Inondations à Cottage : les habitants formés à la réduction des risques

Maurice est le 16e pays dont les risques de catastrophes sont les plus élevés et est classée 10e sur la liste des pays les plus exposés aux risques naturels. Lors des récentes pluies, plusieurs régions de l’île, dont l’ouest, ont été sévèrement touchées. Ainsi, il est très important de renforcer la capacité des habitants à répondre aux catastrophes naturelles, tout en leur inculquant une culture de réduction des risques. Le National Disaster Risk Reduction and Management Centre a en ce sens organisé, pour une trentaine de personnes, un Community Disaster Response Programme durant trois jours, soit du 12 au 14 juin, dans la région de Cottage.

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Le programme, qui a vu la participation des services de secours, comme la police, la Special Mobile Force, les Mauritius Fire and Rescue Services et la Croix-Rouge, vise à former et à équiper une équipe de volontaires provenant des zones vulnérables pour répondre à une situation de crise ou à une catastrophe imminente, ainsi que pour apporter un soutien essentiel aux premiers intervenants et fournir une assistance immédiate aux victimes. Les participants ont aussi eu droit à une remise de certificats des mains du président du Conseil de Village de Rivière-du-Rempart.

« Le programme habilite le groupe de volontaires à travers une formation sur les techniques de base de sécurité incendie, manipulation des cordes, premiers secours, activités de sauvetage aquatique, gestion de camp de base, “team building” et autres techniques de base », a expliqué Ravi Mungra, chef inspecteur de police attaché à la NDRRMC. Il ajoute : « Cet exercice est devenu un “must” pour ces habitants car ils ont vécu des inondations il n’y a pas si longtemps. Personne ne peut prétendre connaître la région mieux que les habitants. Ces derniers peuvent sauver en premier les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes handicapées. » Cet exercice, rassure le chef inspecteur, se poursuivra dans d’autres régions vulnérables. « Nous demandons au public de se porter volontaire pour venir en aide à leurs voisins », dit-il.

Un habitant de la région, prénommé Prem, dit connaître « souvent » des intempéries et, grâce au Community Disaster Response Programme, « on est mieux préparé pour faire face aux caprices de Dame Nature ». Il ajoute que Cottage « est un endroit à risque » et que, souvent, lors des grosses pluies, « l’accès aux services de secours est affecté ». Il poursuit : « Avec les équipements et le CDRP, on pourra aider les habitants dans le processus d’évacuation de la communauté avant et après l’arrivée des premiers intervenants. »

Haulkhory Abdool Izaddin, le Senior Station Officer basé à Piton, était présent à Cottage pour les trois jours de formation à l’intention des habitants de la localité. « Nous leur avons appris les techniques de bases, comme comment évacuer les personnes suite à une subite montée des eaux et comment les mettre à l’abri », indique-t-il. Et d’ajouter que « les personnes formées travailleront de concert avec le Local Emergency Operation Command, qui se situe au niveau du Conseil de District de Pamplemousses, pour assurer la sécurité des habitants pour toute catastrophe ».

Muruguppa Hadasen, un jeune du village, s’est porté volontaire pour cet exercice de simulation vendredi dernier. « Mo trouv sa lexersis-la bien interesan. Mo finn aprann bokou kiksoz e kouma mo kapav ede pou sov lavi dimounn. Mo lans enn apel bann zenn pou ki zot partisipe kan bann lotorite fer apel a zot », dit-il.

Smeeta Lutchman Uppiah, mère de quatre enfants, explique que sa famille a été celle « la plus touchée » par les inondations. « J’ai tout fait pour sauver la vie de mes enfants, mes chiens, mes chats et d’autres animaux. Je n’étais pas encore formée à cette époque. Lorsque j’ai appris que les autorités cherchaient des volontaires, je me suis dit que ce serait bon si je pouvais bénéficier d’une formation. Mo finn deza gagn enn ti lexperians. Avek enn formasion mo kapav plis ede e partisipe an ka de gran katastrof », explique-t-elle.

Quant à Alisha Jooree, elle aussi habitante de Cottage, où les inondations avaient emporté presque tout sur leur passage, raconte que « des meubles, des voitures et des ordinateurs, entre autres, avaient été emportés ». Elle poursuit : « Comment ne pas se porter volontaire lorsque vous avez vu la mort en face ? Je ne pouvais refuser. J’ai appris depuis le début de cette formation de trois jours beaucoup de choses, notamment comment manipuler une corde, et je suis certaine que cela pourrait m’être utile à la longue. »

Ce programme a été répliqué dans plusieurs endroits vulnérables de l’île, tels Bambous, Bel-Ombre, Canal Dayot, Fond-du-Sac, Grand-Sable, Poste-de-Flacq, et même dans autres îles de l’océan Indien. Le centre prévoit aussi d’étendre le programme dans d’autres régions de Maurice et Rodrigues.

Selon un responsable, les exercices de simulation restent un « élément clé » au stade de préparation et le NDRRMC organise une trentaine d’exercices à travers l’île, et ce en collaboration avec les autorités locales et les premiers intervenants (Police, SMF, MFRS, NCG, SAMU). Avec le soutien du centre, des exercices de simulation sont organisés et menés au niveau des conseils municipaux et des conseils de district, l’Outer Islands Development Corporation, de Rodrigues et d’autres organisations, selon un calendrier annuel de simulation, qui contribue « significativement » à atténuer et répondre aux menaces identifiées.

Les événements extrêmes liés au changement climatique affectent de plus en plus de personnes à Maurice. Il y a donc un besoin accru pour le NDRRMC et ses parties prenantes de s’assurer que les gens peuvent s’adapter et se remettre des aléas, des chocs ou du stress, sans compromettre les perspectives de développement à long terme. NDRRMC est une unité du ministère de l’environnement, rédigée par la NDRRM Act 2016.

Le centre est mandaté comme l’autorité principale pour la gestion et la réduction des risques de même que la coordination des réponses aux catastrophes. Il est aussi responsable pour coordonner les activités avec toutes les parties prenantes, afin de s’assurer que la gestion, la planification et l’intégration de la réduction des risques se font d’une façon efficace, que ce soit au niveau local ou national pour « assurer la sûreté de la population ».

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