INTERVIEW: Une vraie dysharmonie règne entre les membres élus, a déclaré Meera Mohun

Après six mois à la tête du conseil d’administration de la Mauritius Society of Authors (MASA), et à la veille de la première assemblée générale (AG) de la société, le 23 septembre, Meera Mohun dresse un premier bilan. Un parcours semé d’embûches où elle a compris l’enjeu politique des uns et des autres. La présidente nous parle, sans mâcher ses mots.
Six mois comme présidente de la MASA, ça fait tourner la tête ?
Oui. C’est un tourbillon incessant. J’ai beaucoup appris en six mois. J’ai découvert l’autre facette de certaines personnes. J’ai eu à surmonter des épreuves difficiles pour m’imposer. Je ne m’attendais pas à une telle véhémence, mais j’ai été ferme et sereine. Je me suis engagée à assumer ce rôle, et je me sens forte, malgré tout. Il y a beaucoup à faire. Je reste déterminée.
Qu’est-ce qui vous a surpris ?
Ma plus grande surprise a été de me sentir seule. Il est normal d’avoir des divergences d’opinions, mais se retrouver face à une telle opposition est surprenant. Je ne demande pas au conseil d’administration de me suivre sur tous les plans, surtout les membres élus, mais je demande que nous travaillions dans l’intérêt de la MASA. Il y a un manque d’unité. Les divergences d’idées, on les accepte lorsqu’elles sont pertinentes; les critiques quand elles sont constructives. Alors que là, je me suis retrouvée dans des situations où certains membres élus de la MASA ont tout fait pour freiner des actions qui vont dans l’intérêt de la société. Cela entrave le bon déroulement de la MASA. Nous devons travailler dans l’intérêt de la communauté des artistes, et non chacun pour son propre intérêt.
Le board n’est plus en harmonie ?
Il y a une vraie dysharmonie qui règne entre les membres élus. Je ne généralise pas, mais il y a au moins deux personnes qui ont peut-être des hidden agendas au sein du groupe Harmonie. J’avais observé la dysharmonie juste après les élections des membres. Je me suis retirée de ce groupe peu de temps après. Je ne crois plus dans ce groupe, qui n’est qu’une façade et rien d’autre. Je suis une personne qui croit en une vraie harmonie, mais quand cela change de profil, je me retire. J’ai eu l’impression que l’on s’est servi de moi. Il manquait une personne d’une certaine communauté au sein du groupe, et on m’a sollicité car j’avais le bon profil…
Être nominée a encore contribué à cette dysharmonie ?
Peut-être, mais je sais que je n’ai fait aucune campagne pour être nommée présidente de la MASA. On m’a fait confiance : le Premier ministre a cru en moi et le ministère des Arts et de la Culture a soutenu ma candidature. Je suis rentrée par la grande porte et cela m’a donné encore plus de force. Il y a eu une forme de frustration chez certains membres du groupe Harmonie. Lorsque j’ai été nommée présidente de la MASA, ces personnes ont dit haut et fort qu’ils désapprouvaient ma nomination. Sur le board, ils ont l’impression de me casser psychologiquement, mais je tiens le coup. Je suis déterminée dans ma mission. Je travaille dans l’intérêt des membres de la MASA.
Il y a aussi eu des clashs entre les membres élus et vous…
Oui. Parce que certains membres ne comprennent pas qu’ils sont là pour travailler pour la MASA et pas pour eux. Je suis victime d’attaques personnelles de certains membres car je ne cautionne pas les conflits d’intérêt. Je me retrouve parfois devant des cas de conflits d’intérêt flagrants que je ne peux admettre. Il faut de la transparence au sein de la MASA. Pour arriver à leurs fins, certains constituent des clans avec le concours de quelques employés. Ils ne sont pas beaucoup; il y en a deux ou trois. En agissant de la sorte, ils entravent le bon déroulement de la MASA.
Au vu de ces six mois, quel est le plus gros dossier en attente ?
La MASA gère des revenus, des gros revenus, et la distribution de ces revenus est une chose importante. La distribution est le plus gros dossier du moment. Après la mise à pied de Harold Lai, nous avons constaté qu’il n’y avait personne au sein de la MASA qui maîtrisait ce dossier. J’ai dû faire venir deux membres de la CISAC (Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs, ndlr) pour former onze employés. Ce n’est pas possible de se retrouver dans une telle situation.
Lors de la dernière distribution, nous avions reçu plusieurs plaintes. Cette formation est nécessaire et il faut continuer sur cette lancée pour avoir un personnel compétent.
Craignez-vous votre première assemblée générale ?
Non, je suis confiante. En six mois, il ne fallait pas s’attendre à un miracle. Il y a beaucoup à faire au niveau de la MASA. On a dû repousser l’assemblée générale car certains dossiers étaient en suspens. Nous sommes à présent prêts, surtout avec la mise en place d’un projet pour accroître les revenus de la MASA. Il y a aussi la mise en place d’un manuel de procédures pour rendre l’information plus accessible et dans la forme la plus claire pour les membres de la MASA. Ceci dans un souci de transparence. Il faut que les membres aient confiance dans la MASA. C’est important pour faire avancer les choses.

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