JO 2012 – SEBASTIAN COE: »L’héritage des JO sera fort et riche »

Mercredi 18 avril a donc marqué le cap des cent Jours avant les Jeux Olympiques de Londres. Derrière son allure de Pinocchio monté sur ressorts comme s’il était toujours en mouvement, Sebastian Coe, président du London Organising Committee of the Olympic and Paralympic Games (LOCOG), dégage une étonnante impression de calme à l’approche de l’événement.
« Ce qui rendra les Jeux de Londres uniques, je crois que ce sera Londres, son cosmopolitisme et sa créativité. Partout où je suis allé, il y a une envie extraordinaire de venir à Londres. Je pense également que l’héritage en termes de retombées sociales, d’infrastructures dans l’est de Londres sera très fort, très riche », déclare le patron du Locog au cours d’une interview réalisée conjointement par Radio France et Le Monde.
Avenant, chaleureux, volubile, le surintendant de « London 2012 » est un diplomate jusqu’au bout des ongles. Il se déclare « reconnaissant » à Nicolas Sarkozy de l’avoir décrit comme un « très bon leader » lorsque le président a indiqué que la France pourrait être candidate à l’organisation des JO d’été de 2024. « La France a un rôle historique très important dans le mouvement olympique et j’espère vraiment que Paris déposera une candidature », souligne le double champion olympique de 1 500 m en 1980 et 1984.
Selon lui, la bataille pour la 4e place au classement des médailles sera plus serrée que dans le passé. Si la Grande-Bretagne a des visées sur ce titre, « la France a probablement l’une des plus fortes équipes olympiques que j’ai vues depuis longtemps. Les performances en athlétisme parlent d’elles-mêmes. Personnellement, j’aimerais voir Mehdi Baala bien courir. Je suis un grand fan de Mehdi, j’apprécie ses courses même si c’est un athlète inégal. La France a aussi plusieurs jeunes sprinteurs qui percent. »
Le groupe le plus important
Sebastian Coe ne voit aucun inconvénient à ce que le Pas-de-Calais soit une base arrière des JO de Londres en proposant ses équipements pour l’entraînement des athlètes. « Quand vous organisez des Jeux en Europe, vous devez admettre que vous êtes sur un continent où les pays sont proches les uns des autres. On comprend que des équipes préfèrent se préparer dans des lieux où elles s’entraînent depuis des années ailleurs en Europe. C’est le caractère planétaire du sport », dit-il à propos de cette rivalité avec la nation hôte mise en exergue par les médias britanniques.
Quelle est la plus grande difficulté à laquelle l’artificier des JO a été confronté ? « Pour une ville, accueillir les Jeux olympiques est un formidable défi, inégalable. C’est dur de devoir organiser simultanément 26 championnats du monde, d’avoir seulement dix jours pour transformer Londres, ville olympique, en une ville paralympique et ensuite de faire la même chose dans les sports paralympiques. Qu’est-ce que j’ai le plus envie de pouvoir dire à la fin de ces Jeux ? Que j’ai réussi ma mission pour les athlètes. C’est le groupe le plus important ici », réplique le natif de l’ouest londonien.
Tant d’angélisme agacerait, si l’homme ne paraissait désarmant de franchise quand l’on chicane sur le coût jugé colossal des Jeux dans un royaume frappé par une austérité draconienne : « Je ne pense pas que ce soit un bon moment pour des Jeux très dispendieux, et d’ailleurs, ils ne sont pas coûteux. Le budget sera équilibré. Une majorité des compétitions se disputeront dans des installations qui existaient déjà. » Les trois quarts du budget public – 9,3 milliards de livres (11,2 milliards d’euros) ont servi à rénover l’est de Londres. En outre, il reste 500 millions de livres sterling (605,8 millions d’euros) dans les caisses, ce qui est plus qu’assez pour faire face aux imprévus, tel est son leitmotiv.
Tout en reconnaissant le défi de l’interaction entre la ville et les Jeux, Lord Coe écarte le scénario catastrophe d’une paralysie des transports brandi par ses détracteurs. « Quand on organise des Jeux dans une grande ville mondiale, il y a forcément des défis liés aux transports. Notre priorité est que les athlètes arrivent aux lieux de compétition à l’heure, qu’ils quittent le village dans les délais, qu’ils puissent planifier leurs journées en fonction de durées précises de trajets. Mais il est aussi important que la vie quotidienne des Londoniens soit la moins perturbée possible. »
Avec des yeux de sportif
Le poids de la sécurité ne risque-t-il pas d’être préjudiciable au côté festif des JO ? « Je ne veux pas que les gens qui viennent à Londres se retrouvent dans une ville en état de siège, assure-t-il. Il faut un bon équilibre. Nous ferons ce qu’il faut pour que la sécurité soit assurée mais, en même temps, les Jeux sont d’abord un événement sportif. »
Enfin, Lord Coe se porte en faux contre l’étiquette de « Jeux de riches » affublée par beaucoup à ce grand chantier. « On a oeuvré pour que les Jeux soient abordables, déclare-t-il. Les deux tiers des billets sont à 50 livres (60,5 euros) ou moins, soit autant que pour un match de foot ou une pièce de théâtre. « 
Le visiteur est frappé par la forme physique de « Seb » Coe, âgé de 55 ans. Avec les mêmes cheveux de jais, la stature à peine plus massive, le muscle bien entretenu, le président du Locog ressemble à la frêle star des pistes qu’il était à l’âge de vingt ans. Au détour de la conversation, l’intéressé confie que son expérience d’athlète de haut niveau a été « essentielle » dans l’exercice de sa mission : « Regarder le monde comme un athlète permet de voir juste dans plein de domaines. Se concentrer sur les athlètes est une très bonne chose, pas seulement au niveau émotionnel, mais aussi sur le plan de la rigueur intellectuelle. Il est important que dans cette organisation quelqu’un puisse observer constamment avec des yeux de sportif comment le projet est mené à son terme. »

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