- Le Pape François : « En dépit de la croissance économique de ces dernières décennies de votre pays, ce sont les jeunes qui souffrent le plus »
- Rendez-vous réussi hier du souverain pontife avec les îles des Mascareignes, en l’occurrence les Seychelles, La Réunion, les Comores, les Chagos, Agalega, Rodrigues et Maurice
- Clin d’œil papal aux détenus, qui ont suivi le programme Alpha et qui ont écrit au Pape François
Après le passage du Pape François hier au Monument Marie-Reine-de-la-Paix, pour célébrer la messe marquant le 155e anniversaire de la mort du Bienheureux Père Laval, l’expression « être noir de monde » pourrait facilement être « vert de monde ». En effet, quelque 100 000 personnes, chiffre avancé par l’agence de presse italienne, Ansa, ont brandi des feuilles de palmiste multipliant pour accueillir le distingué visiteur à son arrivée dans la papamobile peu après midi, hier, recouvrant tout de vert l’esplanade surplombant la capitale sous un soleil radieux, et ce pour le décor de cette visite.
Pour le fond, le Pape François joue la carte de la jeunesse, avec un message des plus forts, rappelant la réalité des jeunes de Maurice. « C’est dur de la dire mais en dépit de la croissance économique que votre pays a connue ces dernières décennies, ce sont les jeunes qui souffrent le plus », a-t-il dit. Il ne manquera pas également de souligner les méfaits du fléau de la drogue affectant surtout et avant tout la jeunesse.
Pour ce qui est du rayonnement de cette visite, il ne se limite pas aux rivages de Maurice, avec les îles des Mascareignes, dont les Seychelles, La Réunion, les Comores, les Chagos, Agalega, Rodrigues et Maurice. Toutefois, même si les grandes préoccupations de l’heure retiennent l’attention, le souverain pontife a eu une pensée particulière pour les détenus de la prison de Beau-Bassin, qui ont suivi le programme Alpha et qui lui ont adressé une lettre à cet effet. À la fin de la célébration au Monument Marie-Reine-de-la-Paix, il a de même eu un mot spécial à leur intention, alors que 144 prisonniers, ayant fait preuve de bonne conduite au cours de ces 12 derniers mois, ont bénéficié d’une remise de peine d’un mois suite à une décision de la présidence de la République.
Dépassant le cadre religieux de la messe célébrée le jour du pèlerinage du Père Laval, décédé il y a 155 ans de cela, le Pape François a évoqué la situation des jeunes à Maurice. Un véritable cri du cœur venant du Vatican mais qui apporte du réconfort à cette jeunesse mauricienne. « Les jeunes sont victimes du chômage, qui représente une incertitude pour l’avenir et qui les pousse à douter de leur rôle dans la société. Cette incertitude au sujet de l’avenir les pousse à être en marge de la société. Ils sont vulnérables et sont sans recours devant les nouvelles formes d’esclavage du XXIe siècle », déclare-t-il au beau milieu de son homélie à la mission du Père Laval, l’apôtre des Noirs et de l’île Maurice. Le fait exceptionnel de cette partie des célébrations, marquées par la ferveur et le recueillement, des applaudissements de la foule se font entendre.
Mais la dernière phrase de ce volet de l’homélie portant sur les réalités quotidiennes de Maurice est encore plus « assassine », surtout venant de la bouche du Pape. « Let us not allow those who deal in death to rob the first fruits of the land », selon la version officielle mise en ligne par le service de presse du Vatican ou encore la version traduite par le Père Philippe Goupille : « Ne laissez pas les marchands de la mort voler les prémices de cette terre. »
La messe célébrée en majeure partie en français par le pape pour le pèlerinage du Père Laval représente une consécration du Monument Marie-Reine-de-la-Paix, un haut lieu dans l’histoire du diocèse de Port-Louis avec tous les événements contemporains s’y déroulant. Probablement conquis par l’emplacement dominant Port-Louis, le Pape François a dressé un parallèle avec le Mont des Béatitudes. « At the foot of this mountain which I would like to be the Mount of the Beatitudes, we must also discover a new Christ call to be blessed », ajoutera-t-il.
Au tout début, comme pour confirmer que la visite du Pape à Maurice constituait le rendez-vous des îles des Mascareignes, les premières phrases de l’homélie donnent le ton de la bouche du souverain pontife, soutenant que « here, before this altar dedicated to Mary Queen of Peace, on this mountain from which we can see the city and the sea beyond, we are part of a great multitude, a sea of faces come from Mauritius and other islands of this Indian Ocean region ».
De son côté, le Cardinal Maurice Piat, Évêque de Port-Louis, ne pourra que souscrire à la dimension océanique de l’événement lors de ses remerciements au chef de l’Église catholique. À cet effet, il trouvera que « même si nos îles (les Seychelles, La Réunion, les Comores, les Chagos, Agalega, Rodrigues et Maurice) sont petites et éloignées, elles sont comme des grains de sable au fond d’un sceau ».
Les représentants de chacune de ces îles ont participé aux célébrations en avant-plan, notamment lors de la tranche des prières universelles. La diversité culturelle de Maurice s’affichait à l’autel du Monument Marie-Reine-de-la-Paix, au moment de l’offertoire, avec la famille Alexis venant des Chagos, les couples Tyack, Veerapen, Provençal et Chang, défilant devant le principal célébrant de la messe.
En conclusion et dans ses remerciements, l’évêque du diocèse de Port-Louis dira simplement : « Le peuple de Maurice dans son ensemble (en énumérant les différentes religions présentes dans l’île) vous adresse sa profonde reconnaissance. »