INDUSTRIE SUCRIÈRE : Grève illimitée, le compte à rebours

Les relations industrielles dans le secteur sucre amorcent un virage crucial avec le coup d’envoi d’une grève illimitée dans moins de 72 heures. Les syndicalistes composant le Joint Negotiating Panel mettent les bouchées doubles pour le déroulement de cette action industrielle qui devrait s’échelonner sur une période de plus d’une semaine, avec les laboureurs rejoignant le mouvement des artisans à partir du lundi 17. En attendant, après l’échec de la médiation tentée par le ministère du Travail ce week-end, le torchon brûle entre la Mauritius Sugar Producers Association (MSPA) et le ministre Shakeel Mohamed, qui les accuse de « mettre l’économie mauricienne en danger ».
Les préparatifs dans le cadre de cette grève de l’industrie sucrière, portant sur un litige salarial, ont connu un coup d’accélérateur après la confirmation de l’absence des patrons de la MSPA à la table de médiation samedi matin pour une éventuelle sortie de crise. Dans les rangs des syndicalistes du JNP, on laisse entendre que les organisations pour cette grève sur trois usines sont déjà complétées avec le mot d’ordre aux travailleurs de se mobiliser devant l’entrée de leurs sites de travail respectifs pendant toute la durée de cette action. Celle-ci se tiendra sur une base de plus d’une semaine car après les artisans ce mercredi, les laboureurs devront entrer en grève à compter du lundi 17 novembre.
Dans la conjoncture, surtout avec le calendrier de la campagne électorale battant son plein, les syndicalistes du JNP demandent à Navin Ramgoolam et Paul Bérenger d’abandonner déjà toute idée de se saisir de la Cour suprême pour une interdiction formelle de cette grève légale. « Nou lans enn sever miz-an-gard a Navin Ramgoolam pou pa ekout lord MSPA pou al dimann interdiksyon lagrev dan lakur siprem. Si Navin Ramgoolam pren enn tel desizyon, li pou non selman rant listwar kouma Premye Minis ki finn dimann interdiksyon premye lagrev legal, me li pou oussi rant dan listwar kouma enn zom tablisman », font-ils comprendre.
D’autre part, le ministre du Travail et des Relation industrielles s’est clairement rangé du côté des syndicalistes lors d’une conférence de presse samedi après l’absence confirmée des patrons sucriers à l’exercice de médiation à son bureau. Shakeel Mohamed a tenu à soutenir que c’est bel et bien la MSPA qui « est en train de mettre notre économie en danger et non les travailleurs ». Avant d’annoncer son soutien à la classe des travailleurs pour cette grève à venir et de saluer les syndicalistes pour avoir été les seuls à faire preuve de bonne foi en vue de trouver une sortie de crise, Shakeel Mohamed n’a pas mâché ses mots envers les sucriers. La MSPA, dit-il, tente d’imposer des conditions dangereuses en faisant comprendre qu’elle viendra négocier si la grève est repoussée. « C’est un manque de respect total à une grève qui est légale. Si JNP ine gagne enn penalty pou tapé, MSPA pa kapav vine sanze bann regles du jeu ! »
Poursuivant sa sortie en règle contre les patrons de l’industrie sucrière, le ministre du Travail a affirmé que « si les représentants de la MSPA étaient venus ici pour la médiation, zot pa ti pou kapav montré zot déraisonnable. Ils ont choisi d’être têtus. La stratégie est qu’ils veulent avoir recours à l’Employment Relations Tribunal, qui devra prendre 90 jours. À ce moment la coupe sera terminée et zot pa ti pou casse la tet are la grev. They want to buy time et aller à l’encontre du dialogue social ». Dans la situation actuelle, Shakeel Mohamed a prévenu la MSPA que toute tentative de négocier avec le Premier ministre sortant, Navin Ramgoolam, ne sera pas aussi simple car « la mauvaise foi » affichée par les sucriers ne jouera pas en leur faveur. « MSPA pe atann a seki zot pou retrouv zot devan PM pou zot fer zot bann demande. Me li pas osi facil. Toutes les avenues sont fermées quand vous faites preuve de mauvaise foi », a-t-il soutenu avant d’ajouter que « les travailleurs ont le dernier mot face à des employeurs qui ne savent rien si ce n’est que d’utiliser des subterfuges. »
 

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