Le « Barracuda » à Rodrigues avec d’importants équipements qui devront être pris en charge avec les plus grandes précautions
Le chef commissaire, Serge Clair, qui fête ses 80 ans, lance un appel au 3e âge
Rodrigues tente de se faire une raison dans ce contexte de pandémie du COVID-19. A mercredi matin, aucun cas de Coronavirus détecté dans l’île. Quatre personnes sont toutefois en isolement mais elles ont subi des tests qui se sont déjà révélés négatifs. Quant aux quelque 160 personnes arrivées à Rodrigues les 21 et 22 mars, leur quarantaine devra prendre fin cette semaine. Techniquement, elles pourront alors regagner leurs domiciles respectifs après avoir passé les 14 jours recommandés afin de s’assurer qu’elles ne présentent aucun symptôme du COVID-19. De ce fait, seules les quatre personnes encore en isolement seront suivies, et ce jusqu’à ce que leur état de santé retourne à la normale.
Les autorités rodriguaises restent sur leurs gardes et restent conscientes que l’île n’est pas encore tirée d’affaire, raison pour laquelle toutes les précautions sont encore de mise. Cependant, le High Powered Committee, dirigé par le chef commissaire, Serge Clair, et qui a pour porte-parole la commissaire de la Femme, Franchette Gaspard Pierre-Louis, poursuit ses délibérations afin de décider des mesures à prendre dans les jours à venir. La situation de Rodrigues étant différente de celle de Maurice, les autorités rodriguaises annoncent ainsi déjà qu’une « décision importante sera prise » par rapport au couvre-feu qui a été instauré au sein de la République de Maurice. Il revient que ce couvre-feu pourrait ainsi être levé, dépendant de l’évolution de la situation et de l’état de santé des personnes qui quitteront les centres de quarantaine en fin de semaine.
Situation est sous contrôle
La vigilance reste malgré tout toujours de mise et toutes les précautions seront maintenues, même en cas de relance de l’économie locale. Selon les autorités rodriguaises, « la situation est sous contrôle » et les mesures de confinement et de couvre-feu « sont respectées par la population ».
Par ailleurs, la population parvient à pourvoir à leurs besoins essentiels pendant ce couvre-feu.La police affirme être au contrôle de la situation. Reste que Rodrigues semble désormais manquer de « sanitisers », de masques et de gants dans les pharmacies et les boutiques. Le Black Rhino, qui avait reporté son arrivée à Rodrigues au 4 avril, ne devrait finalement accoster que le 7 avril.
Le secteur informel fait face à de nombreuses difficultés à opérer dans l’île, poussant l’Assemblée Régionale à annoncer que des mesures seront prises « afin que ces gens qui travaillent le matin puissent avoir de quoi manger le soir ».
Par ailleurs, le Barracuda, de la NCG, était attendu à Rodrigues avec, à son bord, d’importants équipements de santé que Le Dornier n’a pu transporter. Ces équipements seront utilisés pour cette période de confinement. Des dispositions seront aussi prises afin de désinfecter les colis acheminés. Quant à l’équipage, il restera à bord du bateau jusqu’à ce qu’il soit examiné par le personnel de la santé.
Par ailleurs, le chef commissaire, responsable du High-Powered Committee, qui fête ces jours-ci ses 80 ans, a lancé un appel aux personnes du 3e âge, en leur demandant de « bien se protéger contre le COVID-19 » car, rappelle-t-il, cette catégorie de personnes sont « très vulnérables ». Et d’annoncer que leur pension sera versée cette semaine, demandant dans le même temps aux personnes âgées « d’éviter de s’exposer au danger en se rendant à la banque » cette semaine.
Par ailleurs, concernant les étudiants, à la maison depuis le début du confinement, un programme d’études a été mis sur pied pour les élèves de Grades 1 à 3. Chaque jour, les étudiants répondent ainsi aux questions posées dans leur syllabus. Le programme est assuré par l’enseignante Bernadette Plaiche à la radio de 9h à midi. À noter enfin que la commission de l’Éducation, en collaboration avec le ministère, travaille actuellement sur un programme d’études pour les collégiens, et qui sera animé à travers les réseaux sociaux.
Signes d’énervement hier matin
Des premiers signes d’énervement sont apparus à Port-Mathurin, hier matin, peu avant l’ouverture des banques. De nombreux clients ont fait le déplacement en vue d’effectuer des retraits pour compléter leurs provisions en ce début de mois et honorer d’autres obligations financières. Le principal grief est que l’heure d’ouverture des banques coïncide avec celle de la fermeture des boutiques et autres points de commerce dans le cadre du couvre-feu sanitaire. Dans un premier temps, ils ont tenté de faire pression pour qu’une solution à ce problème soit trouvée.
Toutefois, le responsable de la banque concernée, qui n’a pas hésité à quitter ses bureaux, a tenu à faire preuve de fermeté et a fait comprendre que si la discipline et l’ordre n’étaient pas rétablis, les transactions bancaires du jour pourraient être perturbées à leurs dépens. Avec un déploiement subséquent des membres de la force policière, tout devait rentrer dans l’ordre.
D’autre part, une absence de communications au sujet du COVID-19 Self-Employed Scheme Assistance Scheme en faveur des petits entrepreneurs, comme annoncé par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, mardi, suscite des protestations. « Tout comme pour la distribution de vivres à ceux faisant partie du Social Register, dont nous n’avons aucun signe à Rodrigues, tel est le cas pour l’allocation de Rs 5 100 aux Self-Employed et petits entrepreneurs affectés par le couvre-feu. Qu’en est-il pour les Rodriguais? Nous faisons partie de la République de Maurice, » s’insurge-t-on dans la conjoncture.
D’autre part, des membres de la communauté des pêcheurs s’interrogent sur la mise en application de la période de moratoire pour le servicing des facilités bancaires contractées auprès des banques. « Beh, inn fini koup lintere lor bann Loans. Nou pa tro konpran ki pe fer ar nou », font-ils comprendre en vérifiant leurs relevés bancaires.