HIPPISME: Le trois à la suite de l’écurie Rousset

La saison 2011 a vu la consécration, pour la troisième année consécutive, de l’écurie Gilbert Rousset. Un titre mérité certes, mais ô combien difficile à acquérir et qui  met en relief tout le sérieux et le professionnalisme de cette formation, dirigée de main de maître par le tandem Gilbert Rousset-Soodesh Seesurrun. Chez les jockeys, c’est l’inégalable Robbie Burke qui enlève la palme pour la deuxième année de suite alors que Rai Joorawon savoure son troisième titre consécutif chez les Mauriciens non sans avoir été au creux de la vague en début de saison. Quant à Acuppa, il a brillamment succédé à Disa Leader dans la course au titre de Cheval de l’Année.
Si l’écurie Gilbert Rousset s’est adjugé le titre en 2010 avec 41 victoires pour des gains s’élevant à plus de Rs 12,2M, cette saison, elle a fait mieux avec 54 gagnants pour des gains taquinant les Rs 15M. Au vu de ces statistiques, d’aucuns diront que la bande à Gilbert Rousset a survolé l’exercice 2011. Mais comme les statistiques ne reflètent pas souvent la réalité, force est d’admettre que le titre, pour le conserver, l’écurie Gilbert Rouset a dû se battre tout au long de la saison avec une étonnante formation Gujadhur, qu’on n’attendait pas à pareille fête. D’aucuns s’accordent à dire que Gilbert Rousset et consorts ne doivent leur salut qu’à la victoire de Green Keeper dans la Coupe d’Or. Un dernier classique qui , en revanche,est resté au travers de la gorge de la plus vieille écurie du turf et qui a fait couler beaucoup d’encre.
On se souvient que l’entraîneur Ramapatee Guajdhur était allé aussi loin jusqu’à parler de « mariage entre deux jockeys » qui a éventuellement permis, toujours selon ses dires, à Green Keeper de « steal the race. » Si la relation entre l’état major de l’écurie Gujadhur et le MTC n’était déjà pas au beau fixe en raison d’une dérogation spéciale que le MTC pouvait s’arroger le droit d’accorder à Disa Leader pour une éventuelle participation dans le Maiden 2011, force est de reconnaître que cette fameuse course du samedi 29 octobre 2011 fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les deux parties ne se trouvent, désormais, plus sur la même longueur, après s’être affrontées, des fois violamment, par communiqués interposés, avant de se retrouver devant la GRA juste avant la fin de l’exercice 2011.
Car cette Coupe d’Or, l’écurie Gujadhur l’a voulait tant – elle qui a enlevé le Maiden avec Senor Versace, piloté par Mark Neisius et qui a réussi le rare exploit d’avoir placé ses trois représentants dans les quatre premiers à l’arrivée de cette épreuve de Groupe 1 – car elle lui aurait garanti le titre d’écurie championne, un titre qui le fuit depuis 1976 et qui aurait couronné une saison exceptionnelle qui la vit ramener 52 gagnants avec plus de Rs 13,2M comme stakes money. De mémoire des turfistes, c’est la plus belle saison de la casaque bleu électrique à écharpe rouge en plus d’un siècle d’existence.
Une saison faste qui porte les griffes d’un certain Robbie Burke, qui après avoir tout écrasé sur son passage pour une première année au Champ de Mars sous les couleurs de l’écurie Maigrot, posa, à la surprise générale, ses valises à l’écurie Gujadhur pour l’échéace 2011. Un choix qui s’avéra judicieux car, au bout de 36 longues journées, l’Irlandais termina sa saison sur la plus haute marche du podium avec 48 victoires, soit 13 de mieux qu’en 2010. Ce deuxième sacre, Burke le mérite amplement, lui qui ne s’épargne aucune peine dans la préparation de ses chevaux tant à Port Louis qu’au Centre Guy Desmarais à Floréal.
Sa consécration, il l’a forgée dans la deuxième partie de la saison, qui le vit ramener pas moins de 30 gagnants alors que son challenger Johnny Geroudis éprouvait du mal à maintenir une cadence qu’il avait lui-même imposée lors des vingt premières journées. Une seconde tranche où Burke assomma ses adversaires à coups de doublés (23e, 30e et 34e), triplés (21e, 26e, et 29e) et quadruples (20e et 22e). Des performances exceptionnelles qui lui donnèrent le souffle nécessaire pour résister à une ultime attaque de Geroudis dans les dernières journées de la saison. Le Sud-Africain, qui avec 46 victoires, n’a pas démérité, mais force est de constater qu’il n’a qu’à s’en prendre à lui-même si, at the end of the day, il ne fut pas couronné jockey champion. Petit de taille mais grand par le talent, Geroudis a malheureusement perdu quelques courses imperdables tout au long de la saison, héritant tantôt de malchance,péchant tantôt par un excès de confiance. Les défaites de Pardon Me Boy (3e), Cheerful News (13e et 26e), Captain’s Cheer et Waterside Jet (16e), Honour In Gold (18e), Tamworth (20e) et Druid’s Moon et A Quiet Rush (30e) pour ne citer que celles-là, sont toujours vivaces dans les esprits de ses fans.
Dans l’ombre de ces deux excellents cavaliers, c’est la silhouette de Rai Joorawon qui s’amène. L’enfant terrible de Morcellement St André a, une nouvelle fois donné un aperçu, si besoin est, de tout son talent quand il décide de mettre la tête au travail. Nageant en eaux troubles en début de saison, Joorawon ne s’en est sorti que grâce à Alain Perdrau. Ce dernier, pas satisfait de la performance de son jeune jockey Brendon Lerena, qui avait la lourde tâche de faire oublier le grand Glen Hatt, devait lui donner sa feuille de route au bout de la 16e journée. En attendant de trouver une autre cravache, Alain Perdrau confia quelques montes à Joorawon, « histoire de voir comment ça se passe », pour reprendre les mots exacts de l’entraîneur. La suite on la connaît. De nouveau jockey, Alain Perdrau n’en signera aucun car Joorawon s’avéra être le parfait substitut, ramenant pas moins de 20 victoires à l’écurie. Son association avec des chevaux tels que Southern Heights, Divine Crusader et Bolting Cat sont des faits marquants de la saison. L’histoire retiendra que c’est avec Bolting Cat qu’il offrit à Alain Perdau la 500e victoire de sa carrière d’entraîneur alors que quelques semaines plus tard, il accrochait, toujours avec le même cheval, sa 200e victoire. Il est d’ailleurs le premier jockey mauricien à atteindre ce chiffre mythique. Mais Rai Joorwon est et restera toujours Rai Joorawon. Le 24 septembre dernier, alors qu’il était en selle sur le favori Star Billing dans la 7e épreuve, il monta une course ni plus ni moins scandaleuse à tel point qu’il s’attira les foudres du public. Cette course lui a valu d’ailleurs une suspension de trois semaines. En début de saison, un produit prohibé avait été décelé dans son urine, ce qui donna lieu à une enquête des Racing Stewards. Mais Joorawon a du talent à en revendre. Capitaine de l’équipe Maurice lors du Week-End International, il fit étalage de toute sa classe face à quelques-uns des noms ronflants du turf régional et mondial, en conduisant, à lui seul, Sea Of Galilée, Tizaloochee et Diamond Light à la victoire.
Accupa, cheval de l’année
Du talent, Acuppa en a également. Pour une première saison au Champ de Mars, le courageux coursier de l’écurie Gujadhur a tout écrasé sur son passage ou presque. Malheureux dans le Maiden et la Coupe d’Or, ce coursier à l’accélération foudroyante, s’est offert 5 victoires et 5 accessits, dont 5 deuxièmes places en dix sorties. Véritable machine à courir, Acuppa a formé un duo de feu avec le jockey Robbie Burke. Du reste, celui-ci  le tient en très haute estime et pense qu’il sera encore plus fort la saison prochaine. En sus d’être couronné meilleur 4-ans, il succède aussi à Disa Leader comme Cheval de l’Année. L’ex crack de Gilbert Rouset s’est vu contraint d’aller évoluer sous d’autres cieux – en raison des lourds handicaps qu’il aurait eu à porter au Champ de Mars – non sans avoir ridiculisé l’opposition dans le Barbé.
Bref, on est tenté de dire que la saison 2011 a été plutôt correcte dans l’ensemble où les courses, à quelques exceptions près, se sont déroulées comme on l’espéraient et où les vainqueurs étaient plus ou moins attendus. Ce n’est pas pour autant qu’il doit y avoir relâchement au niveau de la vigilance car 2012 sera une année charnière pour le MTC. En effet, le Club de la rue Eugène Laurent fêtera ses 200 ans d’existence. Une saison 2012 qu’on nous annonce déjà comme exceptionnelle avec plusieurs surprises de prévues et qui se tiendra, valeur du jour, sans l’écurie Ramdour qui n’a pas vu sa licence être renouvelée par les dirigeants du MTC en raison de son parcours 2011 catastrophique.

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