François de Grivel : « Les entreprises industrielles ont besoin de travailler »

L’industriel François de Grivel, très connu à Maurice pour être à la tête d’une dizaine d’entreprises, explique que les sociétés industrielles sont prêtes à démarrer leurs activités. « Nous sommes prêts. Mais on se heurte à l’obtention du Work Access Permit, dont la livraison se fait trop lentement », dit-il, précisant que les entreprises industrielles ont « besoin de travailler, parce que les clients sont là ».

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Comment se présentent les préparatifs en vue de la levée partielle du confinement ?

Nous sommes prêts mais on se heurte à l’obtention du Work Access Permit, dont la livraison se fait trop lentement. Nous sommes bien conscients que le déconfinement officiel se fera à partir du 1er juin, mais les entreprises industrielles ont besoin de travailler, car les clients sont là. Ils sont présents. Le fret aérien a tendance à reprendre.
Nous risquons toutefois de perdre des marchés à cause de ce ralentissement en vue de l’ouverture des entreprises, et ce, en raison du Work Access Permit. Cela nous préoccupe beaucoup car toutes les entreprises sont prêtes à opérer en appliquant les règles sanitaires et hygiéniques nécessaires, dont la distanciation sociale. Nous avons pris toutes les dispositions afin d’éviter les contagions, mais pour l’immédiat, nous attendons toujours le Work Access Permit. C’est ce qui est le plus compliqué. Nous sommes toujours dans l’attente de leur octroi par les Casernes centrales.

Avez-vous déjà soumis des demandes en vue de l’obtention des Work Access Permits ?

On nous a demandé de soumettre notre demande par le biais de l’Internet. Au fur et à mesure, les entreprises le font. Le problème, c’est que nous ne recevons pas de réponses. Est-ce que leur système informatique est surchargé ou est-ce qu’ils sont en train de prendre des précautions additionnelles ? Nous ne comprenons pas, alors qu’il y a une urgence internationale pour reprendre. Beaucoup de pays dans le monde ont repris leurs activités. La France n’a d’ailleurs jamais arrêté complètement sa production. Il y a eu des confinements qui ont été mis en place, mais il n’y a pas eu d’arrêt industriel à 100%.

Vous dites que les clients sont là. Qui sont-ils ?

Il y a des clients européens, que ce soit en France, en Grande-Bretagne ou en Italie. Il y a aussi des clients américains. Ces derniers sont toujours réceptifs, mais nous courons le risque de les perdre au profit d’autres producteurs, que ce soit en Chine, au Vietnam… Ce qui représente un grand danger pour l’économie mauricienne. On parle de pertes d’emplois comme d’un grand danger, mais si on ne relance pas l’économie, la perte sera plus grande encore.

Pensez-vous que ce soit trop long que de prolonger le confinement jusqu’à juin ?

Oui, c’est un peu long. Aujourd’hui, il n’y a pas de cas déclaré officiellement. Il se peut qu’il y ait d’autres cas qu’on ne connaît pas. Toutefois, si on prolonge trop longtemps le confinement, cela sera extrêmement difficile pour les entreprises, avec pour conséquence qu’on risque de voir une flambée du taux de chômage.

Certains pensent que les activités économiques devraient pouvoir reprendre dès le 15 mai…

Je suis d’accord. Il faut que les activités reprennent dès le 15 mai. C’est très important.

Quels sont les produits que les clients étrangers recherchent en ce moment ?

Les produits mauriciens les plus recherchés sont dans le secteur du textile/habillement, mais il y a aussi d’autres produits. En ce qu’il s’agit du tourisme, cette activité dépend du trafic aérien, et cela prendra donc plus de temps. Quant au secteur manufacturier mauricien, nous sommes prêts à reprendre.

À votre propos, combien d’usines sont concernées ?

Une dizaine d’entreprises. Nous sommes tous prêts à reprendre immédiatement. Nous parlons donc de quelque 1 600 emplois dans le textile, l’horlogerie, la bijouterie, les figurines, les pinceaux d’artistes, qui sont tous prêts à commencer à reprendre la production sans délai.

Quelles précautions avez-vous prises ?

Les précautions sont la distanciation pour que les employés travaillent à une distance de deux mètres l’un de l’autre. Les employés vont aussi pouvoir se laver les mains régulièrement, plus de « sanitizers » sont disponibles. Il y aura aussi un contrôle de la température à l’entrée. Pendant les pauses pour le déjeuner ou pour le thé, les employés doivent pouvoir maintenir une distance entre eux.

Y a-t-il un système de rotation à l’intérieur des usines ?

On a organisé un système de rotations dans certains cas. Ce système est appliqué même pour le transport des passagers. Il y aura huit personnes par minibus. Ces derniers auront à faire deux voyages, au lieu d’un. Tout ce que nous attendons maintenant, c’est le Work Access Permit.

De combien de permis avez-vous besoin dans l’immédiat ?

De 1 500, et tout de suite. Une première partie devrait démarrer le 11 mai et une autre le 15. Comme je l’ai dit, nos clients internationaux sont très nerveux et sont impatients de recevoir leurs marchandises. Cela nous aurait peiné de voir que la production se fasse ailleurs qu’à Maurice ou qu’ils aillent chez d’autres fournisseurs, ce qui entraînerait une baisse des activités à Maurice. Notre but est d’éviter le chômage.

Devrait-on remplacer le Work Access Permit par un autre système ?

Tout ce qu’on demande, c’est une accélération du processus. Je ne sais pas s’il faut le remplacer ou pas. Je n’ai pas les moyens de juger. En tout cas, la communication est très bien faite. Il manque encore des tests de dépistage.

Quel regard jetez-vous sur l’économie en général ?

L’économie a été affectée par les problèmes rencontrés par l’industrie touristique. Les deux mois d’inactivité représentent un manque à gagner important et préoccupant. Maintenant, nous sommes dans une situation où tout est prêt à reprendre : la construction, le secteur manufacturier, le secteur des services, les TIC, etc. Je m’intéresse surtout à la relance, et pas à l’aspect politique de la relance.

L’annonce que Maurice puisse être sur la liste noire de la Commission européenne en tant que pays à risque en matière de blanchiment d’argent vous préoccupe-t-elle ?

Je ne suis pas assez expert pour m’aventurer dans ce domaine, mais je pense que le service financier mauricien doit analyser cet avertissement et cette indication de Bruxelles. Je suis convaincu qu’on peut rétablir la situation. Il faut savoir ce que demande Bruxelles et apporter les mesures correctives au plus vite. Le secteur financier doit s’intéresser à cela de près.

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