INTERVIEW GAVIN GLOVER:«Pas surpris par l’année difficile que je viens de vivre»

Dans 12 jours exactement, il aura à remettre en jeu son poste de président du Mauritius Turf Club (MTC).  Certes, cette présidence n’a pas été celle que Gavin Glover espérait au départ, mais dans l’entretien qu’il a accordé à Week-End en fin de semaine, l’homme en tire néanmoins des éléments sportifs. A tel point qu’il se dit même disposé à rempiler pour une deuxième année afin de «poursuivre le travail déjà commencé.»
Cependant Gavin Glover reconnaît que cette année 2011 n’a pas été de tout repos pour lui. « Je ne fus pas surpris par l’année difficile que je viens de vivre en 2011. Certains épisodes que j’ai vécus sont durs à oublier et j’ai l’intime conviction que ce n’est pas terminé…». Des propos lourds de sens de la part de celui qui dit croire dans «le bénéfice du doute» par déformation professionnelle et que sa «naïveté» lui a probablement joué des tours. Reste que le président sortant du MTC estime que son board a fait «ce qui était nécessaire» pour que l’organisation des courses à Maurice puisse continuer
Gavin Glover, votre mandat en tant que président du MTC arrive à terme.  Administrativement, quel regard jetez-vous sur la saison 2011?
— Sans aucun doute, ce fut une bonne saison dans l’ensemble. Nous avons institué un nouvel organigramme pour le bon fonctionnement de notre staff, introduit les codes d’éthique, travaillé sur une revue en profondeur des statuts; nous avons aussi fait face a l’organisation de 38 journées de courses dont deux week-end,  et comme vous le savez, le dernier selon une nouvelle formule. Donc, je dirai que mon regard sur la saison 2011 est satisfaisant.
Qu’est-ce qui vous a marqué le plus en tant que président du MTC?
— Indéniablement, le fait que la majeure partie des problèmes liés aux courses est créée par ceux qui sont dans le milieu et avoir à régler ces problèmes retarde beaucoup le vrai travail des administrateurs du Club.
—  Finalement, ce mandat ,vous le qualifiiez de facile ou difficile?
— Ayant été déjà très impliqué  durant mes quatre premières années au sein  du Board des commissaires, je ne fus pas surpris par l’année difficile que je viens de vivre en 2011. Certains épisodes que j’ai vécus sont durs à oublier et j’ai l’intime conviction que ce n’est pas terminé…
Et si l’on vous demande de faire une comparaison entre l’état d’esprit, le mood et l’ambiance qui régnaient auparavant et l’état d’esprit, le mood et l’ambiance actuels au Champ de Mars, que diriez vous?
— C’est un fait qu’aujourd’hui tout est différent. Tout le monde doute de tout, tout le temps. Un commissaire me disait récemment qu’il admire ma naïveté. Peut-être suis-je naïf, mais je fais toujours confiance au premier abord. Je donne toujours le bénéfice du doute. Déformation professionnelle, qui sait ? Et puis, malheureusement, dans certains cas, je suis effectivement tres déçu.
—  Vous aviez fait de la discipline votre cheval de bataille, pensez-vous avoir réussi dans ce domaine?
— Il n’est jamais facile d’instaurer une discipline. Mais avec mes collègues du Board des Commissaires nous avons pris les décisions qu’il fallait prendre quand il le fallait. Mais la bataille sera encore longue. Les amendements que nous voulons apporter aux Statuts du club entraîneront un assainissement des procédures qui sont obsolètes et permettra une plus grande rigueur de la part des décideurs.
—  Votre bilan financier est plutôt bon si l’on s’en tient aux premières indications, surtout si on le compare à la saison dernière. Qu’est-ce qui explique ce revirement de situation?
— La politique de rigueur imposée au sein du MTC depuis un certains temps déjà a porté ses fruits. Le « turn around» n’est pas le fruit du hasard mais d’un effort concerté entre notre Board et l’administration menée par Benoit Halbwachs. Sans efforts, on ne peut rien avoir.
Gavin Glover, si on peut afficher une dose de satisfaction sur la gestion financière, toujours est-il que certains pensent que le MTC manque de courage quand il s’agit de prendre des décisions importantes?
— Cela peut paraître ainsi mais comme je l’ai déjà dit, toute décision doit être prise après avoir pris en considération tous les facteurs. Et croyez-moi, il y en a des facteurs à prendre en considération dans la gestion du MTC ! A chacun ses opinions.
Après ce que vous avez dressé comme bilan et vos sentiments par rapport au poste de président est-ce qu’une deuxième année de présidence vous intéresse?
— Evidemment, j’ai commencé un travail et je voudrais le finir. Mais je le dis tout de suite, ce ne sera pas à n’importe quel prix.
Si l’on vous dit cependant, Gavin Glover, qu’il n’y a pas eu de grandes innovations durant votre présidence. Seriez-vous d’accord?
— J’ai été élu président avec un budget qui prévoyait des pertes de plus de Rs10 Millions. A l’heure où l’on se parle, je termine mon mandat avec des profits après une année pendant laquelle on aura organisé le plus de courses jamais vues au Champ de Mars. C’était ça le défi principal de 2011. Je pense qu’il était important d’abord d’assurer l’organisation des courses tout en faisant le club rester dans ses limites financiers.
Quelles sont les choses qui auraient dû être accomplies, mais qui à l’heure du bilan n’ont pu être faites?
— Je regrette sincèrement de n’avoir pas pu présenter les amendements aux statuts du club  avant le 24 février, comme il était prévu à un certain moment.
—  Ces nouveaux statuts du club justement, doit-on comprendre M. le président que les amendements ont été renvoyés aux calendes grecques?
— Non, pas du tout. Les amendements sont prêts et nous les avons envoyés aux anciens présidents pour leurs commentaires avant leur soumission à une assemblée générale spéciale. Comme j’ai eu l’occasion de vous dire tout récemment je n’ai pas voulu alourdir l’assemblée générale annuelle avec ces amendements. Mais ce sera très vite fait.
—  Où en est le MTC avec le projet d’un nouvel hippodrome?
— Rappelez vous de ce que je disais il y a de cela quelques mois : Le projet n’est pas viable si l’on ne trouve pas de partenaires stratégiques. Les choses n’ont malheureusement pas changé depuis.
Gavin Glover ne pensez-vous pas qu’il faudrait un engagement du gouvernement dans un tel projet?
— Je ne pense pas que cela soit une priorité pour un gouvernement quel qu’il soit. Comme dirait l’autre : faut pas été naïf !
On peut citer aussi d’autres questions de fond sur lesquelles nous n’avons aucun écho comme par exemple les taxes qui sont imposées sur l’industrie des courses qui sont restées inchangées, le nouvel organigramme du MTC entre autres?
— Primo, la cuisine interne et administrative du Club ne devrait pas être un sujet a être traité sur la place publique. Secundo, comme je l’ai fait remarqué, le MTC n’a jamais eu sa destinée en main, elle dépend de facteurs externes «beyond our control». Tertio, si nous passions moins de temps à régler des problèmes internes nous aurions surement plus de temps à nous consacrer aux problèmes de fond.
—  Selon nos informations, les nouveaux statuts du Club allaient faire provision pour qu’un commissaire puisse être aussi propriétaire de chevaux. Quel intérêt il y a à ce qu’un commissaire administratif puisse aussi être propriétaire ?
— En 2007, quand je suis devenu commissaire j’étais pour cette idée. Je suis, aujourd’hui, résolument contre car les moeurs mauriciennes sont telles que nous allons nous exposer à toutes sortes de problèmes dont nous n’avons nullement besoin. Vous remarquerez que moi je ne divulgue pas ce qui fut décidé au Board sur le sujet…
—  On apprend que le stable manager Paul Foo Kune devra aussi assumer les responsabilités d’entraîneur?
— Totalement faux ! Tout comme l’info ou l’intox, vos lecteurs en jugeront, qui voudrait qu’une décision soit prise concernant l’écurie Gujadhur.
N’est-ce pas là, Gavin Glover, une façon pour le MTC d’institutionnaliser l’incompétence, quand tout le monde sait que Paul Foo Kune n’est pas un entraîneur de chevaux?
— Dois-je le rappeler qu’on devient entraîneur sur le tas à Maurice, mis à part des exceptions. Cependant, les spécificités mauriciennes sont telles que nous devons nous accommoder parfois de situations cocasses et je ne fais pas référence à l’écurie de Paul Foo Kune…
A qui Gavin Glover?
— ……
—  Les turfistes ont aussi noté une série de problèmes entre l’écurie Gujadhur et le MTC. Qu’en est-il exactement?
— Je reste sur ma position du départ: je ne fais aucun commentaire sur cette affaire.
Que se passera-t-il avec l’importation des chevaux de l’Afrique du Sud?
— L’orage est pour l’heure passé, je reste persuadé que les importations reprendront avec l’approbation des autorités concernées. Une fois que les deux parties auront trouver un terrain d’entente.
Le problème avec l’importation des chevaux remet en question la volonté du MTC d’organiser une grande course à Maurice?
— Pas vraiment, car l’idée n’a pas pu être concrétisée par manque de sponsors à l’époque. Par la suite, il y a eu cette malencontreuse décision sud-africaine autour justement de l’arrivée des chevaux à Maurice. Cependant, nous avons  eu jeudi confirmation que l’industrie sud-africaine nous apportera un gros soutien pour la journée inaugurale des festivités du bicentenaire le 23 juin prochain. Sur ce dossier je tiens à saluer Michel Nairac qui nous est d’une aide précieuse en Afrique du Sud.
—  Gavin Glover, on entend très peu parler du bicentenaire du MTC. Est-ce une façon de mieux préparer la surprise?
— Pas du tout. C’est aux membres que nous devons la primeur de l’information concernant les célébrations du bicentenaire de notre Club. Le programme officiel sera dévoilé le 24 février lors de l’assemblée générale et la presse aura toutes les informations nécessaires.
—  Quid des bookmakers off course et la décision de les ramener au Champ de Mars ?
— Le Général Manager, Benoit Halbwachs et moi-même avons rencontré le vice Premier ministre et ministre des Finances la semaine dernière pour lui faire part de nos appréhensions  sur ce retour  au Champ de Mars et de notre stand en la matière. Il nous a écouté attentivement et nous lui avons proposé une alternative. Notre proposition a aussi été transmise au Premier ministre et au Chairman de la Gambling Regulatory Authority par mes soins. Nous attendons les retombées qui, nous pensons, seront positives.
Terminons  sur la MBC… où le bons sens a fini par prévaloir, mais ne pensez-vous pas que c’est toujours le monde à l’envers que de payer la MBC pour retransmettre les images que le MTC produise en direct à la TV?
l Ceci est encore un exemple criant que nous ne contrôlons pas notre destinée. Cependant, nous multiplions les démarches pour que les courses soient retransmises à l’étranger pour booster nos revenus.

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