JACQUES SADREUX: « Le but de l’homme sur Terre c’est de se parfaire ! »

Conférencier de la juridiction française de l’Ordre de la Rose-Croix (AMORC), Jacques Sadreux était à Maurice cette semaine où il a animé des causeries privées et publiques. Dans l’entretien qui suit, il parle surtout de l’enseignement rosicrusien et de sa pertinence ésotérique pour les jeunes.
Qu’est-ce que l’Ordre de la Rose-Croix (AMORC) ?
L’Ordre de la Rose-Croix (AMORC – Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix) est un mouvement philosophique, initiatique et traditionnel mondial, non sectaire et non religieux, apolitique, ouvert aux hommes et aux femmes, sans distinction de race, de religion ou de position sociale. Il a pour symbole une croix dorée ayant une rose rouge en son centre, la croix représentant le corps de l’homme et la rose symbolisant son âme en évolution. Il a pour devise : « La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance. »
L’Ordre de la Rose-Croix (AMORC), qui est une association à but non lucratif, a pour objectif de perpétuer les enseignements philosophiques que les Rose-Croix se sont transmis à travers les siècles, ces enseignements se rapportant aux mystères de l’univers, de la nature et de l’homme lui-même.
Nous sommes environ 25 000 dans la juridiction française (France, Suisse, Belgique, Québec, Départements et Territoires d’Outre-Mer, Afrique francophone) et environ 250 000 dans le monde.
La Tradition rosicrucienne remonte aux Écoles de Mystères de l’ancienne Égypte, durant la XVIIIe dynastie, vers 1500 avant l’ère chrétienne. Dans ces Écoles, dont l’existence est désormais reconnue par la plupart des historiens et des égyptologues, des Initiés se réunissaient pour étudier les mystères de la Création, d’où le mot « mysticisme ». Avec le temps, cette étude a donné naissance à une gnose qui s’est transmise ensuite dans la Grèce antique, l’Empire romain, l’Europe du Moyen-Âge, pour être recueillie finalement par les Rose-Croix du XVIIe siècle.
Pourquoi l’enseignement de la Rose-Croix n’est pas donné dans les institutions d’enseignement publiques ?
D’abord parce qu’un enseignement traditionnel, comme celui de la RC, véhicule une connaissance ésotérique…
C’est-à-dire ?
L’ésotérisme concerne le mysticisme, l’étude des lois et des choses cachées à la vue du curieux intellectuel.
Ces lois existent-elles ?
Elles existent. Comment donc voulez-vous qu’un enseignement public parle de choses qui concernent l’ésotérisme… On le ferait volontiers, pourquoi pas ? Mais vous serez vite mis à la porte…
Traditionnellement, tous les maîtres d’exception (qu’il s’agisse du Maître Jésus, de Bouddha ou de Mohamed) enseignaient en secret. Dans la Bible on dit bien qu’ils étaient bien plus de 200 autour de Jésus. Les 12 Apôtres étaient un collège issu de ces 200. Ces maîtres partageaient avec la foule des enseignements mineurs. Mais avec leurs disciples, ils partageaient des enseignements majeurs, ce qu’on appelait les mystères majeurs, les mystères mineurs étant réservés à la foule.
Vous entrez dans l’Ordre de la Rose-Croix et l’on vous donne la totalité des enseignements. L’Ordre de la Rose-Croix n’est pas une organisation prosélyte. Celui qui franchit les portails de l’Ordre apprend ce qu’on l’on est ainsi que ce que l’on n’est pas.
Et qu’est-ce que vous n’êtes pas ?
On n’est pas une secte. On demande à nos membres de ne pas se couper de la société. On leur demande, au contraire, de prendre et d’assumer des responsabilités citoyennes. On ne vous demande pas de vous couper de votre famille. Nous vous recommandons de ne pas continuer vos études chez nous, si cela divise votre famille.
Puis l’Ordre n’est pas dirigé par un gourou. Il n’y a pas d’endoctrinement. Vous y entrez et vous partez aussi librement. On ne vous demande aucune justification.
En quoi consiste cet enseignement rosicrusien ?
Cet enseignement s’étale sur douze degrés. Les six premiers degrés sont consacrés à l’étude du corps. Le premier degré est consacré à l’étude de la matière. Le deuxième aux deux phases de la conscience : la conscience objective et la phase subconsciente. Le troisième degré, c’est l’étude des différents règnes. Le quatrième, reprend ce qui a été dit dans les trois premiers degrés et on y étudie un manuscrit majeur. Le cinquième est consacré à l’étude des philosophes et le sixième à la guérison.
Le septième degré s’intéresse aux capacités psychiques de l’homme. Le huitième, le degré le plus spirituel, s’interroge sur Dieu, la Vie, la Mort, la Vie après la mort, etc… L’alchimie, le symbolisme, la transformation de la vie sont les sujets du neuvième degré. Le dixième degré touche à l’étude des religions, des choses qui ne sont pas connues des religions elles-mêmes. Le onzième degré l’Égypte, la Cabale, etc… et le dernier degré c’est l’étude des monographies qui ont été écrites par les membres de l’Ordre eux-mêmes qui ont atteint ce degré…
Quelle est la finalité de cet enseignement ?
Nous croyons que le but de l’homme sur Terre, c’est de se parfaire. Pour atteindre cette perfection, il a besoin d’étudier, de comprendre les lois par lesquelles Dieu se manifeste en lui et autour de lui. Nous disons qu’il ne suffit pas de croire en Dieu pour rendre l’homme meilleur : l’homme doit savoir comment Dieu intervient dans son corps et à l’extérieur de son corps.
Cela ne peut pas se faire dans une structure religieuse telle que nous la connaissons, la religion étant une voie de croyance. Or l’Ordre de la Rose-Croix est une voie de connaissance.  Il ne s’agit pas de savoir, car le savoir est limité. Un homme ne peut pas emmagasiner la totalité de ce qu’il doit savoir. Le savoir se réfère aux facultés cérébrales. Or, à la mort, le cerveau il disparaît, ainsi que le savoir. Mais après la mort, la connaissance qui est mémorisée par l’âme, qui perdure après la mort, cette connaissance, vous la retrouvez par la réincarnation.
Nous pensons qu’en une seule vie, vous ne pouvez pas être parfait. Tout comme un étudiant ne peut en une seule année maîtriser ce qu’il doit apprendre. Il doit revenir l’année prochaine pour compléter son savoir. Voilà pourquoi nous disons que la réincarnation est un thème majeur. De même, la guérison est un thème majeur pour l’étudiant rosicrusien. Il apprend comment se maintenir en bonne santé.
Nous vivons des moments tourmentés. Quelle serait la pertinence de l’enseignement rosicrucien pour un jeune d’aujourd’hui qui se sentirait happé dans le tourbillon de la vie moderne ?
Nous avons des jeunes parmi nous et ils ont ressenti ce besoin de comprendre Dieu. Ils veulent surtout comprendre cette conception mystique de Dieu et non celle de ce grand barbu blanc, assis dans le ciel, qui agit en bon père pour ses enfants. Nous leur expliquons que Dieu est une intelligence universelle qui a pensé, animé et manifesté toute la création selon des lois immuables et parfaites.
Nous disons que ces lois qui gouvernement le monde et l’univers ont préexisté dans la pensée de Dieu et c’est par l’action de l’homme qu’on les a manifestées sur terre. Mais si vous ne les connaissez pas, ces lois, comment pouvez-vous les manifester ? Or Dieu, pour nous Rosicrusiens, a déposé dans l’âme humaine, dès sa toute première incarnation, des vertus, des archétypes qui ont servi à manifester Sa Création. Ces vertus ne sont perçues, non pas par l’intellect, mais par « l’intelligence du coeur ».
C’est pour cette raison que les lois que nous étudions à l’intérieur de l’Ordre dans nos enseignements, majorent tout ce qui concerne « l’intelligence du coeur », c’est-à-dire les vertus spirituelles, la charité, l’amour, la compassion. Toutes ces vertus tissent l’âme et aident l’homme à comprendre qu’un autre comme lui-même mérite son amour, mérite son pardon. Ce sont ces comportements extrêmement simples que les jeunes veulent comprendre.
Très peu de jeunes s’intéressent à trouver de l’or, à devenir riche, mais ils veulent apprendre comment lutter contre la méchanceté des hommes, contre la misère. Nous sombrons dans un matérialisme et un individualisme excessifs, mais les jeunes cultivent un idéal d’amour et de fraternité. Avec l’ésotérisme des enseignements de l’Ordre, ils apprennent à mettre en pratique ce qu’ils savent. Celui qui sait mais qui ne met pas en pratique ce qu’ils sait, eh bien, il ne « co-né » pas… la « co-naissance », il faut qu’il y ait de l’amour pour qu’elle puisse être communiquée aux autres.
Le savoir ne se communique pas, il s’apprend, mais la connaissance, elle, se communique par le coeur. Et c’est là la clé de ce qui va nous sortir de nos superstitions et de nos frayeurs.

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