Il est possible de faire travailler nos futurs Hérodotes !

Quel jeune sait qui étaient Gaëtan Raynal, Amédée Nagapen, Lilian Berthelot, Norbert Benoît et Huguette Ly Tio Fane, pour ne citer que ces cinq noms d’historiens ? Ils sont tous décédés, et à ce jour depuis que l’université de Cambridge a averti le Mauritius Institute of Education que l’Histoire comme sujet d’étude et matière d’examen pourrait disparaître du cursus scolaire, on n’a pas constaté de véritable sursaut chez nos décideurs.
C’est vrai, Vasant Bunwaree, le ministre de l’Education, et des responsables du MIE et de l’Université de Maurice, ont eux aussi tiré la sonnette d’alarme devant cette menace qui pèse sur l’Histoire. Mais les rares étudiants qui ont opté pour cette matière ont parlé de cette cruelle vérité : ils ne trouvent pas du travail à l’issue de leurs études tertiaires !
Pourtant, si l’on en croit Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, « un pays qui ne connaît pas son histoire est comme un bateau sans gouvernail ». Alors, pourquoi nos écoles ne produisent plus de futurs Hérodotes, du nom de celui qui est considéré comme le premier historien ? Si on souhaite que cela leur arrive le plus tard possible, c’est un fait que les Jocelyn Chan Low, Robert d’Unienville, les Peerthum père et fils, Moonindranath Varma, Pahlad Ramsurrun, Yvan Martial, Anand Moheeputh, Breejan Burrun, Benjamin Moutou et Vijaya Teelock, entre autres, nous quitteront tous un jour.
Et la question qui s’impose est : qui remplacera ces défricheurs de notre passé et éclaireurs de notre présent ? A-t-on, en haut lieu, bien saisi l’importance de l’histoire comme élément capable d’aider notre jeunesse à mieux connaître son pays et son prochain ? Pourquoi nos chercheurs en histoire et historiens en herbe doivent avoir la crainte de rester chômeurs, dans un pays dont l’histoire est encore un vaste champ à débroussailler ?
Nous avons volontairement omis le nom de Rivaltz Quenette de la liste citée plus haut. Juste pour demander à qui de droit qui, après son départ, nous contera l’histoire de Port-Louis et de sa municipalité ? Et si, au lieu de recruter des agents politiques (pour rester dans l’actualité qui concerne les villes) qui seront payés pour se tourner les pouces, les cinq municipalités commençaient par employer cinq historiens, chargés d’écrire les pages nouvelles de ces agglomérations qui s’agrandissent année après année ?
De même, pourquoi les conseils de districts ne donneraient pas du travail à quatre autres jeunes historiens, qui auront pour tâche de mettre à jour l’histoire des 125 villages et des nouvelles villes qui renaîtront de leurs cendres ?
Par ailleurs, comment peut-on nous faire accroire qu’il n’y aurait pas de travail pour ces jeunes qui ont étudié l’histoire ? Voudrait-on nous dire que nos illustres historiens ne mourront jamais ?! D’autant plus que nul n’est irremplaçable ? Loin de nous l’idée de faire injure aux glorieux aînés qui fouillent dans les entrailles de notre passé. Nous appelons simplement nos décideurs à prendre leurs responsabilités !

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