GOVERNMENT BUSINESS : Les voyages de Ramgoolam brouillent les cartes politiques

Le calendrier chargé de missions officielles du Premier ministre, Navin Ramgoolam, a pour effet immédiat de brouiller superficiellement les cartes sur le plan politique et surtout dans la perspective d’éventuelles élections générales anticipées avant la présentation du budget 2015 en novembre prochain. D’ailleurs, depuis ces derniers jours et à chaque contact avec la presse, il se fait un devoir de souligner que les élections générales ne sont pas pour demain car le mandat du présent gouvernement avec une majorité d’une voix n’expire qu’en 2015. Il l’a encore répété à deux reprises, hier matin, sur le terrain du Gymkhana, lors de la Passing Out Parade de 997 nouvelles recrues de la force policière. Sur le plan international, le chef du gouvernement a pris à contrepied le président des Etats-Unis, Barack Obama, au sujet des cas d’agression d’Israël contre la Palestine en affirmant être en parfait accord avec un boycott.
Au cours des sept prochaines semaines, Navin Ramgoolam s’apprête à entreprendre quatre missions officielles à travers le monde. Il a confirmé personnellement ces détails, hier. D’abord, vers la fin de la semaine, il devra se rendre aux Comores en vue de participer au sommet de la Commission de l’Océan Indien, où des dossiers d’intérêt commun pour les Etats du sud-ouest des Mascareignes seront abordés par les chefs d’Etat et de gouvernement, qui y feront le déplacement les 26 et 27 juillet.
Toutefois, le Premier ministre a mis l’accent sur cet engagement crucial pour Maurice. Il compte profiter de la présence du président français, François Hollande, pour évoquer des questions bilatérales et faire progresser des dossiers dans l’intérêt de Maurice. «Kuma monn dir le présidan Français pou la bas. Ena bann zafer ki mo pou koz ek li. Mo pou gagn lokasyon ankor enn fwa dan linteret Moris. Ena sertin kitchose ki mo pe rode gagner ek la France ek mo pou deman li», a-t-il déclaré.
Navin Ramgoolam n’a pas donné des détails sur la teneur de ses prochaines discussions avec le chef d’Etat français. Mais il n’est pas à exclure que la question du soutien de la France à la candidature de Jean-Claude de l’Estrac, actuel secrétaire général de la COI, en tant que successeur d’Abdou Diouf à l’Association Internationale de la Francophonie, devrait figurer à l’ordre du jour. Le soutien de Paris en faveur d’un des candidats déclarés devra constituer un avantage non-négligeable au moment du choix officiel du nouveau secrétaire général de la Francophonie lors du prochain sommet.
Aussitôt de retour à Maurice, le Premier ministre devra refaire ses bagages en vue de se rendre à Washington en vue de participer à la grand-messe Etats Unis/Afrique convoquée par le président Obama les 6 et 7 août. «C’est la première fois que les Etats-Unis organisent un tel événement en faveur de l’Afrique et ce n’est pas possible que Maurice brille par son absence à cette occasion», s’est-il appesanti.
«Li tré importan mo présan»
Mais avant l’US/Africa Summit, Navin Ramgoolam a été invité à une fonction officielle organisée par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Ce rendez-vous a été fixé pour le dimanche 3 août. «Lors de l’invitation, il a été question que je sois appelé à répondre au discours de circonstance du secrétaire d’Etat américain. Li enn lonneur pou Moris. De tous des pays invités, John Kerry a porté son choix sur Maurice. Difficile de ne pas répondre par l’affirmative»,a-t-il fait ressortir en substance.
Les 17 et 18 août sedéroulera au Zimbabwe, plus particulièrement aux Victoria Falls, le 34e sommet de la Southern African Development Community (SADC). «Sa usi li tré importan mo présan», trouve le Premier ministre, qui avait annulé à la dernière minute son déplacement en Guinée équatoriale pour le récent sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine en vue de privilégier les procédures menant à l’adoption par l’Assemblée nationale d’un amendement à la Constitution, les Transitional Provisions, pour éliminerl’obligation de la déclaration d’appartenance ethnique des candidats à des élections générales.
Le dernier déplacement à l’étranger emmènera le chef du gouvernement à l’autre bout du monde, soit aux îles Samoa, pour le Sommet des Petits Etats Insulaires (SIDS)  du 1eret au 4 septembre. «Apre sa pou ena konférans lor Samll Island Developing State. Zot pou diskit nou papye. Ankor enn foi li esansyel ki mo laba. Li enn long voyage. Ma pas interesser mais dapre moi pena choix», devait-il laisser échapper.
Avec ces missions officielles se pose la question du calendrier des travaux parlementaires. Après la séance de mardi prochain, devront intervenir les vacances d’hiver annoncées comme étant très courtes. D’habitude, à partir du mois d’août à octobre, l’hémicycle entre en hibernation. Mais après la prorogation du mardi 15 avril, l’on devrait voir le Leader of the Houseajourner l’Assemblée nationale à la mi-septembre.
Devant un tel scénario, Navin Ramgoolam a voulu couper court aux conjectures relatives à des élections générales anticipées. Il l’a fait à deux reprises hier. Lors de son intervention officielle pour la Passing Out Parade, il s’est évertué à remettre les pendules à l’heure quant au Timingdes promotions et de cet exercice de recrutement au sein de la police.
«Bizin  boycotter»
«I believe in motivating those who work. Automatic promotion cannot be good for the country. Those who make the effort and act with integrity and honesty need to be motivated and know that they can have a career and go right up. This is why there has been a delay. And when this is being done, some people are saying it is because election is near. Election is not near in any way. Government is elected for five years and it should do what it has to do irrespective of what happens later», a-t-il déclaré.
Plus tard, répondant à des questions de la presse, Navin Ramgoolam avec un sourire à décoder, laisse échapper : «Zot anvi galouper, beh galouper. Se tou ki mo pe dir.» Et sans plus. Il devait commenter le calendrier de consultations prébudgétaires établi au niveau du ministère des Finances. «Bann discussion ine kumansé. Pas a mo nivo selman. Inn ena enn travay preliminer avek le sekreter finansye  ki pe fer enn travay formidab. Bizin get osi dan nou moyens, pas kapav ferplis ki bizin»,a-t-il commenté.
Dans un autre ordre d’idées, le Premier ministre n’a pas mâché ses mots devant l’escalade de la violence au Moyen-Orient, avec Israël ciblant la Palestine. Il a fait part de sa déception devant la prise de position du président des Etats-Unis en faveur de Tel-Aviv dans ces représailles contre les Palestiniens. Il a répondu à ceux qui demandent au gouvernement de boycotter Israël.
«Bien bien grave. Totalema inakseptab. Mo inpé desu ki mo trouve presidan amerikin dir ki Israel gagn drwat defan li. Mai akoz trwa dimunn  mort to touye des centaines inosans, zenfants, madam tout. Inakseptab! Totalema inasektab. Mo truv ena dimunn pe dir ki bizin pran aksyon. Be nou desa fini pran aksyon depi Ariel Sharon mone pran sanksyon kont Israel. Bizin boycotter oui, pas kav laiss sa ale kumsa», s’est-il insurgé.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -