Ismaël Nazir (candidat FLN): « Tout le monde a sa chance dans la partielle du N° 18 »

Ismaël Nazir, leader du Front Libération National, est un des candidats de la partielle à Belle-Rose/Quatre-Bornes. Cet ancien ingénieur en chef de la CHA est d’avis qu’il faut un renouveau politique et que des individus capables doivent avoir leur chance de servir le pays. Il prône l’harmonie entre les différentes composantes de la population et est d’avis que la congestion routière demeure l’un des plus gros problèmes à Quatre-Bornes.

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Vous êtes candidat à la partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes. Qu’en est-il de votre parcours?
Je suis un ingénieur civil diplômé de l’université de Nairobi. Je détiens également une maîtrise en Housing, Planning and Building de l’université de Rotterdam, de même qu’un LLB (Hons) de l’université de Londres. J’ai travaillé comme ingénieur en chef à la Central Housing Authority (CHA), j’ai aussi été enseignant au collège Bhujoharry, de même que rédacteur-en-chef adjoint du Star. J’ai eu l’opportunité de suivre le cours de  journalisme niveau 2 de l’Alliance Française.

Pourquoi vous êtes-vous lancé en politique ?
À cause des problèmes existants dans le pays. La politique est une cause noble. Au Front Libération National, nous avons un programme pour diriger le pays. Notre philosophie est que toutes les composantes de la population vivent en coexistence pacifique. L’humanité forme une seule communauté. Mais les gens se sont divisés dans le sectarisme. Nous voulons que Maurice soit une seule communauté. Plus que cela, nous voulons que la région des Mascareignes et du sud de l’océan Indien vive comme une seule communauté. Dans ce contexte, nous allons lancer une branche à Rodrigues dans un premier temps, puis dans d’autres îles.

Comment comptez-vous vous y prendre pour changer les choses ?
Quatre-Bornes est une île Maurice en miniature. Si on résout les problèmes de Maurice, on résout les problèmes de Quatre-Bornes. Notre programme au niveau national s’articule autour de plusieurs points. En premier lieu : l’aération de l’économie. L’argent doit circuler librement. Toute la population doit pouvoir jouir de la richesse du pays. Ensuite, il faut un plan pour la gestion des dettes sur une période de 20 ans. On ne peut continuer avec la situation actuelle où la dette du gouvernement est trop élevée.

Nous sommes également pour la décentralisation des institutions. Si 20 000 jeunes viennent sur le marché du travail chaque année, le gouvernement ne pourra cope avec la situation. Il faut répartir l’île en 20 régions et chacune s’occupera de 1000 chômeurs. Il faut donner une autonomie à 100% à ces régions comme tel est le cas pour Rodrigues. Chaque endroit peut se développer en lui-même et cela permettra également de réduire la congestion routière. Un autre axe est l’autosuffisance. Nous comptons créer un super-ministère, regroupant les Terres, le Logement, les Ressources marines, l’Agriculture et l’Énergie. Nous sommes pour une politique intégrée. Tout développement doit suivre un Master Plan. Ce serait le DPM qui s’occuperait de ce superministère. Le PM lui, s’occupera des Finances du pays et il présentera le budget quand ce sera nécessaire et non chaque année. Les autres ministères deviendraient des départements et les fonctionnaires conserveraient leurs emplois.

Par ailleurs, le combat contre la drogue, la question de la sécurité routière, le combat contre la pauvreté, figurent aussi dans notre programme. Il faut une politique d’intégration. Certains citoyens vivent dans des taudis, tandis que d’autres vivent dans des villas luxueuses. Tous ont les mêmes droits. Les entreprises devraient distribuer leurs profits aux employés. Cela motiverait ces derniers et permettrait de meilleures relations entre employeurs et employés.

Concrètement, que proposez-vous pour Belle-Rose/Quatre-Bornes ?
Je pense que le gros problème de la ville est la congestion routière. Étant ingénieur, je pense qu’on doit étudier le problème dans son ensemble et élaborer un plan. Pour ce qui est du Metro Express, je crois que ce n’est pas le bon timing. On aurait dû attendre encore trois à cinq ans. Je pense également que la technologie utilisée n’est pas appropriée. De même c’est un danger de faire passer un tram dans une région où il y a du glissement de terrain. Aussi, je pense que ce n’est pas bien de détruire des maisons où les gens vivent depuis plus de trente ans pour faire place au Metro Express. C’est contre leurs droits fondamentaux.

Vous êtes deux candidats du FLN pour un seul siège dans cette élection. Pourquoi ?
Mademoiselle Sonali Bhujun est la plus jeune candidate de ce scrutin et nous avons voulu lui donner sa chance. Nous avons des valeurs que nous voulons faire connaître à la population. Nous voulons injecter de nouvelles idées. Les partis traditionnels ont contribué au développement du pays, mais aujourd’hui, nous sommes à un tournant de l’histoire. Maintenant, il faut laisser la place aux nouvelles idées, à un nouveau système.

Toujours est-il que vous êtes techniquement adversaires dans cette joute électorale…
Pas du tout. Nous avons tous les deux les mêmes chances. Sonali est jeune, elle est nouvelle en politique et doit se faire connaître. Elle a la liberté totale de faire sa campagne comme elle l’entend. Quant à moi, j’ai habité Quatre-Bornes durant huit ans. Je connais la situation, je connais les gens sur place. En tant qu’ancien ingénieur en chef de la CHA je connais également les problèmes des cités.

Comment se passe votre campagne ?
Je prends contact avec les gens que je connais et ils aident à distribuer une petite brochure que j’ai préparée. Je ne fais pas de porte-à-porte. En revanche, j’interviens dans la presse en général.

Avez-vous déjà été sollicité par les partis déjà établis pour les aider ?
Non, mais en revanche, nous sommes ouverts à tous ceux qui veulent aider. Le FLN n’est pas un parti; c’est un front. Nous sommes disposés à travailler avec les mouvements partageant les mêmes valeurs, surtout les mouvements progressistes. Chaque mouvement garderait son identité propre mais nous ferons un travail en commun. Mais tout cela se fera après la partielle; pour les élections générales.

Vous avez justement été candidat aux dernières législatives. Comment cela s’est passé ?
Pour les élections de 2014, comme pour les autres élections, il y a toujours deux blocs : gouvernement et opposition. Les autres passent inaperçus. C’est pour cela que je dis que le système doit changer. Aux municipales de 2015, le FLN était en alliance avec le Forum Citoyens Libres de Georges Ah-Yan. Nous avons présenté 20 candidats dans deux villes, Port-Louis et Quatre-Bornes.  En 2000 et 2005, j’avais aussi été candidat du Hizbullah/FSM aux élections générales.

Pourquoi avoir quitté le FSM pour fonder votre propre parti ?
On s’était déjà entendu qu’après les élections de 2005, on allait créer le FLN. Mais par la suite Cehl Meah est resté sur sa position et a conservé le FSM. Pour ma part, je suis resté en retrait de la politique jusqu’en 2012, quand sir Anerood Jugnauth a démissionné de la présidence. Il a dressé un tableau très sombre de la situation du pays à la population. Cela a été le déclic pour moi. C’est alors que j’ai lancé le FLN.

À la partielle du n°18, il y a toujours les partis traditionnels qui pèsent de tout leur poids. Comment comptez-vous faire la différence ?
À mon avis, la partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes sera différente des dernières élections. D’abord, les partis au gouvernement ne participent pas à l’élection. Ensuite, la population est dégoûtée par les partis traditionnels. Certains veulent faire accroire qu’il y aura un match Ptr-MMM. Je crois que c’est de la malhonnêteté. Tout le monde a sa chance. Il y a des candidats très valables dans les petits partis et en indépendant. Il faut donner la chance aux autres. J’en profite pour dire ma désapprobation avec les médias qui ne donnent pas la même chance à tous les candidats.
Ceci étant dit, personnellement, je veux faire comprendre à l’électorat de Belle-Rose/Quatre-Bornes que je suis une voix indépendante objective. Si je suis élu, je serai comme un chirurgien qui viendrait extirper le mal de ce système.

Comment se passera votre dernière semaine de campagne ?
Nous allons mettre des banderoles dans certains endroits. À ce sujet, je suis d’avis que ce sont les autorités qui auraient dû financer de telles dépenses pour les élections. Cela éviterait le problème de financement des partis politiques, comme on le connaît, actuellement. Par exemple, la municipalité de Quatre-Bornes aurait pu mettre un billboard avec la photo de tous les candidats. Tous seraient traités équitablement.

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