JAIRAJ SONOO: « Conquérir de nouveaux espaces dans le monde bancaire local »

La fusion entre la Bramer Banking Corporation (BBC), la Mauritius Leasing Co Ltd (MLC) et la Bramer Holding Co Ltd (BHCL) est effective depuis hier et la nouvelle entité se prépare à faire son entrée sur le marché officiel de la Bourse mercredi prochain. Dans une interview accordée au Mauricien, Jairaj Sonoo, Chief Executive de la BBC, soutient que c’est une institution financière plus solide et plus diversifiée qui est aujourd’hui en place. Avec un capital de base qui augmente de 50 % pour passer à Rs 900 millions, la BBC, affirme-t-il, est en mesure de conquérir de nouveaux espaces dans le monde bancaire local et, à travers l’élargissement de son champ d’actions et les synergies qui vont se développer, s’est fixé pour objectif de doubler sa base d’actifs à Rs 19 milliards d’ici trois ans.
Comment cette fusion entre la BBC, la MLC et la BHCL sera-t-elle bénéfique aux actionnaires de la nouvelle entité créée ?
Cette fusion vise à créer une entité bancaire plus robuste avec plus de ressources en vue de satisfaire davantage nos clients, et ainsi créer plus de valeurs pour nos actionnaires. La Bramer Bank est aujourd’hui une institution financière beaucoup plus solide et plus diversifiée qu’elle ne l’était avant la fusion. Nous sommes en mesure de mener notre projet de transformation à bon port selon les objectifs de croissance que nous nous sommes fixés.
La fusion va favoriser l’éclosion des synergies entre les compétences et les ressources de l’entité bancaire et de la Mauritius Leasing. Nous allons ainsi pouvoir optimiser les coûts d’opération ainsi que les coûts de financement, ce qui nous permettrait d’envisager de nouveaux projets de développement au bénéfice des clients, des actionnaires et de nos employés.
En effet, notre modèle de croissance est renforcé avec l’arrivée de nouveaux piliers, notamment le Leasing et la Micro Finance, dans notre product base. Notre part de marché est du coup plus conséquente. Nous pouvons aspirer à conquérir de nouveaux espaces sur le territoire grâce aux nouvelles possibilités decross-selling qui s’ouvrent dans nos activités de vente. Ceci sera désormais possible grâce à des équipes polyvalentes en termes de compétences tant dans l’opération bancaire que dans le leasing, qu’on appelle de plus en plus la asset finance dans le jargon de la finance.
Les Listing Particulars soumises par la Bramer Banking Corporation aux autorités boursières font état d’une augmentation immédiate du capital de base et des capacités d’allocation de crédits. Peut-on savoir comment cela se matérialisera dans le concret ?
En effet, notre capital passe de Rs 600 millions à Rs 900 millions. Cette augmentation du capital se traduit naturellement par une meilleure capacité de financement. Notre capacité de financement aux clients individuels (single party limit) se voit ainsi rehaussée. De par les normes prudentielles qui régissent l’activité bancaire, notre capacité de financer un client est déterminée, entre autres facteurs, par notre capital. Lorsqu’on augmente le capital, notre capacité de financer les single parties passe de Rs 150 millions à Rs 225 millions.
Avec plus de ressources à notre disposition, nous allons certainement étendre notre activité de crédit, ce qui entraînera en conséquence une plus grande animation dans nos autres créneaux dont les non-interest income streams.
Nous prévoyons ainsi de dégager plus de bénéfices qui viendront renforcer davantage notre capital dans les prochaines années. Notre objectif vers 2014 est de constituer une base d’actifs avoisinant les Rs 19 milliards, soit pratiquement le double du niveau actuel.
Mention est également faite de vos intentions de diversifier davantage le portefeuille de clients de la banque et de viser les PME ainsi qu’un nombre plus important de clients corporate. Estimez-vous que ce sont des sources importantes de croissance pour la BBC ?
Comme je l’ai fait remarquer, le renforcement de notre capital apporte plus de tonus à nos activités de crédits. C’est principalement la clientèle corporate qui en profitera. Nous estimons également que les petites et moyennes entreprises (PME) représentent une source de croissance importante pour la Bramer Bank. Nous pensons qu’il s’agit là d’un segment qui reste sous-exploité, malgré les efforts considérables déployés tant par les autorités que par l’industrie elle-même en vue de faciliter l’accès des entrepreneurs aux capitaux.
Nous allons continuer à consolider notre offre PME. L’apport de l’activité leasing sera un atout de taille dans cette stratégie de développer la clientèle business, tant au niveau des corporates que des PME.
Nous bénéficions également d’une ligne de financement auprès de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) pour prêter aux PME.
Un partenariat plus poussé est annoncé avec la Century Banking Corporation dans le domaine de la finance islamique. Quelles sont les perspectives sous ce chapitre ?
Ce partenariat avec la Century Banking Corporation apportera plus de profondeur à notre modèle de croissance. Il nous permettra aussi de bâtir des avantages concurrentiels uniques dans le marché. Nous faisons le relais d’un mode de financement et d’épargne non conventionnels, et nous sommes en train de répondre aux attentes d’une clientèle qui a une tout autre conception de l’intermédiation financière.
La crise financière que nous venons de traverser a mis en exergue la nécessité d’apporter une nouvelle éthique à la finance. Les perspectives de croissance de la finance islamique à l’échelle mondiale, tant dans le monde musulman qu’ailleurs, sont énormes. Nous estimons qu’il y a aussi un potentiel fort intéressant sur le marché local.
Je dois aussi signaler que la Mauritius Leasing a déjà dans sa gamme de prestations des produits islamiques uniques à l’île Maurice, que nous allons continuer à exploiter sous l’enseigne de la Bramer Bank.
Quelle a été la performance de la BBC en 2011 et quelles sont les possibilités de croissance pour l’institution au cours des prochaines années ? Il semblerait que vous ayez déjà établi un plan pour la période 2012-2014 ?
Notre stratégie de transformation s’étale sur trois ans. Ce projet de transformation porte sur le développement du business, dont l’expansion vers de nouveaux marchés et l’exploitation de nouvelles filières plus sophistiquées dont l’investment banking, lecustodian banking et le private wealth management & private banking.
Nous prévoyons également de consolider notre équipe et nos technologies bancaires en vue d’apporter plus d’efficience dans nos opérations et une meilleure qualité de service à la clientèle. La satisfaction de nos clients est une de nos préoccupations principales, et nous allons nous donner les moyens nécessaires pour rehausser la banking experience à laquelle nos clients peuvent s’attendre en venant à la Bramer Bank.
Vous serez la troisième banque à être cotée sur le marché officiel de la Bourse. Quel regard jetez-vous sur le secteur bancaire local et sur la concurrence dans ce secteur ?
Le marché bancaire est devenu au fil des années très compétitif avec l’arrivée de nouveaux opérateurs et la disparition graduelle des barrières dans les différents métiers de l’intermédiation financière. Vingt opérateurs dans un petit pays comme Maurice, cela peut donner une impression de surcapacité. Dans les faits, toutefois, tel n’est pas le cas. Le secteur bancaire dans son ensemble affiche la bonne forme, et ce, dans un contexte de crise mondiale. Selon les dernières estimations de Statistics Mauritius, le secteur bancaire a enregistré une progression de 6 % en 2011, tandis qu’une progression de 4,9 % est prévue pour 2012.
Les forces de la concurrence ont favorisé l’innovation et la recherche continue de l’efficience au sein de l’activité bancaire. En fin de compte, le consommateur en sort gagnant avec des produits et des services efficaces, performants et à des prix compétitifs.
La Bramer Bank a pris la mesure de toutes ces réalités, et a dégagé en conséquence une stratégie de développement. Nos produits et services sont conçus dans l’optique de retourner plus de value for money à notre clientèle, ce qui veut dire que nos clients ont droit à des prestations et produits performants à des tarifs compétitifs. Le consommateur a aujourd’hui plus de choix, et il est devenu unmulti-bank user, c’est-à-dire qu’il traite avec plus d’une banque. Il faut pour cela s’assurer que nos prestations soient à la hauteur de ses espérances. Ces trois dernières années, le nombre de nos agences est passé de 6 à 19 et le nombre de distributeurs automatiques de 6 à 22. Nous avons aussi introduit les facilités d’internet banking qui nous permettent d’augmenter les points de contact avec les clients.
Les opportunités ne se limitent pas uniquement au territoire mauricien. Les opérations internationales des banques sont en expansion. Cette dynamique va se poursuivre.
La BBC sera introduite à un cours de Rs 9.50. Comment êtes-vous parvenus à ce cours ? Quels sont les facteurs pris en considération ?
Dans les listing particulars de la Bramer Bank, nous avons élaboré sur le prix d’introduction de Rs 9.50 de nos actions à la Bourse de Maurice. Ce prix démontre le niveau de confiance et la valeur que nos actionnaires attribuent à leurs investissements dans la nouvelle Bramer Bank. Notre but au niveau de l’exécutif de la banque est de travailler dans cette perspective afin d’optimiser notre croissance dans les années à venir. Notre assise, plus solide, nous permet d’envisager un positionnement sur le marché local avec une visée d’expansion outremer. Nous nous attendons à des gains en synergies immédiates suivant la fusion en termes d’optimisation des coûts et une croissance au niveau dubusiness development de par l’accès à la base clientèle respective de la Bramer Bank et de la Mauritius Leasing.
 
La nouvelle entité créée après la fusion comptera un actionnariat public de 17,2 %. Or, les conditions d’admission stipulent que le grand public doit détenir au mois 25 % du capital de la société cotée ? Envisagez-vous une plus grande ouverture du capital de la BBC au grand public ?
L’actionnariat de la banque après la fusion comptera le minimum requis de 25 %, comprenant les actions détenues par le public directement (17,2 %) et à travers le Bramer Property Fund (8,1 %). Donc, déjà au départ, l’actionnariat de la banque est élargi. Il n’est pas exclu que dans le futur, nous élargissions d’avantage la base de l’actionnariat de la banque notamment à travers des rights issues. Ceci sera fait en fonction des projets d’expansion de nos activités localement aussi bien qu’à l’étranger.

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