ÎLE AUX AIGRETTES: Contempler une nature préservée

À quelques mètres des côtes mahébourgeoises se trouve l’île aux Aigrettes, réserve naturelle gérée par la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) et qui abrite des espèces à la fois animales et végétales, dont plusieurs sont endémique.
Les visiteurs qui se rendent sur l’île aux Aigrettes sont, en général, ceux qui sont respectueux et sensibilisés à l’environnement et à l’écologie, et qui y vont pour contempler sa flore rare et variée et ses espèces endémiques menacées de disparition. L’île est strictement contrôlée et l’accès en est payant.
Depuis 1965, l’île aux Aigrettes est classée réserve naturelle, et celle-ci est gérée depuis 1984 par une ONG, la Mauritian Wildlife Foundation. L’objectif de cette dernière est de conserver et d’entretenir la faune indigène, de récolter des fonds pour mener à bien les divers projets, d’informer, éduquer et impliquer les Mauriciens dans les projets de conservation sur l’îlot, tout comme sur l’île Ronde ou dans les Gorges de la Rivière-Noire et sur d’autres îles qui abritent des reptiles uniques au monde.
Autant être prévenu, oiseaux et reptiles sont ici les rois, et la nature, reine. Au cours d’une courte visite sur l’île, nous avons pu faire connaissance avec le gecko diurne, lézard qui porte les quatre couleurs du drapeau mauricien et qui adore se loger dans les vacoas, les palmiers et lataniers. Le scinque de Telfair, un gros reptile que l’on retrouve également sur l’île Ronde, aime se promener librement et ne craint pas de s’approcher des visiteurs, à tel point que si l’on ne fait pas attention, on risque de lui marcher dessus. Celui-ci, réintroduit à Maurice en 2007, aime se nourrir de fruits, de cafards et d’insectes.
Du haut d’une petite tour, le visiteur peut observer l’une des espèces de pigeons les plus rares au monde, le pigeon des mares. Ils sont au nombre de 70 sur l’île, et ne semblent pas si rares en ces lieux où pousse le bois de pipe, dont ils apprécient le fruit à quatre graines.
Gestion intégrée
Le pigeon des mares fait partie des cinq projets de restauration de la MWF visant les oiseaux. En effet, dans les années 1970, la population du pigeon des mares à l’état sauvage était tombée à 12-20 spécimens, et ce chiffre a continué de baisser pour atteindre neuf spécimens en 1990. Au cours des trois dernières décennies, une approche de gestion intégrée, comprenant l’élevage en captivité, la remise en liberté, la restauration de l’habitat et le contrôle des prédateurs, a permis de rétablir le nombre de spécimens vivant à l’état sauvage à 400. À ce jour, grâce aux mesures de conservation de la MWF, l’oiseau a été sauvé d’une extinction imminente, mais le pigeon des mares reste toujours une espèce vulnérable. Les autres espèces d’oiseaux concernées par les projets de restauration sont la crécerelle de Maurice, la grosse cateau verte, le cardinal de Maurice et l’oiseau à lunette.
Une végétation naine ceinturant l’île permet aux autres plantes de se développer naturellement et d’atteindre leur taille normale. Parmi les plantes endémiques, on trouve le latanier bleu, le bois de poudre, l’ébénier, le bois d’éponge, le bois de pomme – ainsi nommé à cause du parfum particulier de ses feuilles –, le bois de boeuf ou encore le bois de rat. En période de sécheresse, il n’est pas rare de voir l’île enfiler un manteau de couleur ocre.
La promenade se poursuit dans une forêt dense. On peut de temps en temps apercevoir une tête qui surgit des buissons, suivie d’une lourde carapace juchée sur de grosses pattes… La tortue géante d’Aldabra est centenaire. Habituée aux visiteurs, elle avance librement au milieu des sentiers. Avec ses 200 à 250 kg et son espérance de vie de 200 ans, elle est la star incontestée et la plus vieille créature de l’îlot.
La Nursery de l’île aux Aigrettes sert de laboratoire où environ 45 000 plantes sont produites chaque année. 5 000 d’entre elles sont ensuite replantées sur l’île Ronde, autre site de conservation géré par la MWF.
Sur l’île aux Aigrettes, on retrouve également des vestiges militaires britanniques, dont deux canons maritimes, qui témoignent de l’occupation anglaise sur l’île pendant la Seconde guerre mondiale, et des bâtiments datant de l’époque coloniale. L’un d’eux est occupé par des scientifiques et des volontaires. Le Visitor’s Centre, inauguré en 1998 par la princesse Anne, abrite une boutique qui vend un éventail de souvenirs et une collection Bones to Bronze, des sculptures d’oiseaux et de reptiles en bronze. Les bénéfices de la boutique aident ainsi à financer les divers projets de la Mauritian Wildlife Foundation.
Un SMS pour soutenir la MWF
Le 22 mai et le 5 juin sont deux dates clés pour la MWF, la première correspondant à la Journée mondiale de la Biodiversité et la seconde, à la Journée mondiale de l’Environnement. L’ONG organise ainsi du 22 mai au 6 juin une activité de levée de fonds par SMS qui donnera l’occasion à tous les Mauriciens de contribuer à l’action de la MWF, avec la collaboration d’Emtel et d’Orange, les deux opérateurs principaux de téléphonie mobile à Maurice. Chaque abonné d’Orange ou d’Emtel pourra donc envoyer, entre le 22 mai et le 6 juin, un simple SMS au 8633. Celui-ci sera facturé Rs 10, et l’opérateur retiendra le coût du SMS (60 sous) et reversera la différence à la MWF. La somme récoltée sera par la suite utilisée pour financer les projets de conservation de l’organisme.
Cette campagne, baptisée Zis ene SMS, a été développée avec l’aide de plusieurs volontaires. Manna’C, artiste ayant accepté d’être le parrain de cette campagne, fera découvrir une composition sur le thème de l’environnement d’ici la fin du mois.
Les nombreux projets de la MWF incluent, entre autres, divers projets éducatifs (dont un à Rodrigues), la restauration des réserves naturelles de Grande-Montagne et Anse Quitor à Rodrigues, la restauration de l’île Cocos, des études sur la chauve-souris de Rodrigues, la restauration des plantes de l’île Ronde et de l’île aux Aigrettes, la recherche et la dissémination de plantes rares, l’utilisation des tortues pour restaurer les interactions de l’écosystème et la recherche et la dissémination des reptiles endémiques (scinques, lézards et serpents).

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