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Île d’Ambre – Paradis des mangliers

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Île d’Ambre –  Paradis des mangliers

Décrétée National Park en 2004, l’île d’Ambre connaît actuellement un renouveau grâce au travail du National Parks Conservation Service (NPCS). Le trail principal de 2,2 kms a été réaménagé et quelque 5,000 plantes endémiques introduites, en attendant l’arrivée des oiseaux endémiques. Nous avons visité cet îlot du nord du pays pour y découvrir sa beauté cachée et sa forêt de mangliers unique.

À cinq kilomètres du village de Goodlands se dresse l’île d’Ambre. Un petit paradis accessible en moins de cinq minutes en bateau. Décrétée National Park en 2004, avec ses 126 hectares, elle est la plus grande des sept îlots ayant ce statut. C’est une île très fréquentée depuis très longtemps. Pour s’y rendre, les pirogues des pêcheurs des environs font souvent office de taxi. Les balades en kayak autour de l’île s’y tiennent régulièrement, comme on l’a constaté lors de la visite organisée pour l’inauguration de l’Amber Bay Trail et ses aménités.

Biodiversité.

L’île tient sans doute son nom de la présence d’ambre gris, produit dans le système digestif des cachalots. Le trail offre une expérience plaisante à la fois aux passionnés de l’environnement et aux visiteurs. Sur le tracé de 2,2 kms réaménagé par le National Parks Conservation Service, on peut découvrir toute la beauté de ce site privilégié. De petites montées et des ponts étroits à quelques endroits rendent le périple plus attrayant. Des conifères ainsi que d’autres espèces exotiques composent l’essentiel de la forêt, avec également des bassins d’eau saumâtre et d’eau douce. Il s’agit de zones humides qui revêtent une importance capitale pour la survie de la biodiversité de l’île.

La chose la plus intéressante est sans aucun doute la forêt de mangliers qui entoure l’île. En effet, à quasiment chaque coin humide, on peut observer ces plantes si particulières, avec leurs racines emmêlées enterrées dans l’eau salée. Selon Kevin Ruhomaun du NPCS, “c’est sans doute la dernière forêt de mangliers intacte qui existe à Maurice”. Raison pour laquelle les procédures pour en faire un Ramsar Site ont déjà été enclenchées. Rappelons que les mangliers sont des pépinières pour les poissons, des abris pour les crabes et les crustacés, entre autres.

Introduction de plantes endémiques.

Le projet de cinq ans initié par le NPCS comprend l’introduction de nombreuses espèces de plantes endémiques. Cinq mille y ont déjà été plantées, dont la fougère endémique Doryopteris pilosa. La dernière plante visible dans la nature se trouvait à Bras d’eau, mais elle a heureusement été propagée en pépinière et quelques-unes ont été replantées à l’île d’Ambre dans un cadre protégé. “On suit l’évolution de l’espèce. L’île d’Ambre est appelée à devenir un site important pour celle-ci”, indique le NPCS.

D’autres espèces endémiques et indigènes côtières y sont ou seront plantées, à l’instar du bois d’olive et du bois d’ébène marbré. En tout, 150 espèces y seront introduites. La taille de l’île est une aubaine pour créer une forêt endémique, et son éloignement de la côte rend le contrôle des espèces invasives moins ardu. Aussitôt les tenrecs, lièvres et rats enlevés, les oiseaux endémiques et les oiseaux marins pourraient y être observés régulièrement dans le futur. Des nids du White-tailed Tropicbird y ont été trouvés alors que des Noddy ont été observés en train de s’y reposer. À noter que le sud de l’île a été décrété réserve marine.

Cachet historique.

L’île est également un roosting site temporaire pour la chauve-souris frugivore endémique. Le NPCS précise que l’île d’Ambre est un des rares endroits à Maurice où les chauves-souris viennent se tremper dans l’eau. “Elles perdent du liquide mais aussi du sel en raison de la chaleur. Elles volent ainsi au ras de l’eau pour se tremper le ventre, ce qui leur permet de la boire, de se rafraîchir et de faire le plein de sel”, souligne Kevin Ruhomaun.

Avec le travail de restauration qui s’y tient, l’île d’Ambre peut devenir une vitrine de l’endémicité, à l’instar de l’île aux Aigrettes. “Le but ici est non seulement de faire de la restauration mais de donner un espace de loisirs au public, qui peut y redécouvrir la nature”, confie Kevin Ruhomaun. À la fin du trail, une belle petite plage permet au public de se faire un petit pique-nique et de se délecter de la belle vue.

L’île revêt aussi un cachet historique. Elle est associée au naufrage du St-Géran en 1744 et au roman Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. C’est également ici qu’on aurait aperçu le dodo pour la dernière fois en 1662. Les Hollandais y élevaient des chèvres et y avaient initié des plantations de cannes à sucre.