres de cette instance, dont la majorité est nommée par le vice-Premier ministre et ministre des Finances. La méfiance semble s’installer au plus haut échelon de la BoM.
D’autre part, un autre dossier délicat retient ces jours-ci l’attention des responsables de la BoM, notamment le rachat du Retail Business de la HSBC. Les recoupements effectués indiquent qu’au terme d’un exercice de due diligence, l’offre de l’Afro-Asia Bank du groupe Lagesse se retrouve en bonne position pour prendre le contrôle de ces opérations bancaires. En deuxième position se serait installée la Bramer Banking Corporation du groupe BAI.
L’adjudication du Retail Business de la HSBC passionne le secteur bancaire et le monde des affaires car elle devrait avoir d’importantes répercussions dans le secteur. Dans la conjoncture, le gouverneur de la BoM ne cache pas son intérêt pour suivre les procédures.
« C’est confirmé que la HSBC veut vendre son Retail Business. Nous n’avons aucune confirmation officielle quant à l’identité du repreneur. Une étape a été franchie mais il y a d’autres procédures à suivre. Comme c’est le cas depuis le début, nous suivons l’évolution de la situation », a soutenu le gouverneur de la BoM.

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