Gérard Sullivan : « La veuve joyeuse fait partie de notre patrimoine »

La Veuve joyeuse s’affiche en grand format sur l’autoroute depuis quelque temps. Mais la grosse cavalerie promotionnelle a décuplé son régime cette semaine avec l’inauguration d’une exposition sur l’art lyrique mauricien au Caudan, programmée jusqu’à la fin du festival lyrique, le 28 octobre, et une présentation à la presse de l’événement avec les principaux artistes et partenaires. Depuis lundi, les répétitions ont lieu in situ au J& J auditorium, tous les soirs pour la majorité des participants et en journée pour les professionnels. Leur rythme s’est intensifié depuis l’arrivée de la coach Eva Pons et encore plus avec le chef d’orchestre Martin Wettges, qui nous vient cette fois-ci de Norvège.

- Publicité -

Les participants étrangers au festival d’art lyrique, qui animera plusieurs lieux du pays du 18 au 28 octobre, sont unanimes à louer le dévouement et la passion de toutes les personnes qui s’investissent dans la préparation de cet événement organisé par Opera Mauritius. Qu’il s’agisse de Martin Wettges, d’Eva Pons, de Katrin Caine (qui vit depuis de nombreuses années à Maurice maintenant), ou même de Marc Gris qui vient au pays natal pour l’occasion, reprendre une carrière de chanteur lyrique interrompue il y a dix ans, tous se disent touchés par l’enthousiasme et la bonne humeur qui règnent parmi les nombreux contributeurs au festival.

Eux qui sont rompus à la fréquentation des troupes professionnelles en Europe et ailleurs, s’étonnent de voir des passionnés d’arts lyriques travailler avec un tel acharnement sur un projet, non pour faire carrière et gagner de l’argent (ils ne reçoivent qu’un défraiement pour les déplacements ainsi que des repas gratuits), mais véritablement pour le plaisir de chanter et d’en apprendre toujours un petit peu plus sur ce genre qui réunit tous les métiers du spectacle sur scène. Le fait est que les premiers partenaires et sponsors du festival et du spectacle qui y est créé, sont tous ces artistes amateurs, choristes et petits rôles, qui répètent depuis le début de l’année sans relâche et les différents bénévoles participants. Les artistes professionnels et les techniciens sont quant à eux rémunérés.

Gérard Sullivan, qui co-dirige cette opérette avec Angela Brandt, explique que cette œuvre de Franz Lehar est avec La mascotte d’Edmond Audran, le spectacle qui a marqué son enfance, et qui l’a ouvert au théâtre et au spectacle. Il aurait voulu s’arrêter après Sister Act, mais l’idée de monter La Veuve joyeuse l’a poussé à remettre l’ouvrage sur l’établi… S’il est une idée qui a convaincu Marc Gris, qui incarne le Prince Danilo, de participer à l’aventure, c’est bien celle de proposer un spectacle musical populaire et accessible au plus grand nombre. « C’est une idée malheureuse que de croire que l’art lyrique est un truc de riches. Il y a cinquante ans à Maurice, c’était un art vraiment populaire qui réunissait tout le monde, comme l’Opera Comique à Paris… »

Jeunes espoirs

Martin Wettges a rappelé les principaux enjeux de l’intrigue de cette opérette inspirée par une comédie française, que Franz Lehar a donc créée en allemand, mais dont la réadaptation en français par la suite, a permis de retrouver quelques éléments essentiels que la transposition en allemand n’avait pas permis de restituer. Le chef d’orchestre, basé en Norvège actuellement, ce pays où les hivers sont longs et la lumière rare, a particulièrement apprécié l’actuelle exposition de photographies et documents, présentée au rez-de-chaussée et au 1er étage du Dias Pier, au Caudan, qui montre la richesse du passé lyrique de Maurice, avec ses célébrités, Henri Wilden et autre Max Moutia, ses lieux fétiches tels que le Théâtre de Port-Louis et le Plaza qui brillaient alors de tous leurs ors, et les escales régulières de troupes lyriques en tournée.

À propos de l’orchestre de quelque cinquante-neuf jeunes musiciens allemands, qui vont débarquer le 11 octobre à Maurice, il n’a qu’un mot : « Ils sont l’avenir de l’Allemagne ! » Cela étant, s’il est heureux de permettre à ces jeunes compatriotes de vivre cette expérience de partage au cœur de l’océan indien, il regrette toutefois, comme il l’a confié au Mauricien après la conférence, qu’on ne puisse faire autrement : « Je trouve vraiment dommage de dépenser tout cet argent pour faire venir et séjourner cinquante-neuf personnes. Rien que ces frais pourraient financer la formation d’un compositeur mauricien pendant un an. Je pense par exemple à des jeunes comme Sébastien Domingue qui a fait l’orchestration des morceaux interprétés par Linzy Bacbotte, qui ont été ajoutés au spectacle. Il a tout le talent qu’il faut pour devenir un excellent compositeur, mais il lui manque la formation qui lui permettra d’exercer vraiment en tant que tel et de pouvoir faire carrière… »

Renseignements sur le site operamauritius.com

À côté de la veuve…

L’exposition photographique organisée par Caudan développement n’est qu’un prélude au festival en tant que tel qui commence en réalité par une soirée d’ouverture, gratuite et ouverte au public sur réservation. Programmée le 18 octobre, à la salle des fêtes du Plaza, cette soirée donnera lieu à une conférence de Robert Furlong sur l’histoire des arts lyriques à Maurice, suivie de la projection du Didon et Énée de Purcell, qui a été créé pour le festival international d’arts lyriques d’Aix en Provence, dans une mise en scène de Vincent Huguet et avec un prologue de l’écrivain, connue à Maurice, Maylis de Kerangal.

Le lendemain, le Conservatoire François Mitterrand proposera une grande traversée temporelle parmi les compositions mauriciennes, depuis les premières dont nous ayons trace au XIXè siècle, jusqu’à aujourd’hui, à découvrir à l’auditorium du Centre culturel chinois. Suivront le 22 octobre, la projection des « making of » de deux productions d’Opera Mauritius, à savoir Carmen en 2010 et La Traviata en 2012, puis le 24 octobre, une nuit des percussions animée par le multipercussioniste, Christian Bennig, et les musiciens du conservatoire François Mitterrand ; le 24 un concert conjoint des musiciens de Vent d’un rêve, et d’un quatuor extrait du jeune orchestre allemand ; puis, avant les trois dernières représentations de La Veuve Joyeuse, d’un récital de la soprane russe Natalia Savchenko du Théâtre national de Saint-Pétersbourg, accompagnée par Andrei Alekseev. Le mot de la fin à l’ambassadeur de Russie qui était présent à la conférence de presse : « Avec une vingtaine de théâtres d’opérettes en Russie, nous ne pouvions pas ignorer cet événement, qui se déroulera chez François de Grivel, à Saint-Antoine. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -