GRAPHOLOGIE : L’experte Aline Ramassamy, « Ma spécialité est la détection de faux en écriture »

« La graphologie est un outil psychologique qui permet de déterminer notre personnalité et d’approfondir nos compétences. » C’est en ces termes qu’Aline Ramassamy – psychologue, graphologue et ethnologue – décrit sa profession. C’est de La Réunion, d’où elle est originaire, qu’elle s’est confiée au Mauricien lors d’une entrevue téléphonique. Elle explique que sa démarche est d’obtenir des écritures aux formes variées liées à la diversité des cultures de chaque pays. Et pour mener à bien son projet, son choix s’est porté sur les pays de la zone de l’océan Indien. « J’ai eu la possibilité d’étudier les écritures des Mauriciens quand j’ai écrit mon premier livre, en 2003. Je constate que la plupart des Mauriciens ont des écritures similaires. Je souhaite obtenir celles des Rodriguais et des Seychellois, et d’en faire une compilation. Je placerai les spécimens d’écritures que je veux retenir dans mon prochain livre et dans mes cours. »
Aline Ramassamy a cette faculté de déceler, à travers une écriture, l’état d’âme, voire certains comportements, de celui qui en est l’auteur. Une analyse de l’écriture graphologique lui a même permis de voir qu’une personne avait déjà tué quatre membres de sa famille. De même, elle a aussi analysé les écritures de candidats à la présidentielle française. « En entreprise, on fait aussi appel à mes services avant de procéder à un éventuel recrutement. Je suis capable de dresser un bilan élaboré car j’ai un diplôme en graphologie psychologique et une maîtrise en psychologie clinique. »
Une autre fois, son expertise graphologique lui a permis de résoudre une affaire de fraude bancaire à Maurice. Un cadre des médias avait alors fait appel à ses services pour une escroquerie dont sa soeur avait été victime. Celle-ci partageait un compte conjoint avec sa mère âgée jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive que Rs 250 000 s’étaient volatilisées, la banque insistant en affirmant, sans preuve à l’appui, qu’il s’agissait de sa signature. Mais Aline Ramassamy a démontré à la cour que cette signature était en réalité un faux et que l’auteur, qui voulait imputer ce tort à la soeur du cadre en question, n’avait fait qu’imiter celle-ci sur un document où elle avait écrit, de sa main, son nom et son prénom. Aline se souvient encore de cet instant : « Voir le sourire réapparaître sur le visage de cette femme a été une de mes plus grandes réussites. »
Aline Ramassamy dit aussi avoir une connaissance approfondie en ethnologie et en anthropologie, compétences qui lui permettent d’aller plus loin dans sa quête lors de la recherche de différents styles d’écriture. « C’est ma curiosité pour diverses cultures qui me poussent à faire un mélange de peuples car la diversité culturelle est certainement une grande richesse à connaître. Je suis ravie à l’avance de recevoir des écritures de Malgaches, de savoir comment ils écrivent, de m’attarder sur leur personnalité… Pour ceux qui ne savent écrire ni en français ni en anglais, ils peuvent m’écrire en malgache. Je ne le comprends pas, mais je regarde les formes, les tailles des lettres et les directions des lignes. Ainsi, je peux faire une analyse approfondie sans me tromper. »
Dévoiler la personnalité d’un individu uniquement par une analyse graphologique… Aline Ramassamy jubile rien que d’en parler. Il faut dire qu’elle connaît sur le bout des doigts son sujet, et ce sans peur de se tromper. Elle avance sur ce sentier périlleux avec assurance et, tel un musicien qui maîtrise à la perfection le solfège, elle décode l’écriture. Elle a d’ailleurs fait de la détection de faux en écriture sa spécialité. Elle affirme : « Je ne me trompe jamais quand je compare une écriture ou une signature suspecte avec des originaux, car je prends toujours le temps et les documents nécessaires pour découvrir la vérité. »
L’étude de « la sensibilité de l’être »
La graphologie, insiste notre interlocutrice, est avant tout l’étude du caractère d’une personne par le biais de son écriture. « Je suis capable, en comparant deux écritures côte à côte, de déterminer si un supérieur pourra s’entendre avec son employé. Je peux facilement reconnaître l’écriture d’un ouvrier par rapport à celle d’un cadre supérieur. Une écriture penchée vers la gauche exprime par exemple une souffrance. En fait, l’écriture évolue en fonction de la maturité et de la stabilité psychologique de l’individu. » Pour cela, Aline Ramassamy s’attarde sur la forme des lettres, la direction des lignes, la pression du stylo sur la feuille de papier. « En graphologie, on étudie la sensibilité de l’être. On peut voir si la personne est un décideur ou s’il subit. »Aline est dans son élément : elle peut parler des heures de sa passion, dont elle a fait sa manne quotidienne. Celle qui avait démarré comme institutrice se souvient avoir été autrefois complexée car elle n’avait pas, au départ, le baccalauréat. « J’ai choisi l’enseignement en suivant la voie de mon frère et de ma soeur. La graphologie m’a ensuite donné un regain de confiance. J’ai passé mon bac et, mon métier, je l’ai appris sur le tas. Il y a une capacité de paroles dans l’écriture. »
« Plus de 1 100 spécimens d’écriture »
Aujourd’hui, la graphologue cumule les diplômes et sa soif de connaissance n’a aucune limite. Aline  envisage même de donner des cours de graphologie à partir de la fin novembre à Saint-André, à La Réunion, de même que dans trois autres villes de l’île soeur. « J’attends de voir si j’ai des demandeurs dans cette filière venant de Maurice, de Madagascar ou de Mayotte. Ce sera sous la forme d’un séminaire de quelques jours par modules. Ce cours permettra aux intéressés de connaître mon métier s’ils veulent l’exercer. Car comme j’arrive à l’âge de la retraite, je souhaiterais qu’il y ait une relève. »  
Ces cours sur trois modules traiteront de l’initiation à la graphologie, avec un examen au bout du cursus pour l’obtention d’un diplôme. Le deuxième module, “Graphologie approfondissement”, englobera, lui, quelques notions de psychologie clinique pour permettre de mieux comprendre la nature humaine. Enfin, le troisième module traitera de la professionnalisation et de la détection de faux en écriture. Pour cela, elle a besoin de différents exemples d’écritures pour illustrer ses notions théoriques. Aline en profitera pour écrire un livre sur la graphologie tout en donnant ses cours. Son premier ouvrage, Les Français : des écritures anciennes aux écritures modernes, avait reçu un accueil chaleureux à sa sortie, en 2003. « J’ai travaillé sur plus de 1 100 spécimens d’écritures. »
Fière de sa carrière, Aline dira, dans un grand éclat de rire : « Je ne lâche jamais un rapport, je dois toujours trouver le dernier bout. » Elle a choisi de se faire connaître sous le sobriquet de Hassadia, qui signifie “Amour de Dieu”. « Je suis chrétienne évangélique et mon nom de plume, je l’ai emprunté dans une encyclopédie biblique. Je marchais à Madrid et je suis tombé devant un grand panneau sur lequel on pouvait lire “Amor de Dios” et Hassadia est précisément ce qui me correspond. »
Tout comme ses écritures empreintes de sensibilité, qu’elle décortique à longueur de journée, Aline a appris à son tour à se libérer émotionnellement à travers l’écriture. Cela va de soi. Aline Ramassamy  parvient aussi à insuffler sa passion à d’autres. Ceux qui veulent bénéficier de ses conseils peuvent la contacter en lui écrivant (Aline Ramassamy – 887, chemin Maunier, appt 4 – 97 440 Saint-André, La Réunion) ou par téléphone (0262472343 ou 0692015366).

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