GRANDE GUERRE : Mur du souvenir, un moment émouvant

L’Institut français de Maurice (IFM), à Rose-Hill, a accueilli du 13 au 21 mai une exposition rendant hommage aux 2 231 Mauriciens qui se sont engagés auprès des troupes britanniques et françaises durant la Guerre 1914-18. Seconde partie d’un projet pédagogique des élèves de l’École du Centre et du Lycée Labourdonnais, cette réalisation, rendue possible avec le soutien de l’artiste Émilien Jubeau, était fort émouvante. C’est l’ambassadeur de France à Maurice, Laurent Garnier, qui avait procédé au vernissage de cette exposition en présence de l’invitée d’honneur à la cérémonie, la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim.
Un carré blanc pour les survivants, un carré gris pour les morts. Chaque élève participant de ces deux établissements se sont vus confier un lot de 14 carrés sur lequel ils devaient inscrire le nom, le prénom, le matricule du soldat, un ruban, un casque et, soit un bleuet, soit un coquelicot pour représenter les armées françaises ou anglaises respectivement.  Ces carrés, ensuite réunis, pour être cousus en 160 kakémonos, forment le mur du souvenir. Une oeuvre immense qui recouvre les trois murs intérieurs de la salle polyvalente de l’IFM et que le visiteur est appelé à lire, un à un, pour découvrir le nom de ces engagés, savoir si leurs parents ont été engagés auprès d’une des troupes et témoigner du lien qui s’est désormais créé entre ceux-là et les jeunes élèves à travers ce travail personnel d’écriture et d’art.
Point de consignes pour le lettrage ou le design de la fleur ou des casques. Chacun y va de son écriture personnelle et de son ressenti pour fabriquer son petit coquelicot ou bleuet à partir du feutre, de papier ou du fil. Un bouton de chemise des fois pour représenter le milieu du coquelicot. Le résultat est impressionnant.
Au total, ils sont 600 enfants, âgés de 10 à 18 ans, soutenus par une vingtaine de professeurs des deux établissements, à avoir travaillé sur le projet “L’île Maurice et la Grande Guerre”, démarré en 2014. Une manière de les garder vivants.
« Arrière-arrière grand-père »
Certains d’entre eux ont découvert que leurs arrières arrière-grands-parents y ont participé. Lors du vernissage à l’IFM vendredi dernier, les invités ont eu l’occasion d’entendre des poèmes et chansons évoquant cette période et le témoignage de Céréna Michaux, élève en CM2 à l’Ecole du Centre, qui a parlé de son arrière-arrière grand-père, engagé dans le bataillon de travailleurs mauriciens, parti de Rodrigues pour la campagne en Mésopotamie. La jeune élève a découvert le patronyme de son arrière-arrière grand-père en consultant le répertoire des engagés mauriciens à l’école. À ce moment-là, elle ne savait pas encore qu’ils étaient parentés. Elle en a parlé à la maison et sa mère lui a dit qu’il était peut-être de sa famille, car elle était originaire de Rodrigues. Lors d’un voyage dans l’île en février dernier, Céréna en a donc parlé à son arrière-grand-père, chez qui elle a aussi trouvé une photo de lui. « C’était très émouvant. J’étais fière parce que je sais qu’on n’avait aucune photo des hommes de ce bataillon. » Sur place, Céréna Michaux a poursuivi des recherches auprès d’autres familles rodriguaises qui avaient un des leurs engagés dans la guerre. « On a pu avoir des documents et une médaille de M. Agathe, qui y avait participé aussi. Au début, c’était un peu difficile parce que les familles avaient un peu peur de nous les confier. On pouvait comprendre : c’est des objets personnels », soutient au Mauricien Céréna Michaux, dont les grands-parents ont fait le déplacement de Rodrigues pour cette exposition.
Ce projet pédagogique a eu pour effet d’intéresser les jeunes à l’histoire également. Pavnya Mootoocurpen et Mégane D’Argent, toutes deux élèves en 5e et faisant parties du club d’histoire, ont été passionnées à poursuivre le travail commencé l’année dernière comme projet pédagogique.

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