Industrie sucrière – Manifestation contre la perte d’emploi

Ils étaient plus d’une centaine à avoir manifesté, hier après-midi, dans les rues de Rose-Hill. Les membres de 14 syndicats, rejoints par ceux de cinq confédérations, ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis de leur boycott concernant la réforme de l’industrie sucrière, et la menace de perte d’emploi pour plus de 400 personnes.
La manifestation a débuté à la Place Raymond Chasle pour prendre fin, une heure plus tard, à l’arrière du Plaza – dont la cour était déjà prise par le déroulement du concours Orange Street Dance. Si les dirigeants syndicaux voulaient principalement rassembler les personnes dont l’emploi se trouve menacé, certains, même s’ils n’étaient pas directement concernés par cette situation, n’ont pas hésité à venir témoigner de leur soutien. A l’instar de Floryse Lauricourt, 58 ans, qui s’est déplacée avec toute sa famille, y compris des enfants en bas âge. « Je tenais à être là en tant que citoyenne pour montrer mon soutien aux employés de l’industrie sucrière. Je ne pouvais pas rester insensible à cette précarité. Étant moi même saisonnière, je comprends parfaitement ce que cela implique que de sentir son emploi menacé », explique-t-elle.
Ce sont 400 emplois qui sont ainsi menacés, dans six corps parapublics, en raison d’une restructuration prochaine. Il s’agit du Mauritius Sugar Industry Research Institute, de la Mauritius Sugar Terminal Corporation, du Farmer’s Service Centre, du Cane Planters and Millers Arbitration and Control Board et de la Sugar Planters Mechanical Pool Corporation. La réduction du nombre de postes est prévue jusqu’en mars 2012, à l’expiration de l’aide de l’Union Européenne de Rs 2,5 milliards. C’est la réduction du CESS — qui se définit par un pourcentage que le gouvernement prélève sur la vente du sucre pour financer les activités administratives — de près de sa moitié, passant de Rs 519 millions à Rs 287 millions, qui contraint à ce licenciement massif.
Prenant la parole avant le départ de la marche pacifique, Deepak Benydin, de l’Independent Trade Union (ITU), a soutenu que l’histoire se répète, et qu’ils font aujourd’hui face à une situation qui a été perpétuée sous la gouvernance de tous les partis politiques. M. Benydin a rappelé les fermetures de la Central Housing Authority (CHA), en 1993, et de la Development Workers Corporation (DWC), qui ont été effectuées sans aucune consultation préalable. Il a également exprimé son mécontentement du fait que tous les manifestants risqueraient d’être poursuivis en justice s’ils se décidaient à manifester devant le Parlement. Faisant allusion au collective bargaining, l’intervenant a déclaré que le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, devrait davantage assumer ses responsabilités. Reprenant les propos du Premier ministre, selon lesquels ce dernier a à coeur les intérêts de ses ouailles, Deepak Benydin a affirmé que Navin Ramgoolam veut, ironiquement, mettre des centaines d’employés à la rue. « Se pas politiciens ki donne compensation, mais syndicat », a-t-il affirmé, avant d’appeler à l’unité syndicale. Et de conclure : « Si persister pou ferme bann corps para-étatiques, nous pou desann lor lari. Ress unis bann kamarad, la victoire li dan nou lame. Pare pou desann devan Parlement. »
Penant à son tour la parole, le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, a rappelé que ce n’était pas de gaieté de coeur que les syndicats tenaient cette manifestation. « C’est le résultat de l’indifférence des autorités et du Premier ministre. Navin Ramgoolam n’a, à ce jour, pas daigné envoyer d’accusé de réception. Cette manifestation est notre ultime recours », s’est-il écrié. Selon lui, nos dirigeants politiques n’ont pas à coeur l’intérêt des Mauriciens, et ne pensent qu’à se remplir les poches. M. Peerun, comme Deepak Benydin, a prévenu, lui aussi, que d’autres opérations musclées sont à prévoir.
Vishnu Ramasawmy, coordinateur de la manifestation pacifique a, lors de sa brève intervention, rappelé que l’ambassadeur de l’Union Européenne a demandé à ce que les dirigeants syndicaux prennent part aux négociations de la réforme. Donnant un sévère avertissement au gouvernement, l’orateur a déclaré que les instances internationales seront informées. « Ne venez pas nous traiter d’anti-patriotiques après », a-t-il prévenu.
Dernier à s’adresser à la foule, Tulsiraj Benydin a salué la manifestation tenue dans les rues de Port-Louis samedi dernier. Il a soutenu qu’actuellement, « les riches s’enrichissent alors que les pauvres s’appauvrissent ». « Destin travayer dans nou lamé. Se nou ki bizin avoy signal fort pou sanz sa sosiete-la. Li bien important ki nou ress mobiliser, ki nou ress unis pou bann actions futures », a-t-il ajouté.

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