HALTÉROPHILIE : Le SOS des haltérophiles à leur fédération

Ils étaient une dizaine d’haltérophiles à avoir attendu jusqu’à 17h30 vendredi à Vacoas pour une rencontre avec les dirigeants de la Fédération mauricienne d’Haltérophilie. A  l’agenda de cette réunion un cri de coeur, un SOS est-on plus à même de dire pour ces «derniers des Mohicans» d’une discipline qui vogue en eaux troubles depuis bientôt deux décennies. La demande des athlètes – réunis dans le bureau dépourvu de tout matériel  administratif  et de gestion de la FMH et où se dégage une forte odeur de cancrelats morts – est assez simple : la fin des conflits et la relance de cette discipline.
On aurait pu penser qu’une solution était possible, si d’aventure ceux qui sont responsables de cette situation avaient, ne serait-ce qu’un peu de courage pour se présenter devant les athlètes.
Entre responsabilité et lâcheté, il va sans dire que Nundkishor Fakun a déjà fait son choix.  Un choix sans équivoque et qui démontre au grand jour son objectif.  Par contre, Richard Doolaul, Mohit Ramnath, Poorun Bhollah et Ishwar Bulka, les ex-membres du comité directeur de la FMH ont, eux,  choisi d’être autour de la table de discussions avec les athlètes. Surtout pour écouter, car eu égard à la situation, ces ex-dirigeants de la FMH ont très peu de marge de manoeuvre pour proposer, voire dégager des solutions. D’autant plus que lorsque les sacs se sont vidés et les langues se sont déliées vendredi soir, la situation des haltérophiles est désormais une tragédie nationale. Si rien n’est fait dans les heures qui viennent, des conséquences très lourdes sur le plan humain sont à prévoir.
Roliya Rannaivosoa était au bord des larmes lorsqu’il a été appelé à s’exprimer. Sa voix tremblait si fort qu’elle a eu à puiser dans ses réserves vocales pour se faire entendre. «J’ai  un sentiment de découragement. J’ai comme l’impression que je suis rien. Que mes performances ne comptent pour rien. Que mes efforts à l’entraînement ne servent à rien. Nous népli ena valeur. Nous perna moyens, car nous pas koné ki pé passé. Nous juste pé lire dans journal qui M. Fakun dire qui li président fédération. Mais kot li zordi? Kot li kan nous so ban athlète nous pé bizin li pour défan nous devant ban l’autorités. Depuis Jeux des Iles mo pas fine trouve li. Aucune compétition li pâs fine organisé et kan fer en compétition nous résultat pas pé compte pour ki nous gagne en ti-bourse avec ministère», confie-t-elle d’une voix nouée.
Drame humain
Pour cette jeune haltérophile qui  a défendu les couleurs de Maurice aux derniers Jeux des Iles aux Seychelles, la situation des haltérophiles à Maurice est pire que «moins que rien». «Nous n’avons pas de bourse, mais pour pouvoir nous entraîner, il nous faut des protéines qui coûtent pas moins que  Rs 3000 une boîte. M. Fakun ne semble pas savoir nos problèmes, car il n’est jamais présent à Vacoas», ajoute encore Roliya Rannaivosoa. La description de la situation donnée par cette dernière explique dans une très large mesure que le fond a été atteint au sein de l’haltérophilie mauricienne. Sans hésiter, nous qualifierons la situation de vrai drame humain, puisque ces athlètes de la République sont définitivement des laissés pour compte.
Ravi Bhollah, qui au nom des ses paires a demandé cette réunion trouve pour sa part «qu’il est dommage que les choses  soient arrivées à ce niveau.» «La perte de la reconnaissance du ministère de la Jeunesse et des Sports est un drame pour nous tous. En particulier les athlètes. Nous ne savons plus quoi faire et aussi sur quel pied danser. Nous ne savons pas si nous pouvons continuer à occuper le gymnase. Nous ne savons pas quoi faire si un athlète se blesse à l’entraînement, ni nous ne savons ce qu’il adviendra de nos bourses de haut niveau et encore moins si nous pouvons participer dans des compétitions à l’étranger», souligne Ravi Bhollah.
«Ki Missié Fakun pé géré?»
Avec une approche de  nonchalance qu’a adoptée le MJS sur ce dossier ,il va sans dire que ce n’est pas demain la veille qu’une solution va être trouvée. Car s’il est vrai de dire qu’une lettre a été émise pour convoquer une réunion, le fait demeure qu’aucune date n’a été fixée à ce jour. Dans cette guerre «entre maman et papa», comme l’a qualifiée l’haltérophile Yanneize Auckloo, c’est encore une fois les sportifs qui sont les premières victimes. «Je ne comprends pas comment un président de fédération, que je n’ai jamais vu au  gymnase du reste, ne peut avoir le temps et les moyens de faire le trajet Curepipe-Vacoas pour voir ses athlètes. Mais il trouve le moyen de se déplacer à Baku en Azerbaïdjan et se faire photographier avec les responsables de la fédération internationale. Sans nous perna fédération et mo demand moi ki Missié Fakun pé géré, si li dire li encore président sa fédération-la?», soutient Yanneize Auckloo.
L’ex-président-secrétaire de la FMH, Pooran Bhollah, a tant bien que mal décidé de calmer et rassurer les athlètes devant leur décision de stopper les entraînements. Mais il n’en fut rien, surtout que dans son intervention, il a dit son étonnement devant les affirmations des athlètes qui disent n’avoir rien reçu de la fédération comme récompense financière après les Jeux des Iles. «Autant que je sache, un chèque de Rs 71 000 a été tiré et encaissé de nos comptes pour récompenser les athlètes après les JIOI. Aujourd’hui, je suis stupéfié d’apprendre qu’ils n’ont rien obtenu. C’est grave et une enquête est nécessaire», a confié Pooran Bhollah.
Ce dernier a promis aux athlètes qu’il fera le nécessaire pour parler avec le ministre de la Jeunesse et des Sports pour assurer la continuité au niveau des entraînements, des compétitions et des déplacements à l’étranger. «Nous n’avons pas de groupe au sein de la fédération, mais des différends sur le principe. Je crois que c’est pas un problème grave, mais que ceux qui ont à coeur ce sport et surtout ceux qui ont des vrais clubs d’haltérophilie s’unissent pour sauver ce sport», soutient Poorun Bhollah.
Malgré les tentatives de persuasion de ce dernier, les athlètes ont bien décidé de stopper les entraînements d’haltérophilie, le temps d’obtenir des réponses à leurs questions.

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