Ivana Handmade Craft : Quand le rotin fusionne avec le macramé pour recréer la tendance bohème

La tendance bohème renaît graduellement à Maurice. Nombreux sont les Mauriciens et expatriés qui optent pour ce style pour leurs décorations intérieures afin de créer une ambiance ethnique chic. Amar Nathoo, un entrepreneur de 41 ans, a choisi de se lancer dans l’artisanat et de concevoir des objets décoratifs à la tendance bohème, et ce en fusionnant le rotin et le macramé. Rencontre.

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Ivana Handmade Craft est une petite entreprise locale, spécialisée dans la fabrication d’objets décoratifs pour vos intérieurs. Sise à Quatre-Bornes, elle a été fondée il y a deux ans par Amar Nattoo, un grand passionné de l’artisanat depuis son jeune âge. Cuisinier de profession, il conçoit des objets en fusionnant le rotin et le macramé pour recréer la tendance bohème à Maurice. Par la même occasion, il vit pleinement sa passion d’enfance.

Amar relate qu’il est un ancien élève du collège Eden, à Quatre-Bornes et qu’il a abandonné ses études après la Form V. Ambitieux et aspirant à devenir chef, il s’inscrit à l’École hôtelière, à Ébène, pour une formation de base et avancée dans la cuisine. « De profession, je suis chef de cuisine. Après mes études dans le domaine, j’ai pris de l’emploi comme cuisinier dans divers hôtels, notamment Beachcomber et Sun International. Ensuite, j’ai travaillé à Diego Garcia. En quête de plus d’expériences et d’expertises dans le domaine, je me suis rendu aux États-Unis pour travailler sur un bateau de croisière. J’ai pratiqué ce métier pendant 16 longues années », raconte Amar.

De retour à Maurice, le chef se lance à nouveau à la recherche d’un emploi, mais il n’en trouvera pas. « À l’époque où je suis retourné à Maurice, il était difficile de trouver un emploi sur le marché. Parfois, je parvenais à en trouver, selon mes qualifications et mon expérience, mais le salaire ne m’inspirait pas. Donc, pour moi, la solution a été de trouver un autre moyen d’avoir un revenu. C’est ainsi que je suis tombé dans l’artisanat », avance notre interlocuteur.

Amar vouait une grande passion pour l’art, le bricolage et le décor intérieur depuis qu’il est étudiant. « À l’école, j’aimais bricoler toutes sortes d’objets pour en faire des objets décoratifs. Quand je me suis retrouvé sans emploi, je me suis dit pourquoi ne pas transformer cette passion en un métier. Mais, j’avais besoin d’une formation dans le domaine de l’artisanat. C’est ainsi que je me suis inscrit à l’alors Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA) pour une formation en artisanat, en particulier le rotin », explique Amar.

Amar à l’oeuvre dans son petit atelier à domicile

La formation a duré six mois. Son certificat en main, Amar décide de se lancer dans un métier spécialisé dans la fabrication d’objets décoratifs à base de rotin. Toutefois, contrairement aux artisans locaux, il ne voulait pas fabriquer des sacs ou des meubles en rotin. « J’aspirais à faire quelque chose de complètement différent afin que mes produits soient valorisés sur le marché local. J’ai alors appris le macramé avec ma sœur, qui maîtrise parfaitement cette technique. Ensuite, j’ai commencé à concevoir des objets décoratifs en fusionnant le rotin et le macramé et j’ai réalisé des merveilles », indique Amar.

La prochaine étape pour Amar, c’était de créer son entreprise et c’est ainsi que Ivana Handmade Craft voit le jour. Pour se faire connaître sur le marché, il participe à toutes les foires des PME qui se présentent à lui. « Je n’ai laissé passer aucune chance pour me faire connaître à Maurice. Finalement, grâce à ces foires, beaucoup de gens ont vu et ont acheté mes produits. De bouche-à-oreille, la nouvelle s’est répandue dans mon endroit comme dans plusieurs autres. J’ai réussi à établir un réseau clientèle avec qui j’ai commencé à vendre mes produits. Toutefois, je dois préciser que les hommes sont mes plus fidèles clients, car ils adorent des objets qui sortent de l’ordinaire. La fusion du rotin et du macramé n’est pas un style vu tous les jours et cela fascine particulièrement les hommes », affirme notre entrepreneur.

Par ailleurs, Amar fabrique des objets décoratifs comme des paniers poubelles, des paniers décoratifs et des objets de tables, entre autres. Outre la fusion du rotin et du macramé, il a aussi eu l’idée de recycler des bouteilles d’eau en verre pour les transformer en lanternes ou abat-jour. « Je récolte les bouteilles en verre, dans lesquelles je place une lumière et je les décore ensuite avec du rotin et du macramé pour leur donner un look bohème. Ces bouteilles, qui allaient être jetées, sont transformées et deviennent un objet décoratif pour l’intérieur d’une maison. Je fabrique aussi des objets décoratifs à partir de pots ou d’autres objets qui sont inutilisés, mais qui peuvent ensuite être utilisés pour diverses occasions », avance Amar.

Outre les foires des PME, Amar fait la promotion de ses produits en ligne, notamment sur sa page Facebook, où il prend aussi des commandes. Les week-ends, il tente d’avoir un étal devant les hypermarchés pour exposer et mettre en vente ses différentes réalisations. « Je continue à exercer comme chef à plein-temps alors que l’artisanat est un métier à temps partiel. Je travaille actuellement chez des expatriés et ce sont eux qui m’ont encouragé à aller de l’avant dans ce métier. Quand je leur ai montré mes produits, ils n’ont pu cacher leur appréciation et m’ont comblé de compliments. C’est grâce à eux que j’ai eu la motivation à aller de l’avant dans ce métier. Aujourd’hui, parmi mes clients, il y a des Mauriciens et des étrangers. Pour eux, ces objets viennent valoriser le décor intérieur de leur maison », dit-il.

Amar déplore toutefois que les artisans locaux ne bénéficient pas du soutien des hôtels. « Les objets que je fabrique sont idéaux pour les décors touristiques. Il est vrai que les produits de matière première sont importés, mais le savoir-faire est local. À travers les hôtels, les artisans locaux auraient pu promouvoir leurs produits et atteindre le marché touristique, mais ils préfèrent importer les objets décoratifs de l’étranger plutôt que s’en procurer des artisans locaux. Dans ce contexte, les artisans n’ont pas la visibilité auprès des clients touristes », déplore Amar.

Au sujet de ces projets d’avenir, notre entrepreneur indique qu’il souhaite se concentrer sur son métier d’artisanat pour le moment. « Mes produits sont très prisés et sont en demande. Sauf que les artisans n’ont pas une plateforme idéale pour promouvoir et mettre en vente leurs produits. Mes moyens financiers ne me permettent pas d’ouvrir un magasin non plus. Donc, je lance un appel aux autorités concernées pour qu’elles trouvent une plateforme idéale pour les artisans. SME Mauritius nous offre la formation et des foires PME pour la promotion de nos produits, mais ce n’est pas suffisant. Il faut trouver un moyen pour que les artisans puissent avoir un étal, au moins une fois par semaine dans les foires ou bazar, avec une location abordable », précise-t-il.

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