INONDATIONS DU 30 MARS 2013 —DERNIÈRE SÉANCE DE L’ENQUÊTE JUDICIAIRE: Plaidoiries des avocats du “watching brief” le 30 juin

L’enquête judiciaire pour faire la lumière sur les inondations meurtrières du 30 mars 2013, présidée par la magistrate Ida Dookhy-Ramburrun, a pris fin hier. Le Permanent Secretary au Prime Minister’s Office (PMO) Anerood Pursonon a été le dernier témoin appelé à la barre avant de terminer les débats. Ce dernier devait soumettre des documents sur les mesures prises et les projets en préparation concernant les inondations de 2013, qui ont coûté la vie à 11 personnes.
Le DPS au PMO Anerood Pursonon devait soutenir hier qu’il y avait eu trois réunions au niveau du PMO, en présence du directeur de la Météo, pour discuter des améliorations à faire et des mesures à prendre pour éviter de tels incidents à l’avenir. Il avait indiqué, lors d’une précédente séance, que deux points importants avaient été soulevés lors d’une réunion du conseil du National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NDRMC), dont le fait que la station météorologique de Vacoas devra revoir le système d’alerte existant concernant les cyclones et mettre sur pied un nouveau “warning system” pour les cas d’inondations. Un projet mis en avant, et qui serait au stade de concrétisation, serait un système d’avertissement pour le public par voie de textos. Concernant l’efficacité de l’actuel “warning system” à la Météo, l’ASP Sookareea, de la NDRMC, devait concéder : « Pour les inondations, le service de prévention de la Météo ne peut prédire avec précision s’il y aura ou non des inondations, puisqu’étant un phénomène naturel. Cependant, la NDRMC prend ce problème d’inondation comme un des plus grands défis modernes et tente d’explorer toutes les solutions possibles pour permettre au pays d’être mieux préparé dans ce genre de situation. » L’ASP a soutenu que le “flood early warning system” par sms est en cours d’implémentation à la Météo pour avertir le public avant des inondations imminentes.
Le fait marquant de l’enquête judiciaire, qui a duré environ 50 jours, est la responsabilité atribuée aux différentes autorités pour la maintenance et la construction des drains dans la capitale. Selon le rapport de certains consultants appelés à témoigner dans l’enquête, quelques drains construits dans la capitale n’étaient en effet pas habilités à contenir une quantité d’eau équivalente à celle enregistrée lors des inondations meurtrières. Selon le directeur de Desai and Associates Jaish Desai, les Cut-Off Drains construits à hauteur de la Montagne des Signaux, ceux qui sont les plus aptes à contenir les pressions d’eau émanant des montagnes n’étaient pas suffisants dans ce cas précis. Selon lui, les drains trop étroits, qui contenaient des déchets et quelques structures obstruant le passage naturel de l’eau, ont contribué au déferlement d’eau dans les rues, provoquant l’inondation. Autre fait marquant : le témoignage du Chief Executive de la mairie de Port-Louis, qui a soutenu que la responsabilité de la maintenance des drains revenait à la municipalité et que si elle manquait de fonds, la mairie devait s’adresser à la National Development Unit (NDU) pour recevoir l’aide nécessaire afin de pouvoir concrétiser son projet. Jean François Dorestan devait soutenir qu’il était « imparable » qu’il y ait des déchets dans les drains après les inondations. Concernant la construction de la 3e voie sur l’autoroute M1, et sur les constructions au niveau du ruisseau du Pouce, le chef ingénieur de la General Construction Company Ltd, à qui les travaux avaient été alloués, devait maintenir que le ruisseau du Pouce n’avait, à aucun moment, été obstrué, et ce malgré des sous-plateformes placées dans le lit du ruisseau pour effectuer les travaux.
Autre élément remis en question : le rôle des vigiles de Rapid Security, responsable de la sécurité au Caudan Waterfront, notamment au tunnel Sud, où six personnes ont perdu la vie le 30 mars 2013. Selon le témoignage des familles des victimes, dont Allan Wright, les vigiles opéraient « sans permis de travail » et étaient souvent sous l’influence de l’alcool. De même, ils ne se trouvaient pas souvent dans les tunnels. Le Chief Security Officer de la State Property Development Company (SPDC) Deny Laval Maurice devait confirmer que certains vigils ne détenaient pas leur permis, mais qu’ils travaillaient malgré tout, en attendant que les procédures soient avalisées. Le vigile de Rapid Security Brodick Caleea, qui était en charge du tunnel Sud le jour des inondations, avait maintenu qu’il était le dernier à sortir du tunnel et que tous les propriétaires de boutiques en étaient sortis. Mais les enregistrements des caméras de surveillance à l’entrée du tunnel Sud, visionnés en Cour, lui avaient donné tort.
À noter que l’enquête judiciaire a été initiée par le DPP afin de faire la lumière sur les inondations du 30 mars 2013. Le ministère public est représenté par Mes Raj Rammaya, Keshri Soochit et Anuradha Puryag-Ramphul. Me Rajesh Unnuth tient un “watching brief” pour les employés de la SPDC, Mes Viren Ramchurn et Prakash Bakee tiennent un autre pour les familles Rughooputh et Ramdhari. Me Akil Bissessur, quant à lui, défend les intérêts de la famille Wright tandis que Me Gavin Glover, assisté par Me Rishi Bhoyroo, représente les cadres de la General Construction Company. Me Ravi Rutnah défend, lui, les intérêts des employés de Rapid Security.
Les victimes des inondations meurtrières du 30 mars 2013 sont : Jeffrey Allan Wright, Sylvia Wright, Toolsee Ram Ramdhari, Pravin Kumar Khoosye, Karmish Saligram Tewary, Dhanraj Saligram Tewary, Retnon Sithanen, Rabindranath Bhobany, Fan Lan Wong Tat Chong Lai Kim, Christabel Moorghen et Stevenson Henriette.

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