Infrastructure – À partir de demain : Branle-bas de combat à la gare Victoria

Avec le début du chantier de l’Urban Terminal, et ce jusqu’à septembre 2021, les passagers venant ou se dirigeant vers les Plaines-Wilhems, le centre et même le sud, répartis sur trois sites

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Forte opposition des chauffeurs de taxi opérant jusqu’ici Place Victoria quant à leur relocalisation

À partir de ce week-end, avec le démarrage du projet de Victoria Urban Terminal, et ce jusqu’à septembre 2021, les usagers du transport en commun venant ou allant vers les Plaines-Wilhems, le centre et le sud du pays, devront revoir leurs habitudes. La gare routière de Victoria, à Port-Louis sera transformée en un chantier avec des investissements de Rs 1,9 milliard prévus, et de ce fait, ce sera le branle-bas de combat, de nouvelles habitudes devant dès lors être adoptées. En ce vendredi 13, tous les opérateurs ayant pour base la gare Victoria, allant des compagnies d’autobus aux marchands ambulants, en passant par les chauffeurs de taxi, se sont vus ordonner d’évacuer les lieux. La gare Victoria sera un “No Man’s Land”.
Pour les dizaines de milliers d’usagers du transport, qui utilisent ce point névralgique, ils devront s’habituer à de nouveaux repères. Trois points principaux ont été établis dans la zone avec une Bus Holding Area, soit un parking pour autobus, aux Salines. Ainsi, les passagers voyageant à bord des autobus de la Rose-Hill Transport Ltd, en l’occurrence les routes No 1 à destination de Rose-Hill en passant par Beau-Bassin, No 1 A Rose-Hill par Saint-Patrick, No 1 B Rose-Hill via Vandermeersch, No 145 Rose-Hill en passant par Roches-Brunes et Trèfles et 174 Rose-Hill en passant par l’Ébène Cyber City, devront se rendre à la rue Dumas pour attraper leurs bus. Les autorités ont prévu quatre stands à cet endroit pour ces passagers.
Le plus gros chamboulement interviendra pour les passagers voyageant au-delà de Rose-Hill pour les Plaines-Wilhems, le centre de l’île ou encore le sud avec la Corporation Nationale de Transport (CNT), l’United Bus Service ou encore les opérateurs individuels desservant des agglomérations dans le district de Moka, et utilisant jusqu’ici les plateformes de la gare Victoria. Les nouvelles dispositions pour pouvoir prendre ces bus ont été aménagées le long de la Nationale, avec une voie réservée exclusivement à cet effet.
Des abribus ont été construits à cet effet le long de la Nationale à l’arrière de la gare Victoria. Mais force est de constater que l’étroitesse du passage piétonnier réservé démontre que les concepteurs de cet aménagement ne voyagent jamais par autobus et n’ont jamais mis les pieds dans une gare routière à une heure de pointe. Pire encore : les principaux utilisateurs de cette infrastructure cruciale du réseau de transport en commun n’ont même pas été informés officiellement des changements apportés.
Joint au téléphone, l’Assistant Traffic Manager de l’UBS explique que la compagnie a appris la nouvelle à travers un communiqué seulement. « À ce stade, nous n’avons eu aucune confirmation directe de la National Transport Authority (NTA). Par le passé, nous avons eu plusieurs discussions nous proposant des endroits de relogement. Mais la NTA n’a rien confirmé jusqu’à ce que nous tombions sur le communiqué. Nous avons pu comprendre qu’à partir de samedi, aucune compagnie d’autobus n’aura le droit d’opérer à partir de la gare Victoria. Nous sollicitons une rencontre urgente avec la NTA pour savoir comment nous allons procéder », affirme-t-il.

Même son de cloche chez les chefs de gare des autres compagnies d’autobus basées à la gare Victoria. « Nous avons toujours déploré un manque de communication. Aucune autorité ne trouve important de venir nous informer ce qui va se passer. À l’issue de ce communiqué, nous travaillerons à la gare Victoria pour un dernier jour ce vendredi. À partir de samedi, tous les autobus seront relocalisés à différents endroits », concèdent-ils.
Le troisième point transitoire est situé rue Deschartes, avec des autobus des opérateurs individuels et de l’United Bus Service (UBS) qui opéreront à partir de la nouvelle petite gare, desservant les lignes Route 198 (Mahébourg), Route 200 (La Sourdine), Route 250 (Dubreuil), Route 140 (Hermitage), Route 197 (Rivière-des-Galets), Route 141 (Bord Cascade, via Réduit) et Route 163 (Express Vacoas).

De leur côté, les marchands ambulants et les propriétaires de taxi de la gare Victoria seront relogés à d’autres endroits. Comme prévu, les 574 “Hawkers” de la foire Decaen seront relogés à trois endroits différents, soit au Ruisseau du Pouce, Place de l’Immigration ou encore rue Ingénieur. La structure de la rue Ingénieur, soit à côté de l’autopont, accueillera 49 marchands. Au Ruisseau du Pouce, 58 maraîchers et 126 marchands des produits non alimentaires s’y installeront. Enfin, Place de l’Immigration, 44 marchands de produits alimentaires et 226 marchands de produits non alimentaires y opéreront.
La situation s’avère être plus critique pour les chauffeurs de taxi de la Place Victoria et ils l’ont fait comprendre hier de manière forte lors d’une descente des lieux des représentants officiels. Contre leur gré, les taxis seront relocalisés dans quatre endroits différents non loin de la gare Victoria, à savoir rue sir Celicourt Antelme, à l’arrière de Mauritius Telecom et en face de Winners, rue Révérend Lebrun, près du Ruisseau du Pouce, et rue Edith Cavell, entre la rue Mère Barthélémy et la rue Brown Séquard. La NTA a prévu 22 parkings pour les 72 propriétaires de taxi opérant à partir de la gare Victoria.
« Nous avons eu une rencontre avec le ministre Nando Bodha dans la matinée du 11 septembre. Nous lui avons fait part de notre mécontentement au sujet des endroits de relocalisation. Pour nous, ces endroits identifiés sont trop loin des terminus. Nous risquons de ne plus avoir de clients », déplore Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors’ Association.

Sur l’insistance des propriétaires de taxis, des officiers du ministère des Infrastructures publiques, de la Road Development Authority (RDA), de la NTA, de la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU) et de la police ont rencontré les chauffeurs de taxi de la gare Victoria dans la matinée du 12 septembre pour considérer leur proposition. « Les taximen réclament qu’une partie des taxis soit relocalisée rue Dumas. La NTA s’est catégoriquement opposée. Mais sur l’insistance des taximans, nous avons organisé une réunion ce jeudi matin en présence de toutes les autorités concernées, notamment la RDA et la TMRSU, pour savoir s’il y a une possibilité de reloger les taximans rue Dumas », nous confie un responsable de la NTA.

Arrivé sur les lieux, un officier de la RDA a tenté de faire entendre raison aux chauffeurs de taxi. « Il n’est pas possible de reloger les taxis rue Dumas, qui accommodera déjà quatre “stands” pour la compagnie Rose-Hill Transport. Nous ne pouvons relocaliser les bus sur un bord de la rue et les taxis sur l’autre bord. La rue Dumas sera une “highly pedestrian street”. Nous devons penser à la sécurité des piétons et des personnes qui utiliseront cette rue pour prendre leur bus », a déclaré l’officier de la RDA. Mais Raffick Bahadoor a insisté sur le fait que les clients n’accepteront pas de marcher de la gare pour venir prendre un taxi rue La Poudrière. Raison pour laquelle il demande que les taxis soient relocalisés à proximité du terminus.

Par ailleurs, les propriétaires ont proposé sept autres parkings, notamment aux rues Edith Cavell et Sir Celicourt Antelme. « L’impasse rue Edith Cavell, derrière la Mauritius Commercial Bank, sera transformée en parking. Idem pour l’impasse se trouvant entre les magasins Galaxy et Cassam, rue Edith Cavell. Puis quelques autres parkings ont été identifiés rue sir Célicourt Antelme, à proximité du bâtiment d’Air Mauritius, là ou les marchands ambulants opéraient autrefois. Au total, sept nouveaux parkings ont été identifiés pour les taxis », indique l’officier de la RDA.

Toutefois, les négociations n’ont abouti à rien car les taximans s’opposent toujours aux premiers endroits identifiés pour leur relogement. « Rien n’a été planifié. Si les autorités avaient fait leur travail comme il le fallait, nous aurions été relocalisés à de meilleurs endroits », affirme Raffick Bahadoor. Les propriétaires de taxi ont aussi réclamé un sursis pour qu’ils prennent place dans les nouveaux emplacements. Une demande qui a été catégoriquement rejetée par la NTA, qui affirme que personne n’aura accès à la gare Victoria à partir de ce samedi.

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