HUMOUR DES ÎLES—7E FESTIVAL DU RIRE: Maroni et Joseph Sinon, les amuseurs publics qui décollent

Créer une synergie autour des îles en mettant en relief le talent des humoristes réunionnais, seychellois et rodriguais, tel est le pari que s’est fixé Miselaine Duval, pour ce 7e Festival du Rire. Le coup de coeur de la soirée de vendredi dernier reste incontestablement le Réunionnais Maroni, le roi de la farce, qui parvient aisément à jouer de son physique et à déclencher le rire dans la salle.
Showman à sa manière, Maroni, de son vrai nom Didier Bazin, a choisi cette année de se faire accompagner par trois drôles de dames, en l’occurrence Micheline Picaud, qui a cartonné dans le passé avec son titre phare Zenfants lé haut, Aurélie Carpy et Géraldine Gourville. Décrit comme un amuseur public, Maroni a cette capacité de se substituer à plusieurs personnages. En Miss Planète, prêt à défendre sa terre, il est désopilant dans son rôle de Miss avec ses bourrelets qu’il affiche sans complexe. Son jeu de scène, Maroni le calque sur l’actualité, les zistwar de son pays tout en laissant son imagination vagabonder. Danseuse de séga, macho aux courbes graisseuses, Maroni personnifie sur scène cette joie de vivre qui le caractérise. Facétieux, ayant toujours du mordant, il parvient à titiller l’imaginaire de son public. Dans la salle, on pouvait entendre : « Get sa ta lagres-la. Get so vent… » Lui, est conscient « ki so lalinn finn kase depi lontan ». « Mon corps est fait de 100 % de matière grasse et de 0 % de sans complexe », c’est ainsi qu’il se définit.
Son spectacle repose sur l’art de jouer de son physique et d’amener le spectateur dans ses délires. Maroni sait explicitement utiliser chaque espace de la scène et même si la trame de son scénario ne tient pas la route, sa présence sur scène suffit pour un tonnerre d’applaudissements. Son atout… la dérision. Dans un de ses sketchs, où il vient conter son aventure avec un requin, il dira au final que c’est lui qui a tué le requin. « Plizir finn dir mwa, aret abim ekosistem ek fer rezim pou pa touy tou bann bebe rekin dan lagon ».
Un autre amuseur public qui mérite qu’on s’y attarde, Joseph Sinon, qui vient des Seychelles. Ce solide gaillard bien bâti a fait « chavirer » le coeur de Miselaine, en qualité d’artiste. Encore un humoriste dont la force repose sur son art de communiquer avec son auditoire. Dans son sketch I’m in love, où il donne la réplique à Verna, la reine de l’humour des Seychelles, c’est l’explosion. Le thème est bien trouvé et Joseph Sinon, en bon observateur de la vie, donne la réplique à sa belle qui veut le quitter pour une… femme. Cette année, Joseph Sinon a choisi de s’entourer de femmes et le spectacle livré par Verna et sa partenaire de scène, Najoie, prouve la force de l’humour seychellois au féminin quand il est pratiqué dans l’art et la finesse.
Nous sommes toutefois restés sur notre faim avec les artistes rodriguais qui manquaient de consistance dans leur sketch pour faire décoller le public. Malgré les quelques manquements çà et là et autres sketchs, qui méritent d’être peaufinés, le 7e Festival du Rire, dont le parrain est Jean-Marie Bigard, a tenu ses promesses et prouve au fil des années qu’il résiste à l’usure du temps.

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