FOLIE MEURTRIÈRE : L’incompréhension et douleur inconsolable !

En quelques minutes et dans une folie des plus meurtrières, le jeune Tavish Ausman, aussi connu sous le nom de Niven, âgé de 17 ans, a semé la mort et la désolation au sein de la famille Rughoobin, habitant Montagne-Goyaves, Camp-de-Masque à l’Est de l’île. Le bilan est des plus dramatiques avec deux victimes, soit Reshma Rughoobin (Bibi Fateema Cassim), âgée de 54 ans, la grand-mère, et Yeshna Rughoobin, âgée de 14 ans, étudiante en Form III au JSS de Bel-Air. Le petit frère Tushal Rughoobin, aussi connu sous le nom de Yovine, âgé de 11 ans, et fréquentant le collège d’Etat de Camp-de-Masque, est toujours aux soins intensifs (Intensive Care Unit) de l’hôpital de Flacq où son état inspire des inquiétudes en raison de ses graves blessures à l’arme blanche. Le meurtrier présumé, probablement pris de remords, a tenté de s’auto-infliger de coups de couteau et a été hospitalisé sous surveillance policière, après avoir admis aux limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) de l’ASP Dieudonné Gérard avoir asséné les trois victimes de plusieurs coups de couteau et de cutter. Chez les Rughoobin, la douleur est inconsolable, surtout avec les parents des deux enfants, Vikram et Asha, rentrant d’urgence de Perth, Australie, où ils étaient émigrés il y deux ans en attendant de pouvoir faire venir Yeshna et Tushal, en mai prochain. Ils sont totalement effondrés devant ce coup de sort fatidique. A Camp-de-Masque, devant le choc de ce double meurtre, les proches des victimes et des voisins, encore sous le coup de l’émotion, réclament une punition exemplaire allant jusqu’à évoquer le retour de la peine de mort.
Les conclusions des autopsies pratiquées par le médecins légiste, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, révèlent l’horreur de ce drame, soit une « Mission to Kill ». Reshma Rughoobin (Bibi Fateema Cassim) a essuyé huit coups de couteau au cou et huit autres coups d’arme tranchante dans le dos. L’agresseur s’est littéralement acharné physiquement contre la quinquagénaire, qui n’avait probablement pas de moyens de se défendre dans son salon. Elle a succombé à un « Shock due to Stabbed Wounds » au cou et au dos.
Niven Ausman a été quasiment sans pitié quand il a croisé la jeune Yeshna, qui revenait du collège sur le coup de 15 h 30, vendredi. Il ne laissera aucune chance à la jeune fille. D’un seul coup d’arme blanche, il a sectionné la carotide de la jeune fille, l’égorgeant. D’ailleurs, c’est la seule trace de blessure, une profonde entaille au cou, relevée lors de l’examen post-mortem sur la dépouille. Yeshna devait s’écrouler dans une mare de sang devant la porte de la maison de la famille, soit presque au pied d’un araucaria, à côté d’un lieu de prières pour la famille. L’autopsie attribue le décès à un « Slashed Wound at the Neck ».
Le jeune Tushal aura-t-il eu plus de chances ? Difficile à dire, car depuis vendredi après-midi, ce jeune étudiant en Form I lutte pour sa survie. Après avoir subi une intervention chirurgicale d’urgence à l’hôpital de Flacq, il a été placé à l’ICU et sous ventilation artificielle vu que son état inspire de vives inquiétudes. Pourchassé par Niven Ausman au plus fort de sa folie meurtrière, le jeune frère a été atteint de cinq coups de couteau au cou et également trois à l’estomac, dont un perforant le foie.
Jusqu’ici, Tushal Rugjoobin doit son salut à l’intervention de Jugdish Jhankar, âgé de 63 ans, un propriétaire et planteur de la région. Celui-ci venait de ramener ses employés chez eux à Camp-de-Masque quand le garçon, dans un moment d’affolement, s’est présenté devant lui. « Ti ene gran sok. Mo truv ene ti garson avec so linge rampli avek disang qui pe galoupé. Li kriyé ek dir mwa sappe mo lavi ! Sappe mo ser ! » Le temps de réaliser ce qui se passe autour de lui, il croise le dénommé Niven Ausan, portant un T-Shirt de couleur bleue et se donnant des coups avec son arme. Il constate que la grand-mère et la jeune Yeshna sont déjà sans vie.
L’urgence était d’organiser des secours pour évacuer Tushal Rughoobin vers l’hôpital de Flacq. Le chauffeur, qui s’est vu confier cette mission, se rappelle que le garçon saignait abondamment pendant tout le trajet. « Mo van ti ranpli ar disang. Pandan ki no pe alle lopital, li ti pe nek répété : mo pe touffé ! Mo pa kapav respirer. Li pa ti kapav koze nanyen plis », devait-il confier. « Sel zafer, mo nek ine kontinyé dir li pa ferme to lizié zika nou arriv lopital ».
Les parents complètement effondrés
Le suspect Niven Auslan, qui savait qu’il était pris au piège vu que la maison des Rughoobin est située dans un cul-de-sac, devait tenter de trouver refuge dans un coin sur les lieux du crime après une timide tentative de suicide. L’arrestation du meurtrier présumé trois heures après devait venir se greffer à la colère profonde des habitants contre les forces de l’ordre. Au moment de son interpellation et avant de se faire soigner à l’hôpital de Flacq, il a confié aux limiers de la MCIT de l’ASP Gérard : « Mo ti ine vine guette nani pou dire li mo kotant Yeshna. Li ine tire kuto ar mwa pour fer mwa per », avance-t-il en guise de défense. Toutefois, cette thèse ne tient pas la route puisque Niven Ausman avait en sa possession deux armes tranchantes, soit un cutter et un couteau. Vu qu’il a subi une intervention dans la soirée de vendredi, il n’a pu être entendu encore sur le déroulement de ce crime commis de sang-froid.
A ce stade, la police est satisfaite que ce double meurtre a été élucidé même si le témoignage du jeune Tushal ne viendra que confirmer la séquence des événements. Cette enquête est menée conjointement par la MCIT et le CID Eastern Dvision du surintendant Ramgoolam sous la supervision de l’ACP Heman Jangi du Central CID, qui était sur place, vendredi soir.
Au sein de la famille Rughoobin, c’est l’incompréhension totale. Les parents des deux enfants, qui sont rentrés d’Australie, hier après-midi, sont complètement effondrés sous le poids de la douleur et ont exprimé le souhait de ne pas faire de commentaires. Le grand-père, Suresh Rughoobin, qui a perdu son épouse Reshla et sa petite-fille Yeshana, s’est muré dans un lourd silence, faisant comprendre aux membres de la presse présents d’un signe de la main qu’il n’allait rien déclarer. D’autres proches ne cessent de rappeler que la justice doit émettre un signal fort, voire très fort, dans ce genre de situation, tout en réclamant le retour de la peine capitale.
Toutefois, dans l’immédiat, hier matin, l’urgence était les préparatifs des funérailles des deux victimes prévues pour cet après-midi. Les autopsies devaient se dérouler dans la matinée à la morgue du Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC) et les dépouilles remises aux proches en cours d’après-midi. Les proches ont bénéficié du concours des sapeurs-pompiers de Flacq pour le nettoyage du salon et de la terrasse étant encore maculés de sang.
« Li ti kontan riye, koze, fer kamarad avec tout dimoune »
Les voisins prêtaient main-forte pour ériger la salle verte en prévision de la veillée mortuaire. D’autres, comme cette adolescente de 17 ans, Neha Teemill, la cousine de Yeshna, également une habitante de Montagne-Goyave, Camp-de-Masque, essayaient encore de comprendre ce qui s’est passé. Elle a confiié à Week-End que la dernière fois qu’elle avait eu une conversation avec la jeune victime remonte à quelques heures avant son agression mortelle, au collège. Les deux jeunes filles fréquentaient le même établissement scolaire. Rien ne présageait que sa petite cousine allait connaître une fin aussi atroce.
Neha se rappelle de Yeshna comme une jeune fille qui respirait la joie de vivre et qui avait un grand intérêt pour la musique européenne et raconte : « Li ti kontan riye, koze, fer kamarad avec tout dimoune. Moi et li nous ti bien proches. » Elle confirme qu’à aucun moment, lors de leurs confidences de jeune fille, Yeshna n’avait cité le nom de Niven Ausman. Elle dit complètement ignorer toute connexion entre Yeshna et Niven, dont les proches habitent à quelque 200 mètres de la maison des victimes.
De son côté, Nazeerally Anas, l’un de ses voisins, a fait comprendre que Niven Ausman a perdu son père il y a environ cinq ans et vivait avec sa mère, son jeune frère et sa jeune soeur. Après le drame de vendredi, ces derniers ont évacué leur domicile à la hâte le soir même. Le plus choquant, pour ce voisin, est que Niven Ausman « pa ti pe sorti mem. Li ti kone zis so letid avec so lacaze. Zame li pas fine gagne problem ar kiken. Nu pas ti atane di tout li pou faire ene zafaire pareil, nu meme nu fine gagne ene sok! ».
À sa connaissance, Niven Ausman ne fréquentait pas, non plus, les autres jeunes qui habitent la localité. « Li ti plitot trankil, bien personnel. Pou moi, mem ene mouche li pas ti pou kapav touyer », raconte-t-il. Un autre habitant de la localité, ayant souhaité gardé l’annonymat, confie que « li ti ene garson qui ti tout le temps dans so coin. Li pas ti pe cause avec personne, meme ene sourire pas ti ena lor so figir. Mais mo ti tout le temps conne li zis ale so l’ecole et retourner ».
Tout cela comme pour ajouter à l’incompréhension autour de ce drame.

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