Ivan Collendavelloo : « Le Covid-19 est pire qu’un cyclone »

Le VPM, ministre des Utilités publiques et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, monte au créneau et justifie la décision de procéder à la fermeture de l’Assemblée nationale. Selon lui, la pandémie de Covid-19 est « pire que le passage d’un cyclone », avec un impact plus conséquent sur l’économie. Et d’insister sur le fait que le report des travaux parlementaires vise « à ne pas mettre à risque les parlementaires et le personnel qui doit être mobilisé à cette occasion ». Dans un entretien accordé au Mauricien, il demande par ailleurs à la population d’éviter de gaspiller l’eau.

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Des mesures ont été prises en faveur des plus démunis pendant cette crise sanitaire. Pouvez-vous nous en parler ?

Une des plus importantes mesures prises est celle concernant le Central Electricity Board (CEB), qui a été de réduire la facture d’électricité des abonnés au bas de l’échelle. Nous avons un tarif spécial pour ceux qui font partie de la catégorie 110 A et quelque 70 000 familles bénéficieront d’une réduction de 20% sur leurs factures d’électricité. Nous avons également pensé aux petits commerces, avec une réduction de 10%. Il s’agit des petits commerçants qui, au cours des derniers 12 mois, n’ont pas consommé plus d’une moyenne de 125 unités par mois. Nous espérons ainsi venir alléger le fardeau de ceux qui souffrent encore plus que les autres des conséquences du Covid-19. Je tiens d’ailleurs à rendre hommage à tous ces travailleurs du CEB, de la Central Water Authority et de la Wastewater Management Authority pour leur dévouement en cette période des plus éprouvantes pour le pays. Nous retiendrons que ces équipes de travailleurs bravent tous les risques pour assurer un service minimum à la population.

Nous avons par ailleurs établi un programme de télétravail qui, au niveau du CEB, marche très bien. Nous avons remarqué que la performance de quelqu’un travaillant de chez lui est égale, sinon supérieure, à celle au bureau. Nous suivons l’évolution de la situation afin de voir dans quelle mesure on pourrait l’appliquer une fois les choses revenues à la normale.

Comment se présente la fourniture d’électricité ?

Je rassure la population au sujet de la fourniture du stock de charbon et de produits pétroliers. Il n’y a pas de pénurie et nous pourrons assurer la production d’électricité comme par le passé. D’autre part, le CEB et les Independent Power Producers (IPPs) travaillent en étroite collaboration afin d’assurer une fourniture d’énergie électrique adéquate.

Comment se présente la situation en matière de fourniture d’eau ?

Concernant l’eau, nous notons qu’il y a une énorme augmentation dans la consommation résidentielle. Nous faisons appel à la population de ne pas gaspiller l’eau. La consommation d’eau, si elle a diminué au niveau des hôtels et des industries, a en effet considérablement augmenté au niveau des ménages. Il faut que la population s’autodiscipline. Cette épidémie nous a fait remarquer qu’une proportion importante de la population fait preuve d’une attitude caractérisée par le désordre et l’indiscipline. Nous le constatons à tous les niveaux, et notamment au niveau de la consommation d’eau. Cessons le gaspillage ! Par ailleurs, les travailleurs du tout-à-l’égout sont aux aguets et viennent soulager la population lorsque les égouts débordent. Ce sont de grands travailleurs dont on ne soupçonne même pas l’existence. Pour le moment, la situation se maintient dans ces trois corps para-étatiques. Espérons que cela continue.

On vous a très peu vu en public ces dernières semaines…

Sur avis médical et de personnes autorisées, je suis en confinement volontaire. Je travaille de la maison et ne descends au bureau que lorsqu’il est absolument nécessaire que je sois physiquement présent. En ce qui me concerne, je garde une distanciation sociale de deux mètres et prends toutes les précautions nécessaires pour mon âge et mon état de santé. C’est pour cela que je ne vais pas dans les studios de la MBC, mais, à l’occasion, je transmets un message via Facebook. Je garde aussi un contact téléphonique avec mes mandants et j’arrive à très bien travailler de la maison ou en isolation dans mon bureau.

Comment faites-vous pour les réunions ministérielles quotidiennes ?

J’assiste aux délibérations du conseil des ministres et je suspens alors mon isolation. Pour les autres réunions, j’utilise des moyens informatiques de téléconférence.

La suspension des travaux de l’Assemblée fait l’objet de sévères critiques. Quelle est votre réaction ?

Je ne crois pas qu’il soit utile de lancer un débat pointu sur l’interprétation des mots contenus dans le texte. L’esprit derrière la suspension n’était pas d’attaquer la démocratie, mais d’empêcher que 70 députés et membres du personnel d’encadrement de l’Assemblée nationale – policiers, employés du « Catering » et préposés, entre autres – se retrouvent ensemble agglutinés autour d’un hémicycle avec un virus qui circule. J’avais bien fait comprendre que quant à moi, si la séance de l’Assemblée nationale avait eu lieu vendredi, je ne m’y serais pas rendu. Le risque était trop grand. Le Speaker a pris une bonne décision. Point final à la polémique.

L’opposition parlementaire, dont le MMM, propose l’institution d’un comité parlementaire afin d’interpeller le gouvernement…

L’idée pourrait être très bonne en l’absence d’un état de guerre. Il n’y a rien de fondamentalement mauvais, mais il faut prendre en compte le risque que cela représente pour la santé. D’ailleurs, avons-nous une alternative ? Non. Tout ce que nous savons, c’est que notre ennemi commun est le virus, qui ne demande pas à quel parti politique on appartient. C’est un virus égalitaire, qui attaque tout le monde, indistinctement. Je rends hommage à tous ceux qui ont volontairement accepté de contribuer au fonds de solidarité qui sera administré par quelques instances et qui, j’espère, seront indépendantes et sauront utiliser ces contributions financières à bon escient. J’y veillerai moi-même, car ce fonds comprendra une partie de mon argent.

Arvin Boolell et les parlementaires de l’opposition ont suspendu leurs contributions en attendant une garantie concernant l’administration de ce fonds. Votre réaction ?

Tout le monde, que ce soit le Premier ministre ou les ministres, est attaché à la bonne gouvernance de ce fonds et désire qu’il soit géré de manière indépendante et qu’il y ait une bonne gestion.

Quelles sont vos appréhensions concernant la situation économique ?

J’ai aussi peur sur le plan économique qu’au niveau de la santé publique en ce qui concerne l’impact du Covid-19. Depuis 2015, nous avions connu un accroissement de notre niveau de vie. Aujourd’hui, nous connaissons une dure réalité. Le monde est en récession. Quelquechose qui mesure quelques nanomètres est venu aplatir notre économie. C’est pire qu’un cyclone, parce qu’on ne le voit même pas venir ni ne savons combien de temps il vivra. La seule façon de le combattre est de « res lakaz ». Tant que les Mauriciens ne comprendront pas cela, la crise économique sera plus dure que nous le croyons.

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