IFRAMAC : Brian Burns accusé de fraude de Rs 1 milliard

Les Charge Sheets élaborées par le Central CID dans le cadre de l’opération « Daylight Robbery » pèsent de plus en plus lourd au fur et à mesure que l’étau se resserre sur le clan du Chairman Emeritus de BAI, Dawood Rawat. L’ancien Chief Executive Officer d’Iframac, Brian Burns, âgé de 44 ans, qui a passé la nuit d’hier à ce matin en cellule au Moka Detention Centre, a été inculpé de quatre charges provisoires avec sa comparution devant le tribunal de Rose-Hill en début d’après-midi. Sous une des charges, l’époux de Laina Rawat est accusé d’avoir commis une fraude de Rs 1 milliard au sein d’Iframac entre mai 2010 et avril 2015 au préjudice des « Policy Holders » de BAI Co (Mtius) Ltd). Dans un autre cas, il est soupçonné d’avoir fait partie d’un complot pour le transfert frauduleux de plusieurs milliards de roupies sur le compte de Dawood Ajum Rawat, qui s’est réfugié en France pour éviter de répondre à la justice mauricienne. Il y a encore un cas de Money Laundering portant sur la somme de Rs 355 millions au cours de la même période. La prochaine étape de l’interrogatoire par le Central CID sous la supervision de l’assistant commissaire de police Heman Jangi devra s’attaquer aux deux filles Rawat, en l’occurrence Laina Rawat, l’épouse de Brian Burns et d’Adeela Rawat-Feistritzer, connue au sein du groupe BAI comme étant la Seven-Million Dollar Woman. Toutefois, ce calendrier pourrait être bousculé si le Central CID décide de se pencher sur la responsabilité dans la BAI Mega-Financial Scam d’autres Top Managers du calibre de Seemadree Rajanah, ou encore Swadeck Taher vu que le CEO de BAI Co (Mtius) Ltd, Rishi Sookdawoor, est déjà en liberté provisoire dans la même affaire.
À la mi-journée, le Central CID comptait objecter à la remise en liberté provisoire de Brian Burns en raison de la gravité des délits qui lui sont reprochés dans cette enquête. Il va de soi que Me Yahyah Nazroo, qui fait partie des Gavin Glover Chambers, déposera une Bail Motion en vue d’obtenir la caution pour son illustre client dans les meilleurs délais possible. Dans cette perspective, il n’est pas exclu que ce gendre de Dawood Rawat passe une seconde nuit en cellule policière comme ce fut le cas pour l’autre, Claudio Alejandro Feistritzer, la semaine précédente.
Dans la première inculpation provisoire, Brian Burns est accusé d’avoir comploté avec son beau-frère, Claudio Feistritzer de même qu’avec d’autres membres du conseil d’administration et du management d’Iframac de mai 2010 à avril de cette année « to defraud several billion of rupees in rent transactions to the prejudice of policy holders and other investors of BAI (Co (Mtius) Ltd ». Par la suite, ces fonds détournés sous forme de Technical and Management Fees et autres ont été transférés dans des comptes bancaires personnels appartenant à Dawood Rawat de même qu’à d’autres proches à Maurice par le biais de la défunte Bramer Banking Corporation Limited. Ce délit relève de l’article 109 de la Criminal Code Supplementary Act.
Brian Burns, le CEO limogé d’Iframac, est également accusé de Fraudulent Use of Company Property. Toujours de mai 2010 à avril 2014, ce suspect a donné des instructions à des responsables d’Iframac pour le transfert d’une somme de plus de Rs 1 milliard sous forme de différentes transactions, représentant « properties (of Iframac) and derived from investments made by Policy Holders of Iframac and BAI Co (Mtius) Ltd ».
Les autres inculpations provisoires concernent la manipulation et le maquillage des comptes d’Iframac pour un montant de Rs 355 millions en vue de réduire les pertes de la compagnie au 31 décembre 2014 de Rs 414 millions à Rs 79 millions. Cette Voodoo Accounting pratiquée dans les livres de comptes d’Iframac avait été dénoncée par les auditeurs de KMPG dans un rapport cette année.
Brian Burns est accusé de faux et usage de faux sous l’article 332 (2) (c) de la Companies Act, car « he made a false statement to its auditor to increase revenue by Rs 355 million with a view to mislead investors and avoid massive impairment of the investment held by British American Insurance Co Mtius Ltd in Iframac ». La dernière charge porte sur le Money Laundering de Rs 355 millions « to the prejudice of the Policy Holders and investors of Iframac and BAI ».
Au cours de son interrogatoire, qui a duré jusqu’à environ 17 h 30 hier, Brian Burns a fait valoir son droit au silence face aux multiples questions des milieux du Central CID. Pour l’instant, le volet de l’enquête sur un éventuel délit sous l’ICT Act pour « misuse of computer » n’a pas été approfondi, car la collaboration des experts de l’IT Unit devait être sollicitée. Mais il n’est pas exclu de voir les enquêteurs revenir à la charge au moment approprié, soit dans les jours à venir.
À la mi-journée, il était difficile d’avancer qui de Laina Rawat ou d’Aleena Rawat montera en premier les marches de l’escalier du Central CID, aux antipodes même de la montée des marches du Festival de Cannes. Une escouade d’enquêteurs jette actuellement les bases des questionnaires en vue des prochaines séances d’interrogatoire. Mais les délits de Conspiracy et de blanchiment de fonds devront figurer en bonne place.
Laina Rawat, dont les salaires mensuels payés par le groupe BAI sont légèrement inférieurs à ceux de la Seven Million-Dollar Woman, devra être rattrapée en premier par un transfert de Rs 14 392 500 à son compte bancaire en date du 4 mars 2015 alors que l’écroulement de l’empire Rawat était déjà un fait inéluctable. Elle devra expliquer aux hommes de l’ACP Jangi la source de ces fonds et les raisons de ce transfert.
Les comptes bancaires de Laina Rawat s’avèrent également accablants sur d’autres plans avec notamment des transferts réguliers de l’ordre de Rs 2 millions à chaque opération de la société Iframac vers son compte personnel ; des fois, comme le 8 avril 2012 avec un premier transfert de Rs 2 millions d’Iframac sur le compte de Laina Rawat puis un autre virement de Rs 2 millions le même jour sur le compte de Dawood Ajum Rawat. Cette transaction bancaire particulière est caractéristique du conduit de détournement de fonds en faveur du Chairman Emeritus de BAI et de ses proches.
De son côté, Adeela Rawat qui avait bénéficié en décembre de l’année dernière d’une enveloppe salariale de Rs 878 313, montant représentant presque le double des derniers honoraires mensuels de Navin Ramgoolam en tant que Premier ministre à la fin de son mandat, sans compter les allocations de voiture de Rs 150 000 par mois, est attendue avec une entrée/sortie de Rs 15 millions de son compte bancaire entre le 13 et 17 mai 2013. Pour le mois de février dernier, Aleena Rawat a jonglé dans son compte personnel avec des transactions de Rs 1,5 million en un jour.
En attendant que les soeurs Rawat soient confrontées à ces faits accablants, les Special Administrators de BAI Co (Mtius) Ltd, Mustaq Oosman et Yogesh Basgeet, mettent actuellement la dernière main au patrimoine immobilier encore disponible à la Bramer Property Fund Ltd en vue de procéder à un remboursement, même en partie, des investissements dans la Bramer Asset Management Ltd.
À la mi-journée, un rapport détaillé des avoirs de Bramer Property Fund devait être soumis au ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, en vue d’une séance de travail avec les représentants des clients de Bramer Asset Management Ltd. Lors de cette rencontre en début d’après-midi, le ministre devait faire un tour d’horizon de l’état de la situation et décider de la marche à suivre quant à un éventuel programme de remboursements.
Lors de la précédente évaluation des avoirs de Bramer Property Fund, les Special Administrators avaient relevé un trou de Rs 3,3 milliards sur des investissements de Rs 6 milliards…

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