Jean Michel Pitot, président de l’AHRIM : « la croissance des arrivées ne rime pas avec prospérité de l’hôtellerie »

La croissance des arrivées touristiques ne rime pas avec la prospérité de l’hôtellerie, explique le président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), Jean Michel Pitot, dans son journal de celle-ci, Check-in.

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« On croit, trop souvent, que la croissance des arrivées rime avec la prospérité de l’hôtellerie », observe Jean Michel Pitot. Et d’ajouter que « l’équation n’est pas si simple ». Alors que 80% des touristes disent aller à l’hôtel, explique-t-il, ce ne sont que 60 % des nuitées qui se traduisent en séjours hôteliers.

« Plus important, avec l’augmentation exponentielle, ces dernières années, de nos coûts d’opération, maintenir la qualité de nos offres, inévitable dans un contexte de concurrence, est un véritable tour de force », soutient-il.

Parmi les autres facteurs qui alourdissent les frais d’opération figure la masse salariale, qui se maintenait au-dessous de la barre des 22 ou 23% il y a dix ans et qui tourne ces jours-ci autour de 30% du chiffre d’affaires. De plus, les effectifs permanents ont augmenté de l’ordre de 20%. « À ces coûts salariaux de plus en plus lourds sont venus s’ajouter les frais de formation, de la sécurité, des baux. Et en face, des revenus fragiles : l’euro est passé de Rs 43,50 en 2007 à Rs 41,00 et pire, la livre sterling a perdu plus de 27%, passant de Rs 64,40 à Rs 46,70… Il est plus dur d’être hôtelier aujourd’hui qu’il ne l’était il y a dix ans. Mais aujourd’hui, comme hier, l’hôtelier se battra », insiste Jean Michel Pitot.

Le président de l’AHRIM reconnaît toutefois qu’il y a des signaux positifs dans le secteur hôtelier. Les arrivées touristiques ont augmenté de 3,4% depuis janvier. C’est certes en deçà des prévisions et les projections pour 2018 ont dû être revues à la baisse, mais les recettes affichent une belle croissance : à fin mai, l’ensemble de l’industrie touristique avait déjà engrangé plus de Rs 29 milliards, ce qui représente 15% de plus qu’à la même date en 2017. La moyenne des dépenses par touriste grimpe ainsi de 12%, atteignant Rs 52 000. C’est une bonne nouvelle pour la destination.

Toutefois les défis restent énormes. À l’augmentation des charges d’exploitation et le manque de main-d’œuvre, sont venus s’ajouter de nouveaux points de vigilance. « Les pressions qu’engendre Internet, en matière d’offres d’hébergement et de gestion de l’e-reputation, et la nécessité d’investir constamment pour adapter notre hôtellerie aux souhaits d’une clientèle plus diversifiée… Nous opérons en somme dans un environnement plus incertain et plus concurrentiel que jamais », explique-t-il.

Jean Michel Pitot insiste beaucoup sur le développement d’une synergie de toutes les instances qui travaillent de près ou de loin avec le service du tourisme. « Celles de l’État d’abord, qui pourrait prendre la forme d’une véritable direction nationale du tourisme intégrant les missions des ministères de l’Environnement, de la Culture, de l’aéroport, du port, des douanes, de la police, ou encore des collectivités locales… Mais une synergie aussi, cela va de soi, Etat-Privé. Comme l’a si justement rappelé mon prédécesseur, Jean-Louis Pismont, dans son discours de départ, le devoir de dialogue est le plus sûr moyen de faire avancer les dossiers d’intérêt national. Le dialogue avec le gouvernement est régulier et franc, et c’est tant mieux. Il doit être continu. C’est grâce à notre qualité de dialogue que nous nous sommes rejoints sur la question de la revalorisation de Mahébourg, que nous avancerons sur la question de la protection des eaux et de l’embellissement physique de l’île. Grâce au dialogue, nous espérons encore trouver des solutions sur le renouvellement de l’effectif hôtelier, les meilleures pratiques pour le déplacement des touristes dans l’île, l’aquaculture… Le devoir de s’asseoir ensemble est aussi le plus sûr moyen de lever les malentendus, de dissiper les fausses perceptions », conclut le président de l’AHRIM.

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