GUIDELINES POUR LE CSR: Aurore Perraud déplore l’absence de secteurs d’intervention prioritaires

Aurore Perraud avait présenté une motion d’annulation concernant le GN 52, qui établit la liste des secteurs d’intervention prioritaires qualifiés pour avoir droit au soutien financier du National CSR Fund. Aux petites heures ce matin, elle a déploré l’absence de plusieurs secteurs des guidelines publiées la semaine dernière. Le fait que les nouvelles directives ne fassent pas mention de « substance abuse », de la réhabilitation des ex-détenus et du problème des grossesses précoces inquiète les Ong engagées dans ces secteurs. Elles craignent de ne plus pouvoir avoir accès au NCSR Fund. La motion a été rejetée après l’intervention des ministres Alain Wong et Prithiviraj Roopun, et du député Aadil Ameer Meea.
Aurore Perraud a, dans son intervention, insisté sur l’historique et la vocation du CSR, qui est de « venir en aide à ceux vivant dans la pauvreté absolue ». Pour elle, à première vue il n’y a aucun problème avec les détails des directives proposés par le ministère de l’Intégration sociale. Mais c’est en étudiant les détails, dit-elle, qu’on se rend compte des changements fondamentaux qui y ont été apportés. Elle a comparé la liste des secteurs prioritaires publiée cette année avec la précédente liste pour démontrer qu’il n’y avait plus de références aux substances illicites, à la réhabilitation des ex-détenus et au problème des grossesses précoces. Pour ce qu’il s’agit des substances illicites, Aurore Perraud a observé que le gouvernement se gargarise avec des déclarations concernant la lutte contre le trafic de drogue. Or, dit-elle, dans le concret rien n’est prévu pour la réhabilitation et la réinsertion de ceux qui veulent sortir de l’enfer de la drogue et de l’alcoolisme. Les organisations engagées dans ce secteur d’activité sont inquiètes qui craignent qu’elles ne puissent plus continuer faute de financement. « L’action doit suivre la parole », a déclaré l’ancienne ministre de l’Égalité des genres.
Concernant la réhabilitation des ex-détenus, Aurore Perraud a souligné le travail abattu par les ONG pour les aider à retrouver une vie digne dans la société et déplore que contrairement aux précédentes listes aucune mention ne soit faite pour ce qui les concerne. Pour la troisième catégorie vulnérable, celle des grossesses précoces, Aurore Perraud a souligné la nécessité de former et soutenir les adolescentes concernées. Or encore une fois aucune référence n’est faite dans la liste des problèmes prioritaires.
Pour la députée du PMSD, les guidelines ne reflètent pas la réalité du terrain et ont été élaborées sans aucun dialogue avec les principaux concernés. Elle déplore également la façon de procéder du ministère de l’Intégration sociale. Après deux ans d’attente des guidelines, relève-t-elle, le ministère a donné deux semaines aux ONG pour soumettre leurs projets, ce qui est inacceptable. Elle s’est finalement élevée contre une ligne figurant dans le GN 52 pour préciser que le ministre pourra recommander aux NCSRF « such other areas that the minister will determine ». Pour elle, cette phrase ouvre la porte à tous les excès et devrait être enlevée.
Répondant à la députée, le ministre Alain Wong a rappelé que le ministre des Finances avait annoncé six secteurs prioritaires l’année dernière, à savoir l’allégement de la pauvreté, le soutien à l’éducation, les logements sociaux, le soutien aux personnes autrement capables, les problèmes de santé découlant de l’abus de substances illicites et la protection familiale. Cependant, à la lumière de différentes demandes qui ont été formulées, il a fallu ajouter le sport et les loisirs, l’environnement et le développement durable, la paix, le nation building et la sécurité routière. « We also ensured that CSR Funds are used to target individuals and families who are really in need of support. This is why the priority areas specified in GN 52 of 2017 targets families and individual (a) registered under the Social Register of Mauritius, and (b) vulnerable groups under the charter of the National CSR Foundation », a dit le ministre. Il a conclu en affirmant que la lutte contre la pauvreté est un combat très dur et de longue haleine. « La pauvreté adopte des figures changeantes au fil du temps et il serait déraisonnable pour nous tous, gouvernement, compagnies et ONG, de ne pas nous adapter aux changements et ne pas nous offrir les armes qu’il faut pour ce combat », dit-il.
Le député Aadil Ameer Meea a également fait l’historique du CSR en insistant sur le fait que le but initial de ce projet était la lutte contre la pauvreté absolue. Il a observé que chaque ministre des Finances a essayé d’imposer sa conception du CSR sur la population. Il a souligné le travail abattu par les ONG, qui font un travail que le gouvernement n’est pas en mesure de faire. Aadil Ameer Meea s’est longuement appesanti sur la décision du ministre Lutchmeenaraidoo, « qui avait donné lieu à tous les abus ». Il a rappelé que quelque Rs 100 M avaient été mises à la disposition de Lovebridge au détriment des autres organisations et en l’absence de toute transparence. De plus, il a expliqué qu’il n’y a eu aucun rapport sur les activités CSR dans le pays. Il s’est élevé lui aussi contre les pouvoirs accordés au ministre de l’Intégration sociale, qui pourrait s’il le souhaitait ajouter par exemple la plongée à la liste prioritaire, ce qui serait absurde. Il s’est demandé pourquoi la sécurité routière faisait partie des priorités du CSR. « Déjà des millions de roupies sont puisées de la poche des consommateurs pour la route et la sécurité routière à travers les ponctions sur l’essence et le diesel ». Il a aussi dénoncé le fait que les fonds du CSR soient également utilisés pour l’installation des « wifi hotspot ». Il a exprimé sa crainte que l’argent du CSR, qui n’est pas une taxe sur les compagnies, soit utilisé pour le financement des projets gouvernementaux. Il a finalement insisté sur l’importance d’établir des paramètres légaux afin d’assurer la transparence en ce qui concerne l’utilisation des fonds.
Pour sa part, le ministre de la Culture, Pritiviraj Roopun, s’est demandé ce qui se produirait si la motion était adoptée. « Il aurait fallu qu’on retourne au système qui existait auparavant », a-t-il observé. Or, la priorité du NCSRF est de se pencher sur le sort des plus vulnérables. Il a réassuré les membres du parlement et la population sur l’engagement du gouvernement à tout mettre en oeuvre pour aider les plus vulnérables en toute transparence.
Résumant les débats, Aurore Perraud a affirmé que les arguments mis en avant par les ministres n’ont pas convaincu l’opposition et maintenu sa motion qui a été rejetée par la majorité au terme des débats qui ont pris fin à 2 h 30 ce matin.

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