FUNÉRAILLES DE ROGER CERVEAUX : Mgr Piat, « Une voix qui porte du fruit »

Roger Cerveaux était un homme simple et discret mais « dont la voix portait loin », témoigne Maurice Piat. Une voix de « vérité » qui aura su « libérer l’identité créole de dessous la chape de plomb où elle était retenue ». Il était « The Voice de l’évangile » pour le père Alain Romaine qui le considérait comme son mentor. La messe de funérailles avait lieu hier après-midi à Beau-Bassin.
De Poudre d’Or, de Plaine-Magnien, de Goodlands, de Beau-Bassin… Des paroissiens, amis, catholiques, chrétiens, créoles, Mauriciens de toute l’île se sont rendus en nombre à la messe de funérailles de Roger Cerveaux. Un prêtre dont l’aura s’est frayée un chemin au-delà des limites des paroisses où il a servi.
Dans les mots de l’évêque de Port-Louis, Maurice Piat, Roger Cerveaux était une voix qui « portait loin ». « Nous n’oublierons jamais sa voix, une voix franche, chaleureuse, priante. C’est cette voix qui a chanté pour la première fois la liturgie en kreol », souligne Mgr Piat dans son homélie. Roger Cerveaux, un homme des « premières fois ». C’est lui, encore, qui initie l’église catholique mauricienne au « negro spirituals », « habillant » l’Évangile d’un kreol lui apportant « toute sa fraîcheur et sa force ».
Mais ce que la Nation retiendra de Roger Cerveaux, c’est ce terme qui fait date : « malaise créole ». Mgr Piat a rappelé ce 31 janvier 1993 où le père Cerveaux a poussé « un cri qui exprime haut et fort la souffrance des créoles marginalisés dans l’Église et la société mauricienne ». « Il a libéré l’identité créole de dessous la chape de plomb où elle était retenue. Et s’il y a eu progrès dans l’éducation au sein de la communauté, s’il y a une version créole du Nouveau Testament […], c’est grâce à ce coup de voix qui a porté du fruit ».
Une voix qui porte. « Elle retentissait avec force, elle savait se faire entendre avec douceur. » Pour l’évêque de Port-Louis, Roger Cerveaux était aussi cette « voix du vrai pasteur que les brebis savaient reconnaître avec amour ». Sa voix, douce ou retentissante, venait « d’une grande profondeur spirituelle, mystique même ». Si lui, qui « était attiré par la vie monastique », s’est décidé à être prêtre diocésain « c’est dans un esprit de service ».
Pour le syndicaliste Jack Bizlall, cousin par alliance du père Cerveaux, « se a nou pran an konsiderasion depi kot li vini, de Poudre d’Or ». « Roger sort depi enn lepok kot nou ti depans tigit, ti pe pans bokou, boukou pou lezot. Li vinn depi enn fami, la plus généreuse, otantik ki monn kone. Me linn viv dan enn lepok kot dimoun depans bokou, pans tigit. Ek ler Roger pe kit sa lemond-la, li pa finn andikape par enn sou laenn, enn sou zalouzi, ki nou finn akey nouvel so lamor avek enn gran serenite. »
Pour Jimmy Harmon, qui l’aura côtoyé la veille de son décès en Équipe d’Animation Pastorale (EAP), « Roger Cerveaux se sinbol ki nou finn gagn lazwa lor nou sime, enn zanfan Poudre d’Or avek enn mesaz profetik ».
Roger Cerveaux a été un homme qui « a tant cherché, tant chanté, tant souffert, tant donné », pour le père Alex Maca, « The Voice de l’Évangile » pour le père Alain Romaine, et « mystique, discrètement », dans les mots de Mgr Piat.

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