HÔPITAL DE FLACQ : La suspension de l’anesthésiste dans l’attente d’une enquête soulève des interrogations

Depuis le lundi 6 mai, un anesthésiste de l’hôpital de Flacq a été suspendu de ses fonctions suivant une décision du ministère de la Santé. Sanction prise à la suite d’un cas rapporté de négligence médicale sur un nourrisson qui s’est retrouvé, après sa naissance, brûlé au 2e degré et a dû être amputé de deux doigts. Dans le milieu hospitalier, cette sanction prise en attendant les conclusions d’une enquête dirigée par la magistrate Raatna Seetohul-Toolsee sur les circonstances dans lesquelles ce nourrisson a subi de fortes brûlures corporelles, est diversement commentée. D’aucuns s’interrogent sur l’implication de l’anesthésiste sanctionné alors que toute une équipe médicale était présente en salle d’opération lorsque l’enfant a été brûlé.
Les brûlures sur le corps du premier enfant des Beeharee, de Belvédère, qui a dû aussi être amputé de deux doigts de sa main droite pour éviter des infections, suscitent de nombreuses interrogations. Depuis le 22 avril, date à laquelle cet incident malheureux est survenu à l’hôpital de Flacq où Manisha Beeharee a donné naissance à une fille, plusieurs questions fusent quant aux circonstances qui ont mené à une telle situation nécessitant jusqu’à l’amputation de deux doigts du bébé, depuis transféré à la Burns Unit de l’hôpital Victoria. Pour rappel, ce bébé, né le 21 avril, a subi une intervention le lendemain de sa naissance car il y avait, selon les médecins, un problème avec ses intestins. Il a ensuite été placé en soins posts-opératoires. Mais le lendemain, ses parents apprennent que le bébé a été transféré à l’hôpital du Nord qui dispose d’appareils plus sophistiqués pour le prendre en charge. Ce n’est que là que ses parents apprendront que leur bébé avait été brûlé au 2e degré sur la partie droite de son corps, plus particulièrement sa main et son pied droits alors qu’il était en salle d’opération à l’hôpital de Flacq. Le lendemain, une nouvelle pire encore les attendait: l’amputation des deux doigts de la fillette pour éviter les risques d’infection. Le nourrisson a ensuite été transféré à Candos.
Bouc émissaire
Les Beeharee, sous le choc, ne comprennent pas comment l’hôpital a pu commettre une telle erreur. Le père du nourrisson, Ramdharry Beeharee, a fait une déposition pour négligence médicale à la station de police de Flacq contre l’hôpital. Une enquête policière a démarré. Parallèlement, la direction du centre hospitalier de Flacq a initié une enquête pour statuer les responsabilités. La sanction est tombée lundi dernier et c’est un anesthésiste qui en a fait les frais, écopant d’une suspension avec effet immédiat. Plusieurs professionnels de la Santé, concédant que tout patient dans une salle d’opération est sous la responsabilité de l’anesthésiste en charge, critiquent la décision du ministère de tutelle car, selon eux, « le ministère a trouvé un bouc émissaire. » Ils font ressortir que si négligence médicale il y a eu, la responsabilité est partagée. Et d’expliquer qu’à chaque opération, il doit y avoir au minimum quatre médecins en salle, soit le chirurgien, son assistant, l’anesthésiste et l’assistant anesthésiste. De plus, une équipe d’au moins quatre infirmiers assiste également les médecins dans leur tâche. Ainsi, pour ces professionnels de la Santé, la décision du ministère serait arbitraire. « Quitte à suspendre, c’est toute l’équipe qui était en fonction dans cette salle d’opération qui devrait subir les sanctions en attendant qu’une enquête statue les responsabilités de chacun et le responsable de cette négligence médicale », disent-ils.
Et de faire ressortir que si le ministre de la Santé Lormus Bundhoo veut se dédouaner en amendant au plus vite le Medical Council Act (MCA) en vue de revoir son fonctionnement, son organisation et sa structure, que les enquêtes en cas de négligences médicales alléguées prennent moins de temps, et que les sanctions, si besoin est, tombent plus vite, reste que l’ensemble du fonctionnement de nos hôpitaux devrait être revu. Plusieurs médecins font ressortir que depuis plusieurs années, on est arrivé à une situation de « nivellement vers le bas. » Certes, avec l’entrée en vigueur des amendements du MCA en janvier pour de nouveaux critères pour l’enregistrement des médecins et dentistes – ceux s’inscrivant à une formation en médecine devant obligatoirement détenir trois A level, et une formation continue pour que les médecins –, les donnes changeront dans les années à venir. Mais en attendant, « des médecins qui n’ont pas les compétences requises ont été recrutés dans nos hôpitaux; aujourd’hui, ce sont les patients qui payent… »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -