Industrie sucrière : impatience et inquiétudes des planteurs de cannes

  • Kreepalloo Sunghoon : « 2 000 arpents pourraient ne pas être récoltés cette année »

La patience des petits planteurs de canne à sucre est actuellement mise à rude épreuve alors que la récolte a bien été avancée pour beaucoup d’entre eux. « Nous sommes au bord du précipice », souligne Salil Roy, petit planteur membre de la Planters’ Reform Association. Kreepalloo Sunghoon, de la Small Planters Association, parle dans le même sens et estime qu’en attendant les mesures gouvernementales annoncées, 2 000 arpents de cannes « pourraient ne pas être récoltés cette année ». La même inquiétude est observée au niveau de la Chambre de Commerce où, selon son secrétaire général, Jacqueline Sauzier, un relevé des cannes non récoltées par les petits planteurs « est en cours de réalisation ».

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La dernière rencontre avec le Premier ministre à la fin de juin dernier nourrit beaucoup d’espoir chez les petits planteurs de canne dans le pays. « Nous avons soumis un mémorandum contenant nos propositions et nous nous attendions à ce que le comité ministériel, présidé par le Premier ministre, nous appelle afin que nous puissions élaborer davantage sur les suggestions qui ont été faites. Mais deux mois plus tard, nous sommes encore dans l’expectative. Les frais de la récolte et du transport qui, dans certains cas, peuvent atteindre jusqu’à Rs 500 la tonne, soit plus ou moins le même montant obtenu des Syndicats de sucre, sont trop élevés. Ce qui décourage certains planteurs à aller de l’avant avec la récolte », explique Salil Roy. Et d’ajouter : « Nous sommes au bord du précipice et n’avons même pas le temps de regarder vers l’avenir. Nous principal souci est de savoir comment tirer les cannes des champs pour les transporter à l’usine. »

Les mêmes tourments sont observés par Kreepalloo Sunghoon, qui considère que 2 000 arpents sous canne ne seront pas récoltés. « L’avance de 80% accordée par les syndicats de sucres est loin d’être suffisante pour couper, charger et transporter la canne. Planter pe perdi dan pos. Non seulement nous avons des problèmes de main-d’œuvre, mais certains planteurs, notamment dans le Sud, sont également confrontés aux difficultés qu’ils rencontrent avec les établissements sucriers et le Control Board déplore le fait “ki pe tir lay”, notamment en ce qui concerne la paille », explique-t-il. Le grand problème, selon lui, est d’avoir suffisamment de liquidité pour le roulement. « Les pauvres travailleurs doivent être payés sur une base hebdomadaire à la fin de la semaine et il faut que nous ayons suffisamment de liquidité pour le faire. Or, des montants dus par le syndicat des sucres depuis l’année dernière n’ont pas encore été payés », fait-il remarquer.

Kreepalloo Sunghoon estime que quelque 2 000 arpents de canne pourraient être laissés à l’abandon sans être récoltés. Ce qui représenterait un manque à gagner de 10 000 tonnes de sucre sans compter la bagasse qui ne sera pas disponible. « La situation est très difficile », souligne-t-il. Il poursuit : « Les planteurs se sentent abandonnés. Les établissements sucriers s’occupent de leurs cannes et font peu de cas des petits planteurs.

C’est pourquoi le comité ministériel aurait dû avoir fait des recommandations préliminaires. » Pour lui, le plus important est que les planteurs obtiennent une part équitable des revenus de l’industrie cannière. Il annonce qu’une réunion des planteurs est prévue début septembre pour décider de la ligne à suivre. « Si le sucre n’est pas rentable, les autorités auraient dû nous permettre de sortir du sucre pour produire dans d’autres secteurs. Un investisseur avait, il y a peu, proposé d’acheter la canne des petits planteurs à Rs 2 000 la tonne au lieu de Rs 1 200 actuellement pour produire de l’éthanol. Le projet a été bloqué faute d’une décision de la part du gouvernement et c’est le pays qui est le grand perdant », ajoute Kreepalloo Sunghoon.

Production énergétique

La même impatience prévaut dans l’industrie sucrière concernant la production énergétique à partir de la bagasse. La centrale de Beau-Champ, qui produisait de l’électricité à partir du charbon depuis la fermeture de l’usine, mettra définitivement fin à ses activités à la fin de l’année. Toute la production sucrière de Beau-Champs a été transférée à Alteo-FUEL. Cependant, Altéo est toujours dans l’attente d’un accord du gouvernement afin d’installer des turbines plus performantes. « Nos centrales datent de 1984. Nous avons demandé l’autorisation d’installer de nouvelles turbines qui seront en mesure de produire beaucoup plus d’électricité à partir du même tonnage de bagasse. Cette pratique sera par conséquent plus “eco-friendly” d’autant que l’usine pourrait faire une meilleure utilisation de la paille de canne en termes de biomasse. Les discussions se poursuivent interminablement et nous attendons toujours une décision du gouvernement », fait-on ressortir chez Altéo.

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